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Comment les grands distributeurs américains menacent le succès d’Apple Pay

Près de trois semaines après son lancement aux Etats-Unis, le système de paiement d’Apple reste bloqué chez de nombreux distributeurs.

A peine lancé aux Etats-Unis, Apple Pay se retrouve déjà au centre d’un combat de titans. D’un côté, le groupe à la pomme qui tente d’imposer son système de paiement mobile. De l’autre, Wal-Mart et une quarantaine de grands distributeurs américains qui refusent de laisser leurs clients payer avec leur iPhone.

La raison: ils veulent imposer leur propre solution au détriment de celle offerte par Apple. Ces enseignes sont en effet réunies au sein du consortium MCX, qui travaille depuis plusieurs années déjà sur le paiement mobile. Leur application, baptisée CurrentC, est attendue l’année prochaine sur iOS et Android. Particularité: elle fonctionnera avec des QR code et non par NFC.

“Les distributeurs veulent profiter de l’arrivée de cette nouvelle manière de payer pour changer le modèle traditionnel”, explique Cherian Abraham, spécialiste du paiement mobile au sein du cabinet Experian. Ils souhaitent notamment ne plus payer les quelques 3% de commissions versés sur chaque transaction aux émetteurs de cartes de crédit. “Or, Apple Pay ne change rien au système actuel”. Au contraire, CurrentC leur permettra de court-circuiter Mastercard et Visa. L’enjeu est énorme: 50 milliards de dollars par an.

L’absence de grandes enseignes pénalise Apple

Apple se retrouve ainsi pris au piège d’une question qui le dépasse. Mais la firme de Cuppertino n’a cependant pas mis tous les atouts de son côté pour convaincre les commerçants. Elle a notamment décidé de ne leur communiquer aucune donnée sur ses utilisateurs. “Les distributeurs veulent savoir ce qu’achètent leurs clients pour leur proposer des offres personnalisées, indique Rakesh Agrawal, du cabinet reDesign Mobile. Avec Apple Pay, ils ne sont pas capables de le faire”.

Sur son site Internet, Apple revendique une cinquantaine de partenaires, dont McDonald’s et les grands magasins Macy’s et Bloomingdale’s. Mais l’absence de très grandes enseignes pourrait bien être préjudiciable à son service de paiement mobile. Pour Rakesh Agrawal, “Apple Pay aura beaucoup de mal à être une réussite sans ces grands acteurs”, qui représentent un part importante des achats réalisés par les consommateurs américains.

Surtout, ce conflit pourrait aussi retarder l’adoption du paiement mobile auprès du grand public. “Si Apple Pay n’est pas accepté dans de nombreux magasins, il est possible que ses utilisateurs renoncent ou oublient de l’utiliser dans les magasins qui l’accepte, estime Cherian Abraham. Plus de magasins accepteront Apple Pay et plus les habitudes changeront rapidement”.

Echec en vue ?

L’équation est délicate pour la société dirigée par Tim Cook. Si elle a besoin de leur soutien, elle ne dispose que de peu de moyen de pression sur les grandes enseignes. “Leurs clients ne vont pas aller faire leurs courses ailleurs simplement parce qu’ils refusent Apple Pay”, note l’expert.

Les responsables de MCX ont cependant entrouvert la porte en début de semaine, expliquant qu’ils pourraient reconsidérer leur position au cours des prochains mois. Une condition indispensable si le groupe à la pomme ne veut pas connaître le même échec que Google en matière de paiement mobile. “Ils me semblent mieux placés pour réussir”, assure pourtant Rakesh Agrawal.

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De notre correspondant à San Francisco Jérôme Marin