Passer au contenu

Comment développer les services de données mobiles ?

Les applications et technologies sont déjà là, les clients sont prêts. Pourtant, les services de données mobiles ne décollent pas. Que font les opérateurs télécoms ?

Parmi les évolutions dans les télécoms, on remarquera le quasi-abandon de la valorisation des opérateurs d’après leur nombre d’abonnés. Alors que les grandes opérations de prises de contrôle d’il y a deux ou trois ans étaient jugées à cette aune, la raison semble avoir repris le dessus. Chaque opérateur expose désormais ses prévisions de progression du revenu moyen, le fameux “Arpu”, qui passe toujours par un développement des services liés au transfert de données, maintenant que les services voix ont atteint leur vitesse de croisière. Objectif : les services de données doivent représenter 20 à 25 % du revenu d’ici à trois ans.Or que faut-il pour développer ce marché ? Des clients, des applications et une technologie pour les faire tourner. Deux technologies matures permettraient d’ores et déjà de développer ces applications : le GPRS et le SMS. Et un grand nombre d’entreprises ont des besoins d’échange de données, non pas au moyen de téléphones, mais de modules de communication (wireless modules) destinés à être intégrés pour utiliser des applications verticales. C’est ce que l’on appelle la communication machine to machine. Dans ce domaine, les applications existent déjà, de même que la technologie et le matériel. Les clients industriels, de leur côté, sont prêts.

Les “telcos” à la traîne

Que manque-t-il alors ? Nos clients et nos contacts nous le disent : il manque les services de communication adaptés à leurs besoins. Prenons un exemple : le cas d’un transporteur qui veut utiliser les services de localisation par satellite. Un récepteur satellitaire GPS couplé à un module GSM permet de transmettre régulièrement la position d’un camion, ce qui signifie à la fois un meilleur service aux clients et une meilleure gestion de la flotte et du personnel. Cette transmission peut se faire sans difficulté par SMS, l’intégration du matériel et de l’application est déjà réalisée. Le marché ne peut cependant émerger car il n’existe pas de formule d’abonnement et de tarification du SMS compatible avec les besoins et contraintes des utilisateurs. Cette situation est d’autant plus regrettable qu’elle est propre à la France. Dans d’autres pays d’Europe, les applications machine to machine ont trouvé leur modèle de développement et fonctionnent : des compteurs à gaz communiquent leur consommation par télérelevé, des distributeurs automatiques de boissons communiquent régulièrement leur état de stock ou leurs pannes. Tout cela parce que ces machines sont équipées de modules de communication et qu’il existe des services ad hoc. L’opérateur mobile est transporteur du service et non son fournisseur. De plus, les modèles de partage de revenus des services mobiles sont amplement favorables aux tiers fournisseurs d’applications. Pourquoi ne pourrait-on pas reproduire ce schéma en France ?Pour donner une autre idée du potentiel du marché, reprenons un exemple automobile, mais cette fois grand public : une alarme liée à un récepteur GPS et un module de communication GSM. Lorsque le véhicule est volé, l’alarme envoie un message au propriétaire et à la société de service, laquelle envoie un signal en retour qui bloque le véhicule. Ce prestataire n’a plus qu’à venir récupérer l’automobile, grâce aux coordonnées GPS, pour la rendre à son propriétaire. L’avantage de ce système, hormis la possibilité de localiser le véhicule, est d’être valable en cas de vol en présence du conducteur aussi bien qu’en son absence. Le prix du service intégrerait le coût du canal de communication fourni par l’opérateur mobile. Mais on voit bien que ce service GSM, qui ne servirait qu’en cas de vol, doit être indépendant de l’abonnement téléphonique de l’automobiliste et ne peut être facturé de la même façon.Cet exemple est bien réel, et je pourrais mettre un nom sur chacun des acteurs : intégrateur du matériel, société d’alarme et fournisseur du service global, fournisseur du contenu de cartographie, revendeur. Tous ont leur valeur ajoutée dans la constitution et la vente de ce service, mais l’offre ne peut avoir du succès que si chacun accepte une rétribution à la hauteur du service rendu.* directeur de la stratégie marketing de léquipementier Siemens ICM D France

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Ghislain de Clercq*