Entre la condamnation de l’internaute ‘ Alexis ‘ la semaine dernière et les déclarations au
MidemNet sur des poursuites qui continueront en 2005, on constate que la lutte contre les échanges illégaux de fichiers n’est pas prête de quitter le terrain judiciaire. En France, la
Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) a déjà fait savoir qu’elle voulait franchir une étape supplémentaire dans son combat en automatisant la traque des fichiers piratés.Début janvier, elle évoquait les noms des sociétés AdVestigo et CoPeer Right Agency comme prestataires techniques pressentis. AdVestigo n’a encore rien signé, la demande de la
SCPP pour automatiser la collecte des adresses IP étant étudiée par la Cnil. Mais l’objectif des maisons de disques est clair : pouvoir envoyer en masse des messages d’avertissement aux internautes ainsi repérés.AdVestigo a été créée en octobre 2002 autour d’une technologie brevetée : la théraographie. Cela consiste à calculer une empreinte numérique propre à n’importe quel fichier, image, photo, film, musique ou texte.
‘ C’est une photo intelligente du document, mais ce n’est en aucun cas un marquage, explique le directeur général, Michel Roux. Cette empreinte résiste, jusqu’à une certaine limite, aux
transformations : compression, changement de couleur, extraction d’une partie. ‘ On peut, par exemple, identifier un titre inclus à l’intérieur d’un autre fichier ou encore une chanson malgré un souffle
important.AdVestigo a plusieurs manières de procéder. Soit elle récupère les documents originaux auprès du client, calcule l’empreinte, puis fait ensuite la comparaison avec les empreintes de fichiers trouvés sur Internet et susceptibles d’être
contrefaits. Soit elle délègue une licence de calcul au client avant de récupérer ensuite l’empreinte.C’est ce qui se passe notamment quand les autorités policières veulent pister des contenus pédophiles. Dans ces cas-là, AdVestigo n’a jamais, et pour cause, les photos originales à sa disposition. ‘ L’empreinte ne
permet pas de retrouver, précise encore Michel Roux, mais de comparer une fois qu’on a trouvé. ‘
Des avertissements avant les poursuites
Dans le cas précis de l’industrie du disque, il faut donc surveiller en même temps quels titres sont mis à disposition en peer-to-peer. Cela se fait par le biais d’un logiciel automatisé, paramétré selon le type de
client.La comparaison d’empreintes permet ensuite de vérifier s’il s’agit ou non de morceaux tirés de catalogues protégés par le droit d’auteur. La mission peut s’arrêter là. AdVestigo avait travaillé ainsi pour la Sacem. L’organisme avait
demandé une étude statistique sur les différentes plates-formes d’échanges de fichiers pour savoir lesquelles étaient les plus menaçantes.Pour la SCCP, la détection de fichiers protégés doit servir à envoyer des messages aux internautes ne respectant pas le droit d’auteur. Dans cette optique, les agents assermentés de l’industrie du disque auront à leur disposition un
espace sécurisé, hébergé sur les serveurs d’AdVestigo, où ils auront accès à toutes les données nécessaires : titres protégés identifiés par leur empreinte numérique, plate-forme de peer-to-peer sur laquelle ils ont été
trouvés, nom du FAI de l’internaute et adresse IP de ce même internaute. A partir de cet écran, il leur sera possible d’envoyer un message à l’internaute d’un simple clic.Sauf que le message va, en pratique, aboutir au FAI, qui le transmettra à son client. Au final, dans le processus, ni AdVestigo ni la SCPP n’auront eu les noms et coordonnées des internautes visés.Petite subtilité du dispositif, l’utilisateur peut paramétrer le tout de manière à ne trier que les ‘ FAI partenaires ‘. Autrement dit, les FAI signataires de la charte de juillet 2004 dans laquelle il
s’engagent à lutter contre la piraterie numérique.Dans un second temps, les informations récupérées avec le service d’AdVestigo peuvent servir d’éléments matériels à présenter à un juge dans le cas de poursuites judiciaires en bonne et due forme, l’industrie du disque ayant affirmé sa
volonté de les continuer cette année.
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