Comment Elon Musk veut gagner du temps pour éviter le rachat de Twitter

Elon Musk ne veut plus racheter Twitter. Après plusieurs semaines de négociations, le fantasque milliardaire a retiré son offre de rachat en juillet. Par le biais de ses avocats, le patron de Tesla accuse le réseau social de ne pas avoir respecté les clauses du contrat.

Ce revirement de situation n’a pas été très bien accueilli par les dirigeants de Twitter. Pour forcer Elon Musk à honorer son offre d’achat de 44 milliards de dollars, la plate-forme de micro-blogging a déposé une plainte devant la cour de justice du Delaware, aux États-Unis.

Elon Musk met tout en œuvre pour éviter le rachat

Elon Musk a rapidement contre-attaqué en déposant à son tour une plainte contre le réseau social. Pour financer la bataille judiciaire qui s’annonce, l’entrepreneur a vendu pour près de sept milliards de dollars d’actions du groupe automobile Tesla en août. Pour mémoire, il avait déjà cédé 8,5 milliards de dollars d’actions Tesla pour préparer le rachat de Twitter en avril dernier.

Dans sa plainte, l’homme le plus riche du monde accuse Twitter de mentir au sujet du nombre de faux comptes et de bots sur la plate-forme. Le réseau social assure que les comptes factices représentent moins de 5 % du nombre total d’utilisateurs. De son côté, Elon Musk pense que ce nombre est bien plus élevé. C’est pourquoi il ne souhaite plus faire l’acquisition de Twitter.

« Des allégations portant sur certains faits, connus de Twitter avant ou au 8 juillet 2022, mais non divulgués aux parties représentant Musk avant ou à cette date, ont depuis fait surface et fournissent des raisons supplémentaires et distinctes pour mettre un terme à l’accord de rachat », explique Mike Ringler, l’un des avocats d’Elon Musk.

Pour prouver ses dires, Elon Musk a demandé à l’ancien responsable de la sécurité de Twitter, Peiter Zatko, de témoigner lors du procès. L’expert, qui se définit désormais comme un lanceur d’alerte, abonde dans le sens d’Elon Musk. Dans une lettre adressée aux régulateurs américains, Zatko affirme en effet que Twitter sous-estime volontairement le nombre de faux comptes. Licencié en janvier dernier, l’ancien hacker dresse un portrait peu reluisant des dirigeants de Twitter. Selon lui, les responsables sont négligents et multiplient les mensonges.

Les avocats d’Elon Musk ont également assigné Peiter Zatko. Ils lui réclament tous les documents et communications en sa possession qui sont liés « aux effets des faux comptes et spams sur l’activité de Twitter ». L’assignation demande, de plus, tout document relatif à la mesure du nombre d’utilisateurs actifs quotidiens monétisables. Cet indicateur est révélateur de la santé financière de l’entreprise.

Les avocats s’intéressent par ailleurs à d’éventuelles preuves montrant que Twitter a tenté de camoufler « des failles de sécurité aux investisseurs, aux régulateurs et au public ». Plus largement, l’équipe d’avocats d’Elon Musk se dit à la recherche de la moindre trace d’activités illicites.

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Elon Musk demande de reporter le procès

Zatko s’est engagé à répondre à la demande du milliardaire. Il souligne cependant que son initiative ne visait pas à « favoriser Musk et affaiblir Twitter ». L’ancien chef de la sécurité du groupe fera sa déposition le 9 septembre 2022.

Grâce aux données fournies par Zatko, Elon Musk serait théoriquement en mesure de renforcer sa ligne de défense. D’après Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, l’entrée en scène de Zatko pourrait même obliger Twitter à négocier avec le patron de Tesla en amont du procès. Il qualifie l’ancien chef de la sécurité de « boîte de Pandore potentielle ».

A potentially major development in this case has been the whistleblower case from Zatko which could give Musk a much needed small victory. We believe with the Zatko situation being a potential Pandora's box for Twitter it could force both to the negotiating table before court

— Dan Ives (@DivesTech) August 30, 2022

A la suite des révélations de Zatko, les avocats d’Elon Musk ont réclamé un sursis. Afin de traiter les informations qui seront fournies par le lanceur d’alerte, les représentants de Musk demandent un report d’un mois.

Initialement, le procès devait débuter le 17 octobre devant un tribunal spécialisé du Delaware. Si la demande de Musk est acceptée, la procédure judiciaire sera reportée à la mi-novembre. Kathaleen McCormick, juge de la Cour de chancellerie du Delaware, n’a pas encore répondu à la requête.

Pour mémoire, Elon Musk avait déjà tenté de décaler le procès en juillet, peu après la plainte de Twitter. Le milliardaire souhaitait que l’affaire ne soit examinée par les tribunaux qu’en 2023. Il estimait que le réseau social cherchait à précipiter les choses. Twitter avait rapidement fait pression pour que la procédure débute à l’automne.