Les voitures sont de plus en plus des ordinateurs roulants, et la pandémie a mis cet état de fait en lumière. L’explosion de la demande de puces dans tous les secteurs, qui a conduit, notamment, à des pénuries de processeurs et cartes graphiques pour PC et consoles, touche de plein fouet l’industrie automobile.
Bardées de capteurs et de systèmes informatisés, les voitures sont de plus en plus dépendantes de composants électroniques. Elles sont logiquement soumises aux mêmes besoins et contraintes que nos smartphones et ordinateurs : il faut des puces plus petites, plus puissantes et moins énergivores. Le hic étant qu’il n’y a que deux fondeurs qui soient à la pointe de la technologie, le Taïwanais TSMC et le Coréen Samsung.
Dans une lettre à son homologue taïwanais Wang Mei-hua (王美花), le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, lui demandait mercredi dernier d’envoyer un message à destination de TSMC. Dans le but de maintenir à flot l’industrie automobile allemande, l’un des fleurons industriels du pays avec des groupes comme VW, BMW ou Mercedes.
Nos amis allemands ne sont pas les seuls à appeler à la rescousse, les entreprises automobiles américaines, japonaises, et d’autres constructeurs européens auraient fait de même.
Un appel passé auprès de TSMC et de Samsung, qui prévient aujourd’hui que l’explosion de la demande de puces automobiles, qui vont être traitées « en priorité » pourrait avoir un impact négatif sur les livraisons de smartphones, tablettes et autres ordinateurs.
Sans même parler des cartes graphiques et des consoles : les RTX 3000 produites par Samsung comme les consoles Microsoft et Sony produites par TSMC arrivent au compte-goutte. La priorité donnée à l’auto ne va pas arranger les choses.
Si TSMC a annoncé que « bien que ses capacités (de production, ndr) soient utilisées à leur maximum il réalloue ses capacités de production de wafers pour soutenir l’industrie automobile mondiale », il est probable que la pénurie dure au moins la première moitié de l’année.
TSMC ne reste pas les bras croisés. Fort de ses succès, il produit des puces pour Apple, AMD, Qualcomm, MediaTek pour ne citer que les plus gros des centaines de clients de l’entreprise, le géant taïwanais a prévu d’investir 28 milliards de dollars dans son outil de production rien que pour l’année en cours !
Samsung, dont le plan de développement est plus modeste, mais tourne déjà autour des 10-12 milliards de dollars, étudierait une rallonge d’investissement. Un supplément qui lui coûterait cher dans un premier temps – le won est fort en ce moment – mais qui pourrait être rapidement amorti tant la demande est importante.
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L’état actuel de la pénurie de semi-conducteurs met en lumière la dépendance de nombreuses industries mondiales à deux constructeurs majeurs. Sachant que derrière ces deux géants, se cache, dans l’ombre, un seul fournisseur de machines. Le néerlandais ASML est le seul fabricant au monde de machines EUV de dernière génération, capables de graver des circuits en dessous de 7 nm. Or, cette société les produit au compte-goutte : de 35 machines en 2020, le champion européen pourrait livrer jusqu’à 50 machines cette année. Tout juste de quoi éponger une partie de la demande…
Sources : Ars Technica, Reuters
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