Bien qu’ils communiquent régulièrement sur leurs nombres d’étoiles Euro NCAP, les constructeurs automobiles ne sont pas toujours disposés à montrer comment leurs véhicules anticipent les accidents. Si des acteurs tels que Volvo se sont emparés de ces sujets liés à la sécurité pour en faire des arguments de vente, ce n’est évidemment pas le cas de tout le monde. L’un des constructeurs les plus bavards en ce moment sur ses systèmes de sécurité n’est autre que Skoda. L’entreprise tchèque, membre du groupe VW a opéré depuis quelques années une montée en gamme qui passe par l’ajout d’options de sécurité. Un exemple : depuis 2008, tous les véhicules commercialisés par Skoda ont obtenu la note maximale de cinq étoiles aux tests de sécurité euro NCAP. Précisons également que Skoda n’est pas néophyte en matière de sécurité routière puisque la marque tchèque est la première à avoir effectué un crash test en conditions réelles. C’était en 1972, en plein Prague. L’approche était alors celle d’une sécurité passive de la voiture en cas de collision. Depuis, les systèmes ont évolué vers une sécurité active censée diminuer les risques d’accidents.
Afin de constater les progrès effectués par Skoda en la matière et de voir de manière générale comment les systèmes d’aides à la conduite peuvent se comporter en cas d’accident, nous avons testé les solutions du constructeur. Sur un circuit privé à une quarantaine de minutes de Prague, nous avons pu simuler des collisions, tester la détection de piétons ou de cyclistes ou encore vérifier le comportement de la voiture lorsque l’accident n’est plus évitable. On vous dit tout.
Comment marchent les systèmes de sécurité de chez Skoda ?
Les modèles Skoda dotés des systèmes de sécurité les plus ambitieux sont l’Enyaq et l’Octavia, deux des véhicules les plus récents du constructeur. En matière d’aides à la conduite (ADAS) ils disposent d’une autonomie de niveau 2. Mais les capteurs qui sont utilisés pour centrer la voiture dans la voie, ou gérer la distance avec les autres voitures sont aussi mis à contribution pour prévenir des dangers imminents ou préparer la voiture à un choc jugé inévitable.
Lors de cette journée consacrée aux systèmes de sécurité active de Skoda, nous avons pu mettre des voitures d’essai dans des situations où elles ont eu à activer leur séquence d’urgence, celle qui précède l’accident. Nous avons choisi de revenir sur trois ateliers qui montrent assez clairement comment le véhicule anticipe le choc à venir et les mesures qu’il met en place, soit pour tenter d’éviter l’impact, soit pour protéger au mieux les passagers à bord.
Test n°1 : le freinage d’urgence
Le premier atelier est un cas d’école. Il s’agit tout simplement de tester la capacité de la voiture à détecter un risque d’accident, à prévenir son conducteur et à opérer un freinage d’urgence en dernier recours. Selon le constructeur, le système peut fonctionner tant que la différence de vitesse entre le véhicule que l’on conduit et celui qui le précède est inférieure à 60 km/h.
Comment est-il testé ?
L’exercice est assez sommaire. Il suffit de simuler l’absence d’attention du conducteur et de s’approcher d’une voiture à l’arrêt, ou roulant à faible allure. Pour des raisons évidentes, la voiture cible utilisée lors du test est un « mannequin », autrement un véhicule qui a l’apparence d’une vraie voiture, mais qui n’est qu’une carcasse roulante protégée par des coussins de sécurité. Lancés à 60 km/h, nous approchons inéluctablement de la voiture qui roule au ralenti. Dès lors que notre voiture détecte le danger, son premier objectif consiste à tenter d’alerter le conducteur. Cela se passe très vite et dans une séquence prévue à l’avance : avertissement visuel sur le tableau de bord, avertissement sonore dans l’habitacle puis un autre avertissement encore plus fort. Si le conducteur ne réagit à aucun de ces stimuli, le véhicule considère qu’il n’est pas à même d’éviter seul la collision et prend la main. Autrement dit, il engage un freinage d’urgence qui lui permet de s’arrêter à quelques dizaines de centimètres de la voiture, juste devant.
Test n°2 : la préparation active à l’accident
C’est sans doute l’un des ateliers les plus stressants que nous ayons eus à faire lors de ces tests des systèmes de sécurité. L’objectif consiste à déclencher la séquence d’urgence de la voiture en simulant une collision inévitable. Chez Skoda, cette détection du crash peut être faite vers l’avant, lorsque notre véhicule risque de percuter celui qui le précède, mais aussi par-derrière, lorsqu’une voiture risque de nous emboutir. Pour la collision frontale, le procédé est simple, il suffit de désactiver l’airbag et le freinage d’urgence et… de foncer dans une voiture mannequin. Au volant, la difficulté consiste à dominer son réflexe qui consiste tout simplement à freiner.
