Intel était déjà un important équipementier fournissant des processeurs dans les cœurs de réseau d’opérateurs comme Orange, T-Mobile, AT&T, Telefonica ou China Mobile. Avec la 5G, il tente de monter encore en puissance et même de s’imposer pour la première fois jusque dans les stations de base. Il a dévoilé hier un nouveau portfolio 5G. Sa stratégie consiste à accompagner les opérateurs dans deux mouvements de fond liés au nouveau standard : la virtualisation des réseaux et le mobile edge computing.
Les réseaux du futur seront reconfigurables à l’envi
Avec son processeur Xeon Scalable de deuxième génération et son intelligence artificielle intégrée, Intel cible les opérateurs qui veulent virtualiser leur réseau. En quoi cela consiste-t-il ?
Dans un réseau classique, tout est assez rigide. Chaque équipement est dédié à une fonctionnalité réseau et configuré individuellement avec sa propre intelligence pour acheminer le trafic. La virtualisation des réseaux bouscule totalement cette architecture. Deux principes clefs sont à l’oeuvre.
Commençons par le NFV (Network Functions Virtualization/Virtualisation des fonctions réseau) qui s’affranchit des contraintes matérielles et ne lie plus une fonctionnalité réseau à un équipement hardware spécialisé. Tous les serveurs deviennent banalisés, pouvant faire tourner n’importe quelle application. En plus de cela, le SDN (Software Defined Network/Réseau défini par logiciel) va permettre de configurer les équipements avec une même solution logicielle centralisée. Cette sorte de grosse console de contrôle permet d’automatiser les fonctions réseau et les services.
En résumé, avec le NFV et le SDN, le réseau devient d’une souplesse extrême, programmable et reconfigurable à l’envi. Il peut être adapté en temps réel, opéré à distance et automatisé. On vous laisse imaginer les gains en matière de coûts et de réactivité, mais aussi les questions de sécurité que pose une solution reposant autant sur le logiciel.
La virtualisation des réseaux est un précédent indispensable pour les opérateurs s’ils veulent profiter à plein de la 5G et de la technologie du network slicing qui devrait être mise à l’oeuvre à l’horizon 2022 en France. C’est un concept qui consiste à découper le réseau en tranches logicielles à partir d’une infrastructure partagée. De quoi permettre de jouer sur les paramètres à la carte et de personnaliser chaque service. Mais cela servira aussi à prioriser des usages critiques comme les voitures autonomes.
Intel fait irruption dans les stations de base
Intel a également dévoilé l’Atom P5900, sa plate-forme conçue pour les stations de base des opérateurs avec un SoC gravé en 10 nanomètres. C’est la première fois qu’il s’aventure hors des coeurs de réseau. Intel se confronte ainsi directement avec Broadcom, le leader sur ce créneau. Mais il arrive avec de sérieux atouts puisqu’il a déjà conclu des partenariats avec Ericsson, Nokia et ZTE. Ces derniers vont intégrer l’Atom P5900 à leurs solutions. Des opérateurs, comme Rakuten ou Telefonica, les testeraient actuellement.
Intel se positionne avec flair sur ce marché qui est amené à décupler dans les années à venir sous l’effet du mobile edge computing. Il va consister à déporter l’intelligence de certaines fonctionnalités du cœur de réseau à la périphérie. En les gérant à proximité des stations de base et donc des utilisateurs, on gagne en performance et on réduit la latence.
Intel a également annoncé l’eASIC, baptisé aussi Diamond Mesa, une option pour les clients à la recherche de puces personnalisées contenant des processeurs Intel hautes performances de faible puissance et permettant de consommer moins d’énergie.
Enfin, il a annoncé la série Ethernet 700, des cartes réseau optimisées pour la 5G extrêmement fiables et précises pour contrôler des équipements industriels, du trading financier ou encore des interventions d’urgence.
Retiré du marché des modems 5G des smartphones, Intel n’avait pas caché ses ambitions industrielles liées à cette nouvelle technologie, notamment du côté des infrastructures réseau. Les difficultés rencontrées par Huawei en tant qu’équipementier 5G devraient également lui profiter, puisqu’il s’est allié à ses concurrents.
Source : Intel
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.