Poussiéreux et ringard, c’est l’image du Minitel aujourd’hui. Pourtant, il est à l’origine de beaucoup d’innovations techniques utilisées encore actuellement. C’est au cœur de Rennes, au CCETT (Centre commun d’études de télévision et télécommunications, aujourd’hui c’est l’Orange Labs) que l’aventure du Minitel a commencé il y a quarante ans. Un anniversaire que le groupe Orange n’a pas l’air de vouloir fêter à la veille de la fermeture du service. Alors, ce sont d’anciens cadres dirigeants de France Telecom, regroupés au sein de l’association Armorhistel, qui ont pris l’initiative de monter une exposition au Musée des transmissions de Cesson Sévigné. Parmi eux, Bernard Marti.
Comment s’inspirer des Anglais
En 1972, ce Polytechnicien n’a pas 30 ans lorsqu’il est appelé à Rennes pour diriger un laboratoire sur les nouveaux services audiovisuels. L’une de ses premières missions est d’adapter le télétexte mis au point par la BBC. C’est un système de texte qui défile sur la télévision. L’idée des Français, c’est de faire transiter ces données textuelles sur le réseau téléphonique. Le nom de Minitel va finir par désigner à la fois le terminal et le service de télécommunications (le Télétel). Les composants électroniques, le tube cathodique et le modem sont réunis dans un seul boîtier.
Comme la presse écrite redoute la concurrence de ce nouveau média, l’Etat opte d’abord pour un annuaire électronique. Après plusieurs années d’expérimentations, le Minitel est enfin lancé en 1982 pour donner redynamiser l’industrie du téléphone. Il est distribué gratuitement aux Français et son succès est immédiat.
Pour améliorer les services et le matériel, il faut innover. A commencer par l’architecture réseau. On part du terminal, on passe par le réseau téléphonique commuté qui sert de réseau d’accès, on arrive ensuite sur l’interface de réseau et de service, puis sur le réseau de transports transpack auquel sont connectés les serveurs. Une architecture proche de celle d’Internet aujourd’hui.
Le Minitel était conçu pour durer dix ans
Mais ce n’est pas tout. Les ingénieurs cherchent aussi à améliorer la qualité graphique de l’information. Ils veulent compresser les photos sans perdre en qualité et vont ainsi contribuer à la naissance du futur format JPEG qui sera normalisé par le comité Joint Photographic Experts Group.
Jusqu’à 80 personnes travaillent dans le laboratoire de Bernard Marti. Ils vont plancher sur toute une série de nouvelles technologies qui vont accompagner le minitel : de la prise péritel au calcul d’itinéraires routiers qui deviendra Mappy. Bernard Marti est fier du travail accompli collectivement. Mais il ne peut s’empêcher de s’étonner que le Minitel fonctionne encore aujourd’hui, alors que la durée de vie des machines ne devait pas excéder dix ans.
Le 30 juin, Orange fermera le réseau Télétel. Et mettra un terme à une aventure technologique spécifiquement française.
Retrouvez tous nos articles sur la fin du Minitel.
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