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Comment l’EAI simplifie la logistique des traders du Crédit Lyonnais

Facilitant les échanges applicatifs, la plate-forme d’intégration d’applications d’entreprise mise en place par la banque lui apporte souplesse et réactivité.

Peu à peu, le Crédit Lyonnais modernise ses systèmes d’information. En cette fin d’année, c’est la direction des marchés actions (DMA) qui aura mené à bien la première phase de sa rénovation. Une rénovation consistant à faire du neuf… avec du vieux, grâce à la mise en place d’une plate-forme d’intégration d’applications d’entreprise (Enterprise Application Integration ou EAI).Au sein de la direction des marchés de capitaux (DMC), la DMA constitue une ligne produits autonome. Elle gère, comme son nom l’indique, l’ensemble des opérations réalisées avec les marchés boursiers mondiaux pour son propre compte. Et ce en vue de créer des produits pour ses clients : achat et vente de titres, mais aussi constitution et gestion de produits à destination de la clientèle ?” simples, comme les warrants, ou complexes, comme les produits structurés. “Londres, Paris, New York, Hong Kong, Tokyo… J’apporte le support logistique à l’ensemble de nos traders en front office. Ce support inclut le middle office, le support informatique, le back office et le suivi d’activité.” Responsable de la direction des opérations actions au sein de la DMC, Dominique Loos pilote l’ensemble des moyens mis à la disposition de son client, le front office.

Trois fois moins cher qu’une refonte du système

Or, depuis 1998, la fièvre s’est emparée des marchés : en quatre ans, le nombre de transactions quotidiennes traitées par la DMA est ainsi passé de cinq cents à huit mille. Et si les capitaux échangés sont globalement moins importants aujourd’hui, le nombre de transactions continue de croître. Quant aux produits complexes, leur cycle de vie s’accélère. “En outre, la montée du courtage électronique a fait chuter le coût de la transaction et augmenter la pression sur les coûts de traitement”, constate Dominique Loos.La croissance des volumes et de la complexité des flux imposait donc une meilleure réactivité. D’autant que le dialogue avec les traders du front office devenait de plus en plus tendu… Pour traiter ces flux, la DMA s’appuyait sur un système d’information constitué de briques ajoutées et cimentées successivement dans le temps, et reliées entre elles par de nombreuses interfaces. A chaque nouveau type de transaction, une nouvelle application… Une plate-forme d’unification avait bien été développée, mais elle s’avérait beaucoup trop complexe : chaque évolution demandait environ six mois de développement !La DMA lance donc une étude en 2000, dont il ressort le choix suivant : soit procéder à la refonte complète de l’ensemble du système d’information ?” pour un coût global d’une douzaine de millions d’euros et un délai d’environ trois ans ?”, soit conserver l’ancien système et y ajouter une plate-forme d’EAI ?” pour un coût trois fois moindre et quelques mois de développement. Cette alternative, proposée par l’équipe d’Unilog Management, représentait, à l’époque, un certain risque, puisqu’il s’agissait d’utiliser une technologie nouvelle. C’est pourtant cette dernière solution qui est choisie. Notamment parce que “l’EAI est le bon support technique pour faire communiquer l’ensemble des applicatifs dans le cadre de la gestion de processus”, considère Dominique Loos.

La gestion de processus au c?”ur du système d’information

En effet, la DMC conduit, dans le même temps, une large opération de réorganisation. Cette dernière consiste à aligner les ressources en fonction des résultats attendus par le front office. L’ensemble des fonctions de support est ainsi rassemblé par lignes de produits orientées vers le “client” qu’est le front office. Cette démarche permet de déployer une logique processus axée sur le résultat.Les processus ainsi définis constituent alors le socle de l’automatisation des traitements. “Nous avons eu la chance que les projets informatique et organisation soient menés dans le même temps. A partir du changement d’organisation par processus, nous avons réussi à organiser tout le travail autour du cycle de vie d’une opération”, explique le directeur des opérations. Jusque-là, en effet, le traitement d’une transaction opérée par un trader incluait plusieurs interventions manuelles. Outre l’impossibilité de traiter les volumes croissants, les erreurs étaient, bien entendu, de plus en plus nombreuses ?” et coûteuses.

Des gains y compris dans la qualité des métiers

“Depuis l’ordre saisi par le trader jusqu’à l’ensemble des traitements qu’il doit déclencher, nous avons automatisé l’ensemble du processus”, se félicite Dominique Loos. Principale nouveauté du système : c’est le trader qui saisit lui-même son ordre. Un changement profond dans les m?”urs. Une fois celui-ci accepté, il ne présente que des avantages : c’est celui qui négocie l’ordre qui l’enregistre dans le système d’information. Ensuite, l’EAI distribue l’ordre dans le système en fonction de ses caractéristiques et conséquences. Au bout du compte, les traitements en erreur ressortent et apparaissent automatiquement en temps réel sur les postes des utilisateurs du back office, qui mettent en ?”uvre les solutions appropriées. Les gains sont donc indéniables. Non seulement en termes d’économies, mais aussi dans la qualité des métiers, désormais exercés par les différents intervenants. “La partie gestion du risque n’était pas incluse a priori. Mais, finalement, le projet va nous aider à l’améliorer”, indique Dominique Loos. L’étape suivante du projet consistera à modéliser, puis à implémenter les processus décrivant les flux remontant du back office vers le front office ?” le chemin inverse permettant de présenter aux traders les tableaux de bord issus de leurs activités.Quant à la technologie de l’EAI, elle fait ainsi une entrée relativement discrète dans la grande banque. Certains considèrent, toutefois, que la réussite de ce projet pourrait en faire un pilote pour l’ensemble de l’établissement. Eventuellement un énorme chantier en vue !

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Corinne Zerbib