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Comment le photovoltaïque a pris de l’ampleur au coeur de la stratégie verte de Huawei

Le président de Huawei France parle pour la première fois de son activité photovoltaïque dans un média français. Il nous a aussi dévoilé la façon dont son groupe compte réduire son empreinte carbone. 

C’est une facette de Huawei que l’on connaît peu. Le groupe chinois commercialise des solutions photovoltaïques intelligentes pour les entreprises comme pour les particuliers. Dans le jargon de ce marché, on appelle cela du Smart PV. Ces solutions sont déjà présentes dans 60 pays, dont la France. Mais c’est un sujet sur lequel Huawei était resté jusque-là discret dans notre pays. Le président de Huawei France, Shi Weiliang, a accepté d’en parler pour la première fois avec un média français.

Shi Weiliang, le directeur général de Huawei France.
Huawei – Shi Weiliang, le directeur général de Huawei France.

Des solutions intelligentes et distribuées

« Nous travaillons sur des solutions photovoltaïques intelligentes et distribuées. Nous pensons qu’il y a un nouveau modèle économique à développer avec des petites entreprises et des particuliers qui produiraient leur propre énergie et revendraient le surplus. Des résidences à Nice pourraient, par exemple, envoyer l’électricité produite à Paris où il y a moins de soleil », nous explique le dirigeant. 

Présent en Afrique depuis la fin des années 1990, Huawei s’est très vite intéressé à l’énergie solaire pour pallier ses problèmes d’approvisionnement en électricité. En 2013, il a créé une branche dédiée baptisée Huawei Solar.
Mais depuis, la donne a changé. La planète est confrontée au réchauffement climatique : l’urgence est à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parce que c’est une énergie renouvelable et faiblement carbonée, la demande pour le photovoltaïque croît partout dans le monde. 

« Le photovoltaïque est une activité complémentaire que nous avons d’abord développé pour alimenter nos antennes télécoms, mais qui peut aujourd’hui servir à accélérer la transition énergétique », confirme Shi Weiliang.

Priorité aux onduleurs et au stockage

Huawei n’est pas arrivé le premier sur ce marché, mais a une vision très précise de sa stratégie. Il ne compte ainsi pas fabriquer des panneaux solaires. Il se focalise sur les onduleurs, cet équipement électronique essentiel qui convertit le courant électrique continu produit par les panneaux solaires en courant alternatif. Ce ne sont pas des onduleurs traditionnels mais numériques : ils sont connectés ensemble, de manière à faciliter leur maintenance qui se fait de façon centralisée. Les données générées sont envoyées par CPL, le courant porteur en ligne. 

Huawei concentre aussi sa recherche et développement à améliorer les systèmes de management de batteries pour mieux stocker l’énergie produite quand il n’y a pas de soleil.

Le géant des télécoms compte utiliser lui-même de plus en plus d’énergie solaire. Il ne s’agit pas seulement d’équiper ses campus mais aussi d’encourager ses partenaires à y recourir.
Il a même dévoilé une solution réseau télécom “zéro carbone” lors de la MWC de Shanghai en février dernier. Il s’agit de sites mobiles simplifiés pour les opérateurs qui peuvent être alimentés par des énergies renouvelables.

Huawei
AFP – DANIEL LEAL-OLIVAS

Huawei fait-il sa révolution verte ?

Jusqu’en 2017, Huawei apparaissait plutôt mal noté dans le guide de Greenpeace sur les acteurs de l’électronique. L’organisation lui adressait toute une liste de reproches.

« Huawei s’est fixé des objectifs de réduction carbone pour ses propres opérations mais ses émissions réelles continuent d’augmenter de près de 25 % par an, il ne s’est pas engagé à 100 % en faveur des énergies renouvelables et n’a pas partagé de stratégie globale pour atténuer ses émissions carbone le long de toute sa chaîne d’approvisionnement », pouvait-on lire.

Greenpeace attendait alors beaucoup de cet acteur majeur au niveau international et sur le marché chinois pour entraîner tout l’écosystème derrière lui. Alors, quatre ans après, Huawei est-il enfin en train de faire sa révolution verte ?

