En théorie, les choses restent assez simples pour l’impression de photos dans un contexte personnel. Deux techniques sont en lice : le jet d’encre et la sublimation, la seconde étant plutôt réservée aux petites
imprimantes 10 x 15 cm, alors que le jet d’encre, lui, aborde tous les formats. Si on y regarde de plus près, on découvre un monde infiniment plus complexe où règne une unité étrange et à géométrie très variable : le
‘ ppp ‘. Voyons dans un premier temps comment nos images sont retranscrites sur le papier.
Plusieurs façons de jeter l’encre
La légende entourant le jet d’encre est assez amusante. Plusieurs versions circulent sur la paternité de la technique. Chez Canon, l’idée viendrait d’un ingénieur qui aurait posé un fer à souder sur une seringue
pleine d’encre, provoquant l’éjection du liquide. Chez HP, un salarié émerveillé devant une machine à café aurait cherché à utiliser les propriétés de ce mouvement d’eau, mais sans aucune action mécanique. Au final, c’est
IBM qui va breveter cette technologie dans les années 70 et la première imprimante, l’ IBM 4640 Ink-jet, voit le jour en 1976. Fer à souder ou cafetière, toujours est-il que, peu après, est née l’impression par dépôt
d’une bulle d’encre sur la feuille de papier.Cela étant, toutes les imprimantes à jet d’encre n’utilisent pas la technique de la bulle d’encre. Epson, par exemple, utilise un système piézoélectrique (voir infographie ci-dessous). Hormis
cette différence de procédé, le principe est dans tous les cas le même : une tête d’impression se meut le long d ‘un axe perpendiculaire à celui du déplacement de la feuille de papier. Les bulles d’encre sont déposées par
des ‘ buses ‘ : plus celles-ci sont fines et plus le niveau de détail est subtil ; plus ces buses sont nombreuses et plus la surface ‘ peinte ‘ sera importante.L’imprimante sera également plus rapide. L’éjection de la goutte d’encre est provoquée par sa vaporisation. L’encre est chauffée localement à une température très élevée (plus de 300?’C) plusieurs fois
par seconde. Elle se vaporise donc dans le récipient qui contient la goutte (à l’état gazeux, elle prend beaucoup plus de place), et une bulle s’éjecte pour atterrir sur le papier. Par ailleurs, ce
‘ chauffage ‘ de la bulle d’encre est une des raisons pour lesquelles une imprimante à jet d’encre nécessite quelques secondes de mise en route avant de pouvoir fonctionner.Si elle est techniquement exacte, la règle qui veut que plus les buses sont petites, meilleur est le rendu (puisque le niveau de détail est plus fin), connaît une exception. L’augmentation du nombre des buses n’est pas la
seule façon d’accroître la qualité de l’impression. L’autre option utilisée dans les imprimantes photo consiste à augmenter les niveaux de couleurs disponibles par superposition de gouttelettes, ou en proposant de joindre des
couleurs supplémentaires, plus claires, à celles que l’imprimante possède à la base : le jaune, le magenta et le cyan (auxquelles on ajoute généralement du noir).
Le joli nom de sublimation : que cache-t-il ?
Si ce terme est plaisant, son explication est plus terre à terre. En langage scientifique, la sublimation est le passage d’un corps de l’état solide à l’état gazeux, sans passer par une phase liquide. En
l’espèce, c’est de la sublimation de l’encre dont il est question. C ette transformation s’effectue sous l’effet d’une montée brutale en température. Les imprimantes à sublimation reposent sur le transfert
d’une teinture cireuse, contenue dans des cartouche spéciales, sur le papier. Ce papier est également particulier car il est destiné à recevoir les couleurs par transfert thermique. Le processus thermique permet de transformer la teinture en
gaz, qui se diffuse sous la forme d’une mince couche réceptrice sur le papier. Une tête d’impression chauffe trois éléments recouverts de gaz jaune, magenta et cyan. La particularité de la sublimation est de déposer les trois couleurs
(jaune, magenta, cyan) l’une après l’autre et non simultanément, comme c’est le cas avec le jet d’encre. Par ailleurs, le nombre des couleurs est fixe (jaune, magenta et cyan).Cette technologie permet d’obtenir des tons perçus comme continus (alors que le jet d’encre, en déposant des points, crée une mosaïque) et les imprimantes à sublimation ont longtemps donné les meilleurs résultats. En
pratique, un tirage par sublimation est indiscernable à l’?”il d’un tirage photo traditionnel. Mais le jet d’encre progresse à pas de géant et, aujourd’hui, l’écart qualitatif entre les deux technologies est
quasi nul pour les meilleurs jet d’encre. La sublimation conserve pour elle une utilisation très simplifiée (les imprimantes ne proposent aucun réglage) et un coût de revient facilement calculable puisque l’encre et le papier sont
vendus dans un même kit.
