Petit matin à la frontière entre Versailles et Viroflay en région parisienne. D’énormes bobines de fibre optique posées à même les trottoirs attendent d’être déployées sous terre. La première étape pour raccorder les habitants du quartier à la fibre et les faire ainsi bénéficier du très haut débit avec une vitesse de connexion d’au moins 100 Mbit/s. Mais le chemin est long avant de pouvoir finaliser l’opération. Un parcours que nous avons scruté à la loupe en suivant les équipes d’Orange.
La fibre de bout en bout est la plus longue à installer
La fibre optique est un fil en verre aussi fin qu’un cheveu capable de passer des informations à la vitesse de la lumière. Il en existe plusieurs technologies. La plus performante est celle dite du FttH (Fiber to the Home) ou fibre de bout en bout. Elle est plus chère et complexe à mettre en œuvre que les autres car elle nécessite de déployer la fibre jusqu’à l’abonné.
C’est également la plus pérenne parce qu’elle est évolutive. Elle va pouvoir supporter à l’avenir d’autres standards qui permettront d’atteindre des débits encore plus élevés. « Ce nouveau réseau que nous construisons, c’est celui des cinquante prochaines années », nous annonce d’emblée avec fierté Jean-Bernard Dognon, directeur fibre d’Orange dans les Yvelines et le Val d’Oise. Ce qui explique la minutie avec laquelle les équipes techniques opèrent sur le terrain.
Le chemin de la fibre
Du NRO partent donc les milliers de câbles en direction des domiciles des abonnés. Mais avant de parvenir jusqu’à eux, il y a encore plusieurs étapes comme on peut le voir dans le dessin ci-dessous. Avant le NRO, en rouge, c’est le réseau de collecte de l’opérateur. La première partie du réseau d’accès, en violet, est appelée « transport » et va du NRO jusqu’au SRO (sous-répartiteur optique). La seconde, en bleue, est nommée « distribution » et va du SRO au PTO (Point de Terminaison Optique, situé chez l’abonné). En chemin, le fibre transite par le PBO (Point de Branchement Optique), généralement placé sur le palier ou à proximité de la maison.
Du NRO au SRO, il faut faire passer des câbles par les infrastructures de génies civiles existantes souterraines, c’est-à-dire les fourreaux du réseau en cuivre des lignes téléphonique installés dans les années 70.
Avec une chambre à ouvrir tous les 1 à 2 kilomètres et nécessitant des points de soudure de la fibre.
On aboutit ainsi petit à petit au sous-répartiteur optique appelé aussi armoire de mutualisation ou point de mutualisation de zone (PMZ).
Plus loin, un point de branchement optique (PBO) est installé au plus près des habitations dans la colonne montante de l’immeuble, en aérien sur un poteau, ou en façade.
Dans le cas d’un immeuble, il ne reste alors plus qu’à remonter jusqu’à l’abonné. « On passe la fibre dans les différents étages et on va installer un petit boîtier de terminaison optique qui permet de desservir entre cinq et six appartements », détaille Jean-Bernard Dognon.
Il faut encore tirer la fibre jusqu’au domicile de chaque abonné et lui installer une prise fibre optique sur laquelle sera branchée la box. Enfin, ce réseau local doit être raccordé au point de branchement dans la rue, si cela n’a pas été fait en amont…
De mauvaises surprises et des délais incompressibles
En apparence, déployer la fibre paraît donc facile mais la procédure peut s’allonger pour différents motifs. Cela peut être dû en premier lieu à l’état des fourreaux et des canalisations. « Il y a des mauvaises surprises. Sur la voie publique, on s’aperçoit de temps en temps qu’il faut réaliser des travaux d’ingénierie. Même chose dans les copropriétés où les parties communes nécessitent quelquefois des aménagements », souligne Jean-Bernard Dognon. Rien que dans les copropriétés, les travaux peuvent durer une à deux semaines, suivant le nombre d’étages et de bâtiments. Et en bout de course, il faudra de toutes façons prendre rendez-vous avec l’abonné et pénétrer dans son domicile pour activer sa ligne.
Mais il existe aussi de nombreux délais administratifs. Dans les immeubles, les réseaux sont mutualisés pour assurer le principe de libre concurrence. Un gel commercial de trois mois est imposé par l’Arcep pour laisser le temps à n’importe quel opérateur de raccorder son réseau au sous-répartiteur déjà fibré. Sans compter des délais administratifs permettant notamment au syndic de copropriété de se rétracter après avoir signé une convention avec un opérateur d’immeuble.
Au 30 juin 2017, l’Arcep comptabilisait presque neuf millions de logements éligibles au FttH dont 2,6 millions d’abonnements effectifs. Il reste encore environ 30 millions de foyers et locaux français à fibrer d’ici 2022.
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