Google AI Mode
L’hégémonie de Google en matière de moteurs de recherche est une réalité depuis des années. Seulement l’essor de l’IA, et plus spécifiquement des agents conversationnels, transforme peu à peu nos habitudes de recherche. Aujourd’hui, près de 40 % des jeunes Français ont ainsi adopté l’IA générative au quotidien. L’entreprise américaine n’a bien sûr pas l’intention de rater ce virage. Elle expérimente en interne un « AI Mode ».
Les employés peuvent tester cette solution basée sur Gemini 2.0. Dans un courriel adressé aux équipes de Google mais partagé par 9to5Google, la firme décrit « des recherches intelligentes » qui hiérarchisent « l’information dans des sections faciles à appréhender, avec des liens pour explorer le contenu à travers le web ». L’idée générale est de permettre des questions plus ouvertes et exploratoires que celles formulées dans le cadre d’un moteur de recherche traditionnel. Des interrogations similaires à celle que vous avez sans doute déjà posées à des chatbots, en somme.
Les quelques exemples donnés par Google sont suffisamment évocateurs. L’une des requêtes est « Combien de boîtes de spaghettis dois-je acheter pour nourrir 6 adultes et 10 enfants, et en avoir assez pour resservir ? ». Une autre est « De quoi ai-je besoin pour commencer à faire de l’aquascaping ? ». Si comme nous, vous vous demandez surtout ce que désigne l’aquascaping, les sites mis en avant par une recherche Google (à l’ancienne celle-ci) nous apprennent que c’est le nom donné à l’art de décorer un aquarium (à la « création de paysage aquatique » littéralement).
Le projet n’en est qu’à ses prémisses. Sur la forme, l’interface utilisateur reste provisoire. Sur le fond, Google promet déjà des « capacités de raisonnement et de réflexion avancées ». Sinon, le principe même de la recherche ne change pas fondamentalement pour l’utilisateur : il saisie sa requête et appuie sur « Recherche », mais en activant l’option « AI Mode » proposée à côté des filtres existants pour les images, les actualités, les achats, etc.
ChatGPT Search s’ouvre à tous
Profitons de ce papier pour ouvrir ce sujet à deux autres actualités. La première nous fait quitter Google momentanément. Elle se résume en quelques lignes et illustre ce qui est stipulé plus haut. Fin octobre, OpenAI avait introduit une fonctionnalité de recherche sur le web auprès de ses abonnés ChatGPT. La société l’avait étendue aux utilisateurs gratuits en décembre. Désormais, elle est accessible à tout un chacun, sans le verrou de l’identification – entendez pas là que l’inscription n’est plus un prérequis. Ce changement de braquet pose clairement ChatGPT comme une alternative aux moteurs de recherche traditionnels, et donc comme une menace potentielle pour Google. En pratique, la réponse prend la forme d’un texte assez condensé. Les sources sont citées. OpenAI n’a pas renseigné une éventuelle limite du nombre de recherches pour les invités.
🌐ChatGPT search 🌐is starting to roll out to all Free users today.
Search the web in a faster, better way—available globally on https://t.co/nYW5KO1aIg and our mobile and desktop apps for all logged-in users. pic.twitter.com/yf6GJGAm8b
— OpenAI (@OpenAI) December 16, 2024
ChatGPT search is now available to everyone on https://t.co/nYW5KO1aIg — no sign up required. pic.twitter.com/VElT7cxxjZ
— OpenAI (@OpenAI) February 5, 2025
Google AI Overview intègre les comparatifs
La seconde relève du pillage du web, et dans le cas présent, pas seulement limité à l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle. Google s’adonne désormais aux comparaisons de produits directement à travers son AI Overview.
Ce ne sera pas une révélation, mais l’économie de la plupart des sites repose sur leur trafic. C’est grâce aux visites qu’un média génère des revenus, notamment par le biais d’impressions publicitaires ou de liens d’affiliation. Cette monétisation sert bien sûr à financier son coût de fonctionnement, ainsi qu’à rémunérer ses collaborateurs bien humains – cet article n’a pas été généré par une IA.
Les comparatifs font partie des publications les plus populaires. En les proposant directement dans les résultats de recherche, Google va logiquement priver bon nombre de sites de précieux clics. Seulement le serpent de Mountain View se mord la queue. Pour générer ses comparaisons, l’algorithme synthétise celles de plusieurs sources. Dans l’exemple ci-dessous, qui compare le Galaxy S24 au Galaxy S23, AI Overview agrège les données de 21 publications. Or, en privant chacune d’elle d’une partie de son audience, l’IA générative sabote potentiellement sa fiabilité (basée sur une vampirisation massive de données) : moins de médias proposeront ce type de papiers, ce qui tarira la quantité de résultats à disposition, donc la pertinence de ceux-ci (ceci dit, pour une comparaison des spécifications stricto sensu, les données constructeurs devraient en principe suffire).
Ne voyez pas là une plainte. Les progrès technologies impactent voire remplacent de nombreux métiers depuis des siècles, et il n’y a pas de raison pour que les pigistes et journalistes ne soient pas eux aussi impactés (avec la réserve du rôle de quatrième pouvoir de la presse en démocratie ; cette acception peut paraître galvaudée dans un contexte de publications tech, mais l’impact de toutes ces technologies dans nos vies est loin d’être anodin). Bref, dans le cas présent, la démarche de Google pourrait surtout rendre tout le monde perdant : l’entreprise, les médias, et les lecteurs.
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Source : 9to5Google