Si l’expérience est concluante, rien n’empêche un non-informaticien de piloter à terme l’informatique d’entreprise. La porosité des fonctions favorise cette tendance.
Tous les chemins mènent à l’informatique… “à condition d’en sortir”, serait-on tenté d’ajouter. De fait, on est surpris de constater qu’autant de non-informaticiens puissent se retrouver, à un moment de leur carrière, avec une casquette de spécialiste des technologies de l’information. Les atouts des nouvelles technologies, des grandes mutations métier et du commerce électronique ont, il est vrai, de quoi les séduire. D’autant que les perspectives ont rarement été aussi prometteuses.Retour en arrière : dans les années 80, les non-informaticiens ont su s’approprier l’usage de l’informatique dans ses aspects technologiques. Les profils les plus recrutés – ingénieurs, pharmaciens, biologistes – se sont alors arrogé les principaux outils et ont gagné en autonomie. Plus récemment, la maturation de l’offre de progiciels a propulsé les comptables, les spécialistes de la paie ou des finances, capables de ma”triser les paramétrages en tout genre, au rang de spécialistes. Pour certains, c’était le bonheur de l’autonomie et de l’affranchissement par rapport aux services informatiques, jugés trop éloignés de leurs préoccupations. Pour d’autres, c’était l’horreur d’un univers complexe, d’une ” surcouche ” technologique les soumettant à une dure informatique ” métier “…
Des profils atypiques
Quoi qu’il en soit, ils ont gagné leur bâton de maréchal. Aujourd’hui, que sont devenus ces pionniers ? Pour la plupart, ils sont passés à des fonctions de ma”tres d’ouvrage et d’organisateurs de l’information dans leur entreprise. Ils ont profité de leur formation généraliste, mais aussi de leur expérience technique, pour changer de métier et devenir les spécialistes des architectures techniques pour leur secteur d’activité. Voilà pourquoi les nouveaux directeurs de l’organisation et de l’information, ou tout simplement les DSI, ne sont généralement pas des ingénieurs issus du sérail. C’est ainsi que l’on retrouve Jean-Pierre Corniou, diplômé de sciences économiques, passé par Sciences Po et l’ENA, à la tête des systèmes d’information du groupe Usinor. Quant à Philippe Tronc, après une formation d’ingénieur chimiste et d’école de gestion, il est devenu directeur de l’organisation et des systèmes d’information des Laboratoires Pierre Fabre. Autre exemple : Pierre Carli, sans cursus informatique particulier mais rompu aux métiers de la banque, dirige maintenant la Direction centrale du traitement des opérations et de l’informatique (DCTI) du Crédit Lyonnais. Tous trois figuraient, d’ailleurs, au palmarès des directeurs informatiques distingués l’an dernier par 01 Informatique (n?’ 1557 du 24 septembre 1999)…Les perspectives de métier pour non-informaticiens fleurissent dans les nouvelles technologies. De nouvelles fonctions d’entreprises font appel à des compétences que les DRH s’évertuaient à chercher dans le passé. Mais où et qui ? Là se trouve un autre atout du non-informaticien : il est toujours prêt à se lancer dans une autre technique, une autre spécialisté informatique. Ayant déjà changé d’orientation professionnelle dans le passé, il est bien plus intéressé au changement. “L’inquiétude de l’après ne se pose donc pas trop”, analyse Caroline Durand, responsable des perspectives à l’Apec (Association pour l’emploi des cadres).Reste une interrogation. Vaut-il mieux se tourner vers le management, ou vers une spécialité technique ? L’envie naturelle est d’aller vers le management. Ce qui pose un problème, dans la mesure où l’expérience acquise tient plus de la gestion de projets que de la gestion d’équipe proprement dite. Bref, “pour qu’ils soient au clair avec eux-mêmes, nous leur offrons de faire une analyse de compétences”, propose Caroline Durand. De fait, les cadres sont souvent agréablement surpris du dialogue avec leur hiérarchie. Cela leur permet, le cas échéant, de rebondir sur le plan professionnel en tirant parti de leurs aspirations