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Comment la nouvelle Freebox pourrait apporter le Très Haut Débit aux Français

Répondre aux besoins croissants en connectivité des Français quel que soit leur lieu d’habitation, c’est l’un des objectifs de Xavier Niel. La sortie de sa nouvelle box pourrait constituer une partie de la solution.

Plus puissante, rapide et orientée domotique… les rumeurs qui précédent la nouvelle Freebox sont nombreuses. Une autre hypothèse voudrait que l’un des boîtiers, probablement celui qui sera positionné en entrée de gamme et qui s’appellerait la Freebox One, soit orienté Très Haut Débit. L’idée étant de viser aussi les zones rurales.
Il est vrai que Xavier Niel a fait quelques déclarations en ce sens ces derniers mois. « Le déploiement du Très Haut Débit partout est absolument nécessaire pour qu’à la fin, on soit à même de trouver l’ensemble des services disponibles dans tous les foyers et que les gens où qu’ils soient se retrouvent sur un pied d’égalité avec ceux habitant les grandes villes », a ainsi déclaré le fondateur au micro de TV Vendée à la rentrée. Passons en revue quelques scénarios possibles.

Commercialiser une box fibre dans les zones rurales

Free se targue d’avoir recruté plus de 100 000 nouveaux abonnés à la fibre optique, ce qui porte à 835 000 le nombre de ses clients FttH au 30 septembre 2018. Mais le nombre de foyers éligibles est évidemment bien plus important, il s’élève à 8,4 millions et pas uniquement dans les grands centres urbains.
Dans les zones moyennement denses d’investissement privé, Free cofinance comme Bouygues Telecom les réseaux déployés par Orange. Et dans les RIP, des accords avec Axione (décembre 2017) et Altitude Infrastructure (juin 2018) ou encore le RIP Vendée Numérique (octobre 2018) ont été conclus, permettant à Free d’être présent dans les campagnes. Tous les effets de ces partenariats ne se sont pas encore traduits en chiffres. « Il faut compter environ six mois entre la signature et la commercialisation, le temps d’installer les équipements et d’activer le réseau », nous avait précisé un porte-parole d’Altitude Infrastructure en septembre dernier.

L’objectif affiché par Free est d’atteindre un million d’abonnés FttH début 2019 et 9 millions de lignes raccordables d’ici la fin de l’année 2018. Mais ce dernier chiffre ne voudrait pas dire grand-chose pour Ariel Turpin, le délégué général de l’AVICCA (Associations des Villes et Collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel). « Les opérateurs nationaux se hâtent lentement de commercialiser leurs offres dans les RIP malgré leurs accords », souligne-t-il.
Certains grands acteurs feraient clairement le tri dans les communes, n’assurant une présence commerciale que dans une poignée de ville incontournables. Et cela aurait un effet totalement contre-productif sur l’adoption de la fibre optique. « Cette attitude retarde considérablement la pénétration du FttH car les habitants hésitent à devenir clients d’un opérateur alternatif moins connu et restent figés dans l’attentisme, espérant voir arriver un OCEN [un opérateur commercial d’envergure nationale] », nous explique encore Ariel Turpin.

Free va-t-il mettre les bouchées doubles et faire un effort pour commercialiser son nouveau boîtier dans un maximum de communes en zone moyennement dense ? On attend un signe dans ce sens lors de la présentation de la nouvelle Freebox. Mais cela ne suffira pas à toucher un maximum de Français.

Le xDSL limité dans ses évolutions en France

La solution ne viendra pas non plus de l’ADSL et de ses évolutions comme le VDSL2, même si Free en a été l’un des fers de lance. Car cette technologie nécessite d’habiter près du répartiteur téléphonique pour profiter à plein d’un bon débit et cela exclut d’emblée quantité d’utilisateurs. Rappelons en effet que les débits diminuent en fonction de la distance entre l’abonné et le Nœud de Raccordement (NRA).

Enfin, les standards les plus récents qui ont suivi comme le G.fast, utilisé en Autriche, en Angleterre ou au Japon, et qui permettent de doper encore le débit ne peuvent être déployés en France car ils nécessitent de recourir au vectoring. « C’est une technique qui permet d’éliminer les interférences faisant obstacle aux performances », nous avait expliqué l’expert xDSL de chez Nokia, Paul Spruyt, l’année dernière, au moment où des rumeurs faisaient état d’une Freebox prenant en charge la norme G.fast. « Cela nécessite que toutes les lignes soient connectées au même DPU [Distribution Point Units : un micro-DSLAM] et traitées par un seul opérateur », avait-il précisé. Incompatible avec le dégroupage donc, ce qui explique que l’Arcep ait rejeté cette solution.

Une box triple play et hybride ADSL/4G ?

Ce qui aurait été vraiment révolutionnaire, c’est une box apportant un accès à Internet fixe grâce à la 5G comme l’opérateur américain Verizon est en train de le faire aux Etats-Unis. Mais il est encore trop tôt en France. Les fréquences n’ont pas été attribuées, les réseaux ne sont pas déployés et Free semble le moins avancé des opérateurs sur le sujet.

Reste l’hypothèse plus probable d’une box 4G. Une rumeur apparue au mois d’août dernier faisait état d’une Freebox Android TV équipée d’un processeur Qualcomm Snapdragon 835, une puce conçue à la base pour des smartphones haut de gamme et qui permet de se connecter au réseau 4G. Depuis, un ingénieur télécom affirme sur Twitter avoir découvert l’existence de différents modules accompagnant la Freebox d’entrée de gamme. L’un d’entre eux permettrait notamment de se connecter à la fois à la 4G et à l’ADSL. Ce qui viendrait donc confirmer notre scénario.

Free est le seul des quatre gros opérateurs français à ne pas avoir encore sorti de box 4G. Il se distinguerait de deux manières. D’abord en proposant une box hybride ADSL/4G, ce qui n’a jamais été fait en France. Cette technologie est déjà utilisée aux Pays-Bas et en Allemagne dans des zones peu denses qui souffrent d’un faible débit ADSL et qui ne sont pas prêtes à être fibrées. A condition de bénéficier d’une bonne couverture 4G. Contrairement aux simples box 4G, elle permet de s’appuyer quand même sur de l’ADSL pour épargner de la data et cumuler du débit.

Ensuite, Free pourrait offrir du triple play en 4G, alors que Bouygues Telecom, Orange et SFR se sont focalisés uniquement sur l’accès à Internet avec un simple routeur. SFR vient justement de commercialiser une nouvelle box 4G+ dual play avec accès Internet et téléphone. Free réaliserait un pas de plus avec le triple play.

Technicolor avait tenté d’intégrer un modem LTE et un processeur Qualcomm dans une box TV en 2013, en l’occurrence le Snapdragon 600. Mais le boîtier n’avait pas trouvé preneur à l’époque. Il faut dire que les réseaux 4G n’étaient pas encore déployés comme ils le sont maintenant. Or, aujourd’hui, Free couvre 92% de la population française en 4G. Le mystère devrait être levé avant la fin de l’année, puisque le PDG d’Illiad, Thomas Reynaud, a promis que la Freebox sera bien sous le sapin.

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Amélie Charnay