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Comment Free Mobile compte surpasser SFR et Bouygues d’ici cinq ans

L’opérateur veut devenir le second opérateur mobile derrière Orange, en montant en gamme, en déployant des antennes à marche forcée et en dopant le débit de ses abonnés.

Il est loin le temps où Free Mobile faisait trembler ses concurrents. Après une entrée fracassante sur le marché en 2012 et des années de croissance continue, l’opérateur a subi de grosses pertes d’abonnés tout au long de l’année 2018 et ne se classe plus que quatrième avec ses 13,4 millions de clients.
Pourtant, il ambitionne de monter sur la deuxième marche du podium juste derrière Orange d’ici cinq ans. C’est l’un des objectifs fixés par son plan stratégique Odyssée 2024 dévoilé ce matin aux investisseurs.

Faire migrer ses abonnés vers des offres haut de gamme

Free Mobile a fait sa place sur le marché en cassant les prix. Mais il a fini par être pris à son propre piège lorsque ses rivaux l’ont suivi dans ses promotions agressives et que ses abonnés ont commencé à partir pour la concurrence.
Pire, cette stratégie a fait perdre de sa valeur aux offres mobiles et a rendu les utilisateurs très volatiles. Orange se maintient sans éclat sur son segment haut de gamme mais avec une part de marché très confortable. Bouygues Telecom a opéré une remontée spectaculaire depuis deux ans, lui permettant d’afficher une santé éclatante sur le mobile.
Mais SFR* et Free Mobile restent à la peine. Le premier gagne de nouveaux utilisateurs au détriment de son chiffre d’affaires et sans parvenir à retrouver son niveau d’avant son acquisition par Numericable. Le second commence tout juste à ralentir la fuite de ses abonnés vers ses rivaux ce premier trimestre 2019, mais n’a pas encore inversé la tendance.

A moins d’une consolidation dans les mois qui viennent, la seule solution pour garder ce marché viable à quatre serait une augmentation des prix des forfaits. Difficile à faire accepter au grand public après des années de tarifs extrêmement bas. Free semble pourtant s’y résoudre. L’offre 4G illimitée à 19,99 euros connaît un succès croissant. Elle ne parvient pas encore à compenser l’hémorragie des abonnés à 2 euros mais elle est beaucoup plus rentable. Free est très clair : il entend « favoriser la montée en gamme de nos abonnés vers l’offre data 4G, puis 5G ».  Aujourd’hui seuls 58% des clients de Free Mobile sont en 4G illimitée. L’opérateur veut atteindre les 80% d’ici cinq ans.

Densifier le réseau et augmenter le débit

L’opérateur ne perd pas de vue ses infrastructures. Il compte densifier son réseau mobile qui pâtit encore aujourd’hui d’un certain retard en termes de couverture et qualité dans tous les observatoires. Il espère déployer 2 000 nouveaux sites chaque année d’ici 2024 pour un total de 25 000 au final.

Il précise que chaque antenne sera reliée en fibre optique, un impératif pour le déploiement futur de la 5G. Il annonce aussi qu’il va capitaliser sur la bande de fréquences 700 MHz pour proposer de la 4G+ à un maximum de personnes dès cette année. Il vise les 10 000 sites en 700 MHz et 4G+ d’ici le mois de décembre.
Sur ce terrain, SFR l’a déjà précédé et se montre le plus offensif puisqu’il couvre déjà 13 agglomérations avec un débit de 500 Mbit/s, 32 en 300 Mbit/s et qu’il va lancer de la 4G+ à 1 Gbit/s dans dix villes cette année.

Subvention et 5G

Enfin, de manière plus sibylline, Free Mobile évoque vouloir « adresser de manière ambitieuse l’actuel marché dit du « subventionnement»  qui aura été ouvert à une nouvelle concurrence ». Il fait ici référence à son bras de fer judiciaire pour faire reconnaître les smartphones subventionnés comme des crédits à la consommation abusifs et déguisés. Il estime, dans ces conditions, que les abonnés engagés auprès de ses rivaux devraient pouvoir partir avant la fin de leur contrat sans frais et passer chez lui. Mais cette conclusion est pour le moins hâtive puisque le procès gagné contre SFR ne porte que sur des offres qui n’existent plus actuellement. Aucune décision de justice n’a véritablement remis en question jusqu’à maintenant le principe du smartphone subventionné.

Reste une question : où en est Free de ses expérimentations 5G ? Alors qu’Orange, Bouygues Telecom et SFR multiplient les tests sur plusieurs sites pilotes en France, il ne semble pas encore avoir dépassé le stade du laboratoire. Pourtant, les premières fréquences seront attribuées en fin d’année et les réseaux devraient être ouverts en 2020 dans notre pays. Il risque donc de rencontrer des difficultés pour lancer la 5G en même temps et avec la même efficacité que le reste du marché dès l’année prochaine.

* 01net.com est éditée par une filiale de SFR Médias.

Source : Iliad

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Amélie CHARNAY