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Comment Elon Musk pourrait transformer Twitter

Après plusieurs semaines d’un feuilleton qui a tenu le Web entier en haleine, le milliardaire est parvenu à ses fins. En avalant le réseau social, il compte bien lui imprimer sa marque.

Cette fois, c’est fait : Elon Musk va donc prendre le contrôle de Twitter. À moins d’une énorme surprise, l’homme le plus riche du monde fera main basse sur le réseau social dans les mois qui viennent. Et une chose est certaine : il va profondément modifier le fonctionnement du site, mais aussi sa culture. Qu’attendre de Twitter sous son ère ? Le futur dirigeant n’a pour l’instant lancé que quelques pistes, qui définissent toutefois un service assez différent de celui que l’on connaît aujourd’hui.

Une modération allégée ?

C’est le point le plus clivant. Alors qu’il se décrit lui-même comme un « absolutiste de la liberté d’expression », Musk veut visiblement alléger les règles de modération sur Twitter… qui sont pourtant déjà largement laxistes. En bon libertarien, le milliardaire souhaite faire du site une « arène inclusive pour la liberté d’expression », comme il l’a indiqué dans une récente interview pour TED. Un endroit « où l’on pourrait s’exprimer librement dans les limites de la loi ». Questionné sur l’éventuelle suppression d’un contenu controversé, d’une « zone grise » si courante sur les réseaux sociaux, il a par ailleurs précisé : « dans le doute, il faut conserver le tweet » tout en expliquant qu’il faudrait peut-être « éviter de le promouvoir ».

Quelques idées jetées en l’air qui ont suffi à réveiller une armée de trolls et d’individus peu recommandables sur la plate-forme… Et, dans le même mouvement, fait craindre à d’autres utilisateurs une explosion de la désinformation et du harcèlement.

Faut-il craindre une montée des discours haineux et des fausses nouvelles avec un Twitter contrôlé par Musk ? Thierry Breton, Commissaire européen en charge du numérique, a tenu à rappeler qu’il lui faudra, quoiqu’il arrive, « se conformer aux règles européennes ». Avec le Digital Services Act, Bruxelles va justement durcir la règlementation des grandes plates-formes, en les obligeant notamment à supprimer promptement les contenus contraires à la loi.

Des algorithmes ouverts ?

Il y a, en revanche, un point sur lequel Elon Musk tombera à coup sûr d’accord avec Thierry Breton : l’ouverture des algorithmes de Twitter. C’est une obligation du Digital Services Act, mais aussi la volonté du milliardaire. « Je veux rendre les algorithmes open source pour accroître la confiance » a-t-il rappelé, précisant même qu’il souhaitait que le code soit « disponible sur GitHub ». Il tient aussi à ce que Twitter indique aux utilisateurs si un message a été caché ou mis en avant, afin d’éviter « les manipulations manuelles ou algorithmiques en coulisse ».

La fin du spam et de bots ?

Les utilisateurs réguliers de Twitter le savent bien : le site est truffé de faux comptes, de profils usurpés, de spam et d’arnaques. La lutte contre ces plaies est une autre priorité d’Elon Musk, sans doute échaudé par ces nombreux faux comptes qui imitent son nom sur la plate-forme pour arnaquer les afficionados de cryptomonnaies.

Ce sera un sacré travail, qu’il espère notamment voir aboutir en certifiant (par le petit badge bleu présent sur certains profils) « tous les vrais humains ». Difficile de savoir comment il compte s’y prendre, particulièrement avec les utilisateurs sous pseudonyme. Cela pourrait aussi poser de vrais problèmes de confidentialité, si l’authentification est indispensable.

Moins de pub et un vrai modèle par abonnement ?

« Je n’achète pas Twitter pour faire de l’argent » a lancé Musk dans son interview à TED, qui, avec la grandiloquence qu’on lui connaît, dit s’y être intéressé parce que la plate-forme « inclusive et de confiance » qu’il appelle de ses vœux est « extrêmement importante pour l’avenir de l’Humanité ». Pour autant, comme le rappelle le WSJ, le montage financier qui lui a permis d’arriver à ses fins l’obligera à maintenir un certain cash flow. Et sans doute à conserver la publicité, qui représente aujourd’hui 90 % des revenus du site.

Pourtant, dans des tweets datés de début avril (et effacés depuis) Musk avait clairement dit sa préférence pour un autre modèle, celui de l’abonnement. Depuis quelques mois, Twitter a -timidement- lancé Blue, une offre payante (aux alentours de 3 euros par mois) qui apporte quelques fonctions supplémentaires aux power users, comme la possibilité d’annuler un tweet, un rangement des messages par dossiers, etc. Dans ses tweets supprimés, Musk plaidait pour un abonnement moins cher (aux alentours de deux dollars par mois), qui permettrait de supprimer les publicités et d’obtenir le fameux badge « certifié ».

Enfin un bouton d’édition ?

Il est attendu depuis des lustres par les utilisateurs et en particulier… par Elon Musk, qui en avait même fait son cheval de bataille début avril : un bouton d’édition des tweets devrait faire son apparition sous peu, chez les abonnés à Twitter Blue dans un premier temps.   

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Eric LE BOURLOUT