L’appel a été entendu. Lorsque le ministre de la Transformation numérique ukrainien Mykhail Fedorov demande des kits de connexion satellite Starlink le 26 février dernier, Elon Musk réagit aussitôt en envoyant des camions bourrés de terminaux. Il ouvre alors également le réseau gratuitement à tous les utilisateurs se trouvant dans le pays en guerre.
De nouvelles livraisons auraient lieu depuis à intervalle régulier, souvent saluées avec enthousiasme sur Twitter par Fedorov. Des pays limitrophes, comme la Pologne, envoient également des stocks de terminaux en Ukraine.
A new batch of Starlink stations! While Russia is blocking access to the Internet, Ukraine is becoming more open to the entire world. Ukraine is the truth. The truth always wins. Thank you, @elonmusk, the Government of Poland, and Orlen. pic.twitter.com/TP0kpn3rPS
— Mykhailo Fedorov (@FedorovMykhailo) March 18, 2022
Des milliers de kits utilisés
Actuellement, ce sont des milliers de kits qui seraient utilisés dans le pays, d’après le Washington Post. L’ONG française Télécoms Sans Frontières a également été contactée par la mairie d’Odessa pour équiper la ville en préparation de son siège par les Russes. Outre le gouvernement ou des autorités locales, des civils s’en servent pour travailler. Les militaires ne seraient pas en reste. Le Times a révélé que Starlink connectait les drones d’une unité d’élite chargée de détruire des tanks et des camions de l’armée russe.
Si la technologie satellite est ainsi plébiscitée, c’est pour répondre à trois cas de figure. Tout d’abord, il y a des sites attaqués où le réseau est perturbé ou interrompu. Pannes de courant, rupture de câble, destruction d’antennes mobiles peuvent affecter les réseaux fixes et mobiles.
Ensuite, il existe des zones blanches préexistantes à la guerre où la population réfugiée se retrouve parfois bloquée et coupée du monde extérieur.
Enfin, il y a le cas des personnes et entreprises qui se déplacent au gré des combats et qui veulent continuer à travailler où qu’elles soient. Le satellite représente alors un moyen rapide et efficace pour se connecter à Internet ou passer des appels.
Un équipement facile à installer
Mais pourquoi Starlink se retrouve-t-il soudainement en vedette quand d’autres services existent comme celui de l’Américain Viasat, même si ce dernier a été récemment piraté ? Il y a plusieurs raisons à cela. La principale, c’est sa simplicité d’utilisation.
« N’importe qui peut installer le kit qui se compose de deux pièces : une antenne avec un trépied et un boîtier routeur Wi-Fi. Il n’y a pas besoin de pointer vers les satellites », nous explique Clément Bruguera, le responsable IT et Urgences de Télécoms Sans Frontières.
Le recours à d’autres services nécessiterait de former les personnes qui réceptionnent et utilisent le matériel. Difficile à mettre en oeuvre dans le contexte d’une guerre où la ligne de front évolue chaque jour.
L’autre gros avantage, c’est que Starlink fournit des débits encore jamais vus jusque-là pour le satellite, du niveau d’une ligne en fibre optique. Certains Ukrainiens ont témoigné avoir dépassé les 100 Mbits/s.
Il y a aussi la latence qui est très faible pour un service satellitaire parce que la constellation évolue en orbite basse. Le matériel étant gratuit, ainsi que le service, cela incite d’autant plus les Ukrainiens à se rabattre sur Starlink.
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Des vulnérabilités ?
Il est enfin possible que ce réseau soit pour le moment moins vulnérable à des attaques, qu’elles soient matérielles ou logicielles. Tout simplement parce que le système est étroitement contrôlé par SpaceX qui n’a rien délégué à des partenaires : ni l’exploitation de l’infrastructure au sol, ni la distribution et la commercialisation.
Ajoutez à cela que l’ouverture du service est récente, cela laisse moins de temps à des hackers pour trouver des failles. Mais on ne peut pas exclure que les Russes puissent un jour endommager des satellites de SpaceX, brouiller les communications ou mettre hors service les box associées.
En attendant, ce que tout le monde redoute, c’est plutôt que des utilisateurs isolés soient facilement repérés par les Russes en émettant des signaux qui trahiraient leur présence. Ils prendraient alors le risque de se faire éliminer. D’où cette recommandation qui ne semble pas toujours suivie : les kits Starlink ne devraient être utilisés qu’en cas d’urgence et de façon brève. Il vaut mieux aussi se déplacer juste après ou placer l’antenne le plus loin possible de l’utilisateur. A moins de s’en servir au milieu d’une zone densément peuplée.
La qualité du service de Starlink semble optimale pour le moment comme l’a assuré Fedorov au Washington Post. Il faudra voir si cela dure à mesure que davantage d’utilisateurs se connectent.
Sources : The Washington Post, Times
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