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Comment cet athlète paraplégique est devenu pilote d’exosquelette

Faire concourir des athlètes handicapés assistés par des machines, c’est l’objectif du Cybathlon. Nous avons assisté à l’entraînement d’un pilote français d’exosquelette, juste avant les épreuves qui ont eu lieu en fin de semaine.

Kevin Piette est paraplégique à la suite d’un accident survenu il y a huit ans. Mais devant nous, il va se lever et marcher. Le trentenaire est assisté par un exosquelette de la société française Wandercraft, qui l’a recruté comme pilote. La machine est baptisée Atalante. La mission de Kevin ? Participer cette semaine à la deuxième édition du Cybathlon, une compétition organisée par l’Ecole polytechnique de Zurich qui fait concourir des athlètes handicapés assistés par des machines.

Les épreuves sont des gestes du quotidien

Même si Kevin fait du tennis en compétition, il n’est pas là pour réaliser une performance sportive. « Le but de la compétition est d’accomplir une suite de gestes quotidiens pour lesquels des prothèses sportives ne seraient d’aucune utilité. Nous avons l’intention d’ajouter de nouvelles épreuves tous les quatre ans pour favoriser l’émulation en matière de recherche robotique. L’objectif final étant l’inclusion des personnes handicapées dans la société », nous explique le directeur du Cybathlon, Roland Sigrist. 

L'une des épreuves du Cybathlon consiste à monter des escaliers.
01net.com – L’une des épreuves du Cybathlon consiste à monter des escaliers.

Notre pilote d’exosquelette doit accomplir son parcours le plus vite possible : slalomer entre des obstacles, ouvrir une porte ou encore descendre une pente. Les compétiteurs armés de bras robotisés doivent, eux, enfiler une chemise sur un cintre et en fermer les boutons. Pour Kevin Piette, l’épreuve la plus difficile consiste à monter et descendre des escaliers. Lorsqu’il est en équilibre, il supporte à la fois les 80 kilos de l’engin et son propre poids. Ce qui explique que des membres de l’équipe restent en permanence à proximité par sécurité. « C’est la partie la plus physique. Sinon, le reste demande énormément de concentration et cette concentration fatigue elle-aussi au bout d’un certain temps », nous confie-t-il après plusieurs répétitions.

L’Homme en symbiose avec la machine

Il ne suffit pas de se glisser dans l’exosquelette et de se laisser ensuite conduire par la machine. Le pilote doit apprendre à connaître le fonctionnement d’Atalante et entrer en symbiose avec. « Le pilote sélectionne un mode comme la marche ou le demi-tour. Et quand il est prêt, il se penche en avant. Cette intention est détectée grâce à une centrale inertielle placée dans le gilet. Et c’est ce qui déclenche le mouvement », nous détaille Vaiyee Huynh, ingénieure chez Wandercraft. Atalante possède 12 degrés de liberté, c’est-à-dire des articulations robotisées. Ce qui explique le petit bruit caractéristique et futuriste qui accompagne chaque mouvement.

Un patient en centre hospitalier utilisant Atalante.
Wandercraft – Un patient en centre hospitalier utilisant Atalante.

La machine est ajustable manuellement à la morphologie de l’utilisateur et les trajectoires sont précalculées. Des algorithmes viennent toutefois affiner la flexibilité du robot. Ce qui nécessite d’être en lien directement avec les serveurs de Wandercraft. La particularité d’Atalante, c’est de supprimer les béquilles que l’on voit habituellement sur ce type d’exosquelette. Et de proposer une marché bipède plus bénéfique pour la santé que la quadrupède. Ce qui explique aussi que le produit soit utilisé dans plusieurs centres de rééducation en France. « Nos clients sont des services hospitaliers comme Berck-sur-mer, La Musse, Kerpape ou Pionsat », énumère le PDG de Wandercraft Mathieu Masselin.

Vers une version personnelle ?

Pour le moment, Atalante n’est pas commercialisé auprès du grand public. Mais une version personnelle est à l’étude. Des compétitions comme le  Cybathlon pourraient accélérer les choses. Cela a déjà permis de développer de nouveaux algorithmes et l’interface sur smartphone qui communique directement avec la machine en Bluetooth. « Cela nous sert de preuve de concept mais nous ne voulons pas annoncer de date pour ne pas donner de faux espoir aux gens », ajoute encore Mathieu Masselin.  

Kevin Piette a conscience de jouer un rôle dans ce défi technologique. « Je souhaite que cet exosquelette apporte une meilleure autonomie, que ce soit en extérieur ou en intérieur », espère-t-il. Il ne nourrit pour autant nostalgie de ses jambes valides. Ce qu’il attend d’une machine comme l’exosquelette, c’est la perspective d’effectuer des tâches en hauteur avec davantage de confort de vie.

Images tournées sur le campus Pierre et Marie Curie de Sorbonne Université

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Amélie CHARNAY