L’arrivée de Free Mobile en janvier 2012 a créé une onde de choc qui continue de bouleverser le marché français de la téléphonie cellulaire, un an après. Ses deux forfaits à prix cassés, sans engagement et sans tétéphone, ont ébranlé l’approche commerciale traditionnelle à base de forfaits chers vendus avec des téléphones.
Les trois grands bénéficiaires de ce chambardement sont Free Mobile, qui a réussi son entrée en gagnant entre 4 et 5 millions d’abonnés en un an ; les consommateurs, qui bénéficient des tarifs mobiles les moins élevés d’Europe ; les usages puisque le trafic Internet mobile, avec +70 %, et les SMS, avec +28,8 %, ont explosé en un an.
Une guerre des prix qui bénéficie largement au consommateur
La promesse de Xavier Niel de jouer la carte du pouvoir d’achat avec de nouveaux forfaits moins chers, a été tenue. Le marché français du téléphone mobile n’a jamais connu, en 20 ans d’existence, une telle efferverscence commerciale au profit du consommateur. Les opérateurs rivaux ont ajusté à la baisse leurs offres low cost, vendues sur Internet uniquement. A la fin 2012, Bouygues Télécom a même relancé, via B&You, la guerre des prix avec un forfait voix/SMS/MMS illimité à 9,99 euros/mois, Free Mobile et SFR ayant été contraints de surenchérir en renforçant leurs offres low cost respectives. Résultat : les prix des forfaits mobiles ont été divisés par cinq voire dix en moins d’un an. Selon l’Arcep, la facture mensuelle moyenne fut de 22,3 euros par carte SIM au deuxième trimestre 2012, en baisse de 10,9 % en un an.
Le modèle économique des opérateurs établis, sapé sur ses bases
Ses forfaits à prix cassés, sans engagement avec une simple carte SIM, ont sapé le modèle économique des forfaits chers avec téléphones subventionnés. Pourtant les opérateurs “historiques” avaient anticipé cette concurrence avec leurs propres offres low-cost. Mais, la guerre continue des prix, qui a rythmé l’année 2012, a laminé les marges « confortables » et réduit leur chiffre d’affaires. Sous pression financière, SFR et Bouygues ont même engagé des plans de départs volontaires fin 2012. Bien que les trois opérateurs historiques aient recommencé à regagner des clients au troisième trimestre, et en attendant que les offres 4G, beaucoup plus chères, séduisent les clients, les opérateurs verront, tous, leurs résultats annuels 2012, affectés par cette concurrence exarcerbée.
Des interrogations et des polémiques sur le réseau de Free Mobile
Le réseau de Free Mobile aura été l’objet de toutes les “attentions” de ses rivaux qui ont trouvé un angle d’attaque pour saper l’élan du quatrième opérateur. SFR et Bouygues Télécom ont d’abord mis en cause l’accord d’itinérance signé entre Free et Orange, qui va quand même rapporter à l’opérateur historique un milliard d’euros en deux ans. Ils ont aussi demandé à l’Arcep de vérifier la réalité du déploiement du réseau en propre de Free Mobile. Le trublion des télécoms a, lui même, été victime de son succès, ayant été affecté de quelques pannes qui ont eu des répercussions sur le réseau Orange. Enfin, l’étude de l’Arcep, publiée fin 2012, sur la qualité et la performance des réseaux mobiles des quatre opérateurs, révélait que Free ne s’en tirait pas si mal en matière d’Internet mobile, même s’il subissait un décrochage en haut débit au-delà de 5 Mbits/s, comparé à ses trois rivaux.
Des usages mobiles dopés par l’agressivité commerciale
Outre son effet sur les prix, l’arrivée de Free Mobile, avec ses abonnements illimités bon marché, s’est aussi traduite par explosion des usages en volume. Selon les derniers chiffres connus de l’Arcep, pour le deuxième trimestre 2012, pour la première fois depuis 2007, le trafic mobile dépasse très nettement le trafic au départ des postes fixes (de 2 milliards de minutes). Le trafic Internet sur les réseaux mobiles poursuit sa croissance autour (+70 % sur un an), soit 21 977 To échangés, et le nombre de SMS progresse de 10 milliards en un an (45,7 milliards de messages, +28,8 %). Même les chiffres du trafic téléphonique mobile sont au beau fixe. La consommation de minutes s’est élevée à 29,7 milliards de minutes au deuxième trimestre 2012 : une hausse de 11,0 % en un an.
Un débat sur les conséquences en termes d’emplois
L’arrivée de Free Mobile a t-elle joué le consommateur contre le salarié des opérateurs déjà en place ? Les plans de départs volontaires chez SFR et Bouygues et les licenciements chez Alcatel-Lucent en France, ont convaincu les Cassandre et certains membres du gouvernement que la guerre des prix dans la téléphonie mobile ne pouvait se faire qu’au détriment des emplois dans la filière télécoms. Les études d’économistes sur l’impact de Free Mobile sur l’emploi ont eu des conclusions contradictoires. L’Assemblée nationale a crée une mission d’information sur l’impact économique de Free sur les télécoms mobiles, menée par la députée PS Corinne Erhel et son homologue UMP, Laure de la Raudière, qui devraient publier un rapport de leurs analyses fin janvier 2013.
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