Quant au choc par-derrière, il est encore plus perturbant pour le testeur, mais fait appel aux mêmes fonctions de la voiture. Concrètement, il s’agit de rester assis paisiblement dans son véhicule pendant qu’une autre voiture (pas un mannequin cette fois) vous fonce dessus. Le pilote qui conduit ce véhicule doit effectuer une manœuvre d’évitement à l’approche de la voiture de test, mais suffisamment tard pour que celle-ci active son système de détection de collision. À bord, cela se traduit par un coup d’œil permanent dans le rétroviseur et la sensation assez pénible qu’on va subir un choc imminent. Dans les deux cas, les simulations se sont passées sans le moindre à coup, et dans les deux scenarios, notre Skoda de test a réagi de la même manière : elle a protégé ses occupants.
Comment ça marche ?
Le système « Pre-Crash », comme il est communément appelé, a pour but de protéger au mieux les passagers de la voiture lors d’un accident. Lorsque le système de sécurité active se déclenche, une séquence précise et relativement rapide se met en place à l’intérieur du véhicule. La voiture se prépare à la collision en :
- serrant les ceintures de sécurité
- fermant les vitres, y compris le toit panoramique lorsque c’est possible
- prévenant le conducteur avec un signal d’alerte sur le tableau de bord
- en allumant les feux de détresse (warning)
Cette série d’actions a pour but de maintenir les passagers dans la position où ils sont le moins vulnérables. La fermeture de l’habitacle est là pour les protéger des diverses projections qui pourraient avoir lieu lors du crash. Quant aux signaux d’urgence, ils sont là pour donner une dernière chance d’éviter l’accident. Dans nos deux exercices, le système a répondu présent en engageant la séquence suffisamment tôt.
Test n°3 la détection des piétons et des cyclistes
Plusieurs constructeurs proposent des systèmes de reconnaissance des piétons, des cyclistes et des motos sur leurs modèles. L’option est suffisamment répandue pour qu’on ne réalise point à quel point il s’agit d’une opération complexe pour une voiture. Ces accidents entre voitures et « utilisateurs de la route vulnérables », sont à la fois parmi les plus dangereux pour les victimes, mais aussi ceux qui mettent en cause le manque d’attention du conducteur.
Ce type d’accident est également plus fréquent en ville et laisse au conducteur un temps de réaction très faible pour manœuvrer. Par conséquent, c’est sur ce type de situation qu’un système de sécurité active peut-être particulièrement pertinent.
Comment ça marche ?
Pour tester la détection d’utilisateurs de la route vulnérables, les ingénieurs de Skoda ont mis en place un protocole assez poussé qui implique une voiture de test bardée de capteurs et d’une unité de calcul, mais aussi des mannequins robotisés pour simuler des piétons, cyclistes ou motards. Le protocole de test inclut une centaine de scénarios dans lesquels la vitesse du piéton et de la voiture ou encore leur trajectoire varie. L’objectif est identique quel que soit le cas de figure : la voiture doit détecter assez vite l’arrivée d’un utilisateur de la route (qui n’est pas une voiture) et opérer un freinage d’urgence suffisamment appuyé pour éviter la collision.
La difficulté dans ce genre d’exercice réside aussi bien dans la détection de cet élément extérieur au véhicule qu’à la mise en place de la séquence de freinage d’urgence, sachant que celle-ci doit prendre en compte les vitesses de déplacement des deux entités. Skoda affirme que son système fonctionne parfaitement jusqu’à 60 km/h ce qui permettrait d’éviter un grand nombre d’accidents de ce type en ville. Lors de notre test, dans une voiture modifiée pour les besoins de cet exercice, nous avons effectué plusieurs passages à vitesse réduite, puis à 60 km/h pour observer la capacité de réaction de la voiture. À chaque fois, celle-ci a été capable d’identifier le danger à venir et de s’arrêter avant l’accident.
Quelles sont les perspectives pour le futur en matière de sécurité ?
Les dispositifs de sécurité active en voiture ne cessent de s’améliorer, nous avons encore pu le constater lors de ces ateliers. À l’avenir, ce type de dispositif est amené à se développer sur un maximum de véhicules et évidemment à s’améliorer. Chez Skoda, par exemple, ce niveau de sécurité ne se retrouve que dans deux de ses voitures les plus chères (Enyaq et Octavia) et même si les prochaines Super et Kodiaq devraient en profiter, il n’en demeure pas moins que ce type d’équipement fait grimper le tarif du véhicule. C’est tout l’enjeu de ces systèmes. À l’utilisation, ils donnent l’impression d’être indispensables (et ils le sont pour obtenir les notes maximales sur les tests euro NCAP), mais compte tenu du niveau d’équipement qu’ils requièrent, leur adaptation sur des voitures accessibles semble illusoire, du moins pour le moment.
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