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Comment le coronavirus a poussé cette start-up française à réinventer le QR code

Déployer des technologies sans contact, ce n’est pas pas tout à fait le crédo de la société Skiply, spécialisée dans les objets connectés. Mais la pandémie a tout chamboulé.

« Êtes vous satisfait du service ? » La start-up française Skiply est connue pour ses bornes de sondage disséminées dans les magasins. Mais avec l’apparition du Covid-19, des gestes barrières et des masques, elles sont les premières à disparaître des rayons. Fatalement, l’activité de l’entreprise savoyarde baisse. « Il nous fallait compenser », se souvient son co-fondateur Jérôme Chambard. 

Vingt-six ans plus tard : l’Ubiqod

Avec son associé Sébastien Moulis, ils se creusent la tête : quels appareils ne nécessitent aucun contact ? Effet collatéral de la pandémie, le QR code est de nouveau tendance. Jusqu’à présent, le code-barre d’origine japonaise né en 1994 était resté « plutôt confidentiel en France », analyse l’entrepreneur qui a monté Skiply il y a cinq ans. Permettant d’accéder à une information sans rien toucher, cette techno a été redécouverte par les professionnels, notamment par les restaurateurs. 

Skiply – Sébastien Moulis et Jerôme Chambard, les deux fondateurs de Skiply.

Mais, « dans un QR-code rien n’est protégé », explique toujours Jérôme Chambard. Alors, même si les informations partagées dans les menus ne semblent pas être de nature sensible, l’équipe de Skiply sent qu’il y a une piste à explorer.
Au lieu d’une feuille de papier, d’une affiche ou de quelconque autre support matériel, ils créent un boîtier générateur de QR code à la fréquence de votre choix : Ubiqod.
La promesse ? Qu’il soit impossible à hacker ou même à contourner. Pour Jérôme Chambard, Ubiqod compense « une vraie faiblesse » du QR code classique.

Montrer patte blanche

« Il y a des entreprises de gardiennage ou de livraison qui utilisaient déjà le QR code comme preuve de présence, mais leurs systèmes étaient court-circuités car certains de leurs employés le prenaient en photo », raconte l’ingénieur. « Maintenant, grâce à notre QR code dynamique, le boîtier est statique, mais les pixels se rafraîchissent sans cesse. »
Gage de sécurité, les deux fondateurs de Skiply y voient d’autres champs d’application : le passage d’un coursier dans une copropriété, celui de certains techniciens d’entretien ou encore la commande à table – on y revient. 

Breveté au début de l’été 2020, la technologie est encore en phase de pré-série, c’est-à-dire en cours d’expérimentation sur des machines industrielles en collaboration avec de fidèles clients.
Un prototype est attendu d’ici 2021. La techno devrait être montrée au grand public dans un an. Basé sur le réseau Sigfox-Lowara (une garantie supplémentaire de sécurité), l’Ubiqod a une autonomie de trois ans. Fabriquer des « objets connectés sans Internet », Skiply en a fait sa marque de fabrique.

Aujourd’hui, le sans-contact semble être devenu la nouvelle manne de la start-up. En collaboration avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble, les équipes de Skiply travaillent actuellement sur un autre boîtier, capable, lui, d’évaluer une expérience client par un simple geste.
Si la techno demeure encore secrète, l’ambition est affichée. « Demain, on pourra tout noter, n’importe où, sans rien toucher et en toute discrétion. Un peu comme pour l’ange gardien dans Upload, la série d’Amazon Prime ! », se réjouit Jerôme Chambard. 

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Marion SIMON-RAINAUD