Avec un retard certain à l’allumage par rapport à ses concurrents comme Ericsson et Nokia et aux autres grandes entreprises technologiques, il commence en tous cas à poser les jalons d’une politique environnementale plus ambitieuse.
Pour le moment, il n’a pas annoncé la date à laquelle il compte atteindre la neutralité carbone. Mais il promet de la communiquer sous peu.

« Nous sommes en train d’établir des objectifs qui seront bientôt publiés. Nous travaillons depuis un an dessus. L’important, c’est que cela soit réalisable. Et que tous les acteurs de la chaîne s’alignent sur la même période, pas seulement notre société », nous déclare Shi Weiliang.

La société a tout de même précisé l’année dernière dans son rapport sur le développement durable qu’elle avait réduit de 30% ses émissions de gaz à effet de serre entre 2012 et 2019 pour ce qui est de ses émissions directes et de celles qui sont associées à la consommation d’électricité et de chaleur (scope 1 et 2). Une réduction supplémentaire de 16% sur ce périmètre est prévue d’ici 2025.

Une employée de Huawei inspectant une antenne.
Huawei – Une employée de Huawei inspectant une antenne.

L’efficience énergétique avant tout

En attendant, Huawei publie aujourd’hui une liste des technologies dans lesquelles il compte investir prioritairement pour réduire son empreinte carbone.
Outre les énergies renouvelables (solaire et éolien), il s’agit principalement de réduire la facture énergétique de ses activités et de ses produits. Il a notamment lancé un programme pour rendre ses data centers plus efficients. Mais il évoque peu ses actions pour réduire l’impact de la fabrication du matériel. C’est probablement sur ce versant qu’il devra faire preuve de davantage de transparence et d’efforts.

Concernant l’approvisionnement en métaux, Huawei rappelle malgré tout qu’il est membre du Pacte mondial des Nations unies, de la Global e-Sustainability Initiative (GeSI) et de la RBA (Responsible Business Alliance, anciennement EICC), ainsi que de la RMI (Responsible Mineral Initiative).
La société affirme aussi avoir repris à son compte l’adage des 3R : réduire, réutiliser, recycler. Le taux de recyclage de ses équipements serait de 93% et celui des smartphones de 94%. Avec de plus en plus de composants récupérés pour être réutilisés ailleurs.

Par ailleurs, Shi Weiliang fait observer qu’en tant qu’équipementier télécom, Huawei a lancé dès la 3G le SingleRan, une technologie d’accès radio qui permet de partager le hardware d’une station de base avec plusieurs générations de téléphonie mobile. Ce qui permet d’éviter de changer la plate-forme à chaque nouveau standard.

Des antennes 5G
Bouygues Telecom – Des antennes 5G

Le numérique comme solution pour la planète

D’un point de vue sociétal, le géant chinois se tient à bonne distance des débats qui agitent la France sur le numérique et l’environnement. Pas question d’intervenir sur l’idée d’un plafond numérique comme le propose le député François Ruffin, ou celle d’une interdiction sur les forfaits mobiles avec data illimitée.

« Limiter ou non la consommation de la data, ce n’est pas de notre responsabilité. Notre travail, c’est de faire en sorte que chaque gigaoctet de data consommé utilise le moins d’électricité possible, que l’efficacité énergétique soit la meilleure possible », souligne Shi Weiliang.

Il ne compte pas non plus remettre en cause le cycle de renouvellement des technologies. 

« Le problème, ce n’est pas de renouveler les standards de téléphonie mobile tous les dix ans mais de tout maintenir : 2G, 3G, 4G et 5G. Ça consomme beaucoup d’énergie », affirme le dirigeant.

Huawei rejoint ainsi le discours de tous les acteurs de la Tech et même celui du gouvernement français. Comme eux, il croit aussi dur comme fer que c’est grâce au numérique et aux nouvelles technologies que l’on parviendra à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Sources : communiqué de presse de Huawei sur l’approvisionnement en métaux, son rapport sur le développement durable 2019, le Guide de l’électronique 2017 de Greenpeace,

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Amélie CHARNAY