Le 9 novembre 2004, un nouveau logiciel a pointé le bout de sa truffe : Firefox 1.0. Mais ce que personne ne savait alors, c’est que le petit panda roux qui faisait office de logo – non, il ne s’agit pas d’un « renard de feu » ! – allait creuser la tombe d’un des produits phares de Microsoft à l’époque : Internet Explorer. A l’époque, IE était en effet la principale porte d’entrée vers la Toile, utilisé par plus de 90 % des internautes. Face à ce logiciel, il n’y avait aucune alternative crédible à l’horizon. En intégrant son navigateur dans Windows, la firme de Bill Gates avait écrasé l’ancien pionnier Netscape et gagné la guerre des navigateurs.
Evidemment, cette hégémonie ne plaisait pas à tout le monde. Les développeurs du projet open source Mozilla, en particulier, avaient une furieuse envie d’en découdre et de proposer quelque chose de différent. En 2003, ils ont transformé le projet en fondation indépendante, leur permettant de se libérer de la tutelle embarrassante de Netscape, qui gisait en décrépitude. Ils avaient enfin les coudées franches pour imaginer quelque chose de nouveau.
Des innovations en série
Et le résultat a fait mouche. Au fil des versions, Mozilla aligne les innovations, et cela dans le plus pur respect des standards du Web: il popularise la navigation par onglets, intègre un lecteur de flux RSS, propose des marque-pages dynamiques, offre une vraie personnalisation de l’interface graphique, etc. Surtout, le navigateur open source brille par la richesse de ses extensions logicielles. Chacun a pu, dès lors, avoir le navigateur qui lui convenait le plus.
En face, Microsoft est obligé d’encaisser. La part de marché d’Internet Explorer ne cesse de décroître pour tomber à environ 60 % en 2010, contre 24 % pour Firefox. L’hégémonie de l’éditeur a été brisée. Mais l’histoire, alors, se complique. Deux ans auparavant, Google décide de se lancer également dans la course avec Chrome. Et ce sera un succès presque immédiat : le navigateur de la firme de Mountain View a rapidement vu croître sa base d’utilisateurs… pour finalement dépasser le navigateur libre. Certaines plateformes d’analyse le voient même désormais en tête du marché du marché des navigateurs. Safari a également le vent en poupe, grâce à un attrait grandissant pour les Mac et, surtout, au développement des iPhone et iPad.
Le mobile, un nouveau challenge
Les terminaux mobiles constituent d’ailleurs le talon d’Achille de Mozilla. A ce jour, la fondation n’a pas réussi à imposer son navigateur sur les smartphones : il ne sera tout simplement jamais disponible sur iOS et a du mal face à la puissance de Chrome sur Android. Pour remédier à cela, la fondation mise sur deux axes : Firefox sur l’OS de Google et, surtout, le déploiement de Firefox OS, son propre système d’exploitation mobile. Le grand objectif étant de casser les nouveaux silos propriétaires formés par Google, Apple et compagnie. Mais les fruits de cette stratégie ne porteront pas forcément tout de suite.
Entretemps, Mozilla compte bien capitaliser sur l’intérêt grandissant pour les technologies qui respectent la vie privée. A la suite de l’affaire Snowden, les internautes font de moins en moins confiance aux géants du web tel que Google, Apple, Facebook, etc. Une tendance qui incite la fondation à se positionner encore plus sur le créneau du fournisseur indépendant et transparent. C’est pourquoi elle vient de multiplier les fonctions de navigation privées dans Firefox et de nouer un partenariat avec l’association Tor Project dans le cadre de la nouvelle l’initiative Polaris. Elle va même, désormais, héberger des nœuds Tor. A terme, on pourra peut-être même espérer voir un bouton Tor directement dans le navigateur. Firefox est donc encore loin d’avoir dit son dernier mot.
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