Les arcanes des mystérieux ‘ ppp ‘
Lorsque vous vous penchez sur une fiche technique d’imprimante, l’un des premiers éléments fournis est le ‘ nombre de ppp ‘. Cette valeur de ‘ ppp ‘ est sans doute l’une
des plus obscures de la photo car elle varie selon le type d’imprimante : ‘ ppp ‘ est l’acronyme de ‘ points par pouce ‘. Lorsqu’il s’agit d’une imprimante à
jet d’encre, c’est le nombre de gouttelettes d’encre qu’elle est capable de déposer sur le papier pour une distance de 2,54 cm (un pouce). Les têtes d’impression contiennent un grand nombre de
‘ buses ‘, ces espèces de petites seringues d’où sont éjectées les bulles d’encre. Leur nombre varie selon les marques, mais il est de l’ordre de 300 à 500, par couleur ! Le nombre de points par
pouce qu’une imprimante est capable de générer varie en général de 1200 x 600 à 4 800 x 1200, voire plus selon les modèles.Il existe en fait une grande différence entre le ‘ ppp ‘ des imprimantes à jet d’encre et celui des imprimantes à sublimation. L’imprimante à sublimation est basée sur une trame précise de points,
par exemple 300 x 300 points pour la petite Canon CP 400. Chacun de ces points traduit exactement la teinte d’un pixel grâce à la technologie de diffusion successive de cires de couleur. Il s’agit donc vraiment de points
par pouce au sens strict.De leur côté, les imprimantes à jet d’encre reconstituent la teinte d’un pixel en projetant une grande quantité de bulles microscopiques (dont la contenance se mesure en picolitre, la valeur moyenne se situant entre 1,5 et
8 picolitres par bulle). La taille de ces bulles est modulée suivant la résolution demandée. Plus la résolution est fine, plus les bulles sont petites. À l’inverse, en mode brouillon, les imprimantes travaillent avec des gouttes beaucoup
plus grosses. La résolution des imprimantes à jet d’encre indique le nombre de gouttelettes utilisées par pouce, ce qui donne des chiffres élevés. L’imprimante jet d’encre A4 Epson R800 affiche par exemple une résolution de
5 760 x 1440 ppp.
Tous les ppp sont loin d’être égaux
En résumé, lorsqu’il figure sur une fiche technique, le nombre de ‘ ppp ‘ désigne une performance de l’imprimante, à lire de façon différente selon qu’elle est à sublimation ou à jet
d’encre. Histoire de compliquer un peu les choses, ce ‘ ppp ‘ de l’imprimante n’a rien à voir avec la résolution à l’impression que votre logiciel de traitement d’image vous permet de
définir. Une photo numérique est une mosaïque de petits pixels carrés. Le Nikon D70, par exemple, fournit des images de 3 008 pixels de large sur 2 000 pixels de haut ; le Casio Exilim-S500, des images de
2 560 pixels de large sur 1920 de haut, etc. Cette valeur est une donnée spécifique à chaque modèle d’appareil (ou plus exactement à chaque capteur).Le pixel au niveau de l’appareil n’a pas de taille, c’est juste une information numérique. Lorsque l’on imprime la photo, on va matérialiser ce pixel, et donc lui donner une taille. C’est à ce niveau
qu’entre en lice un autre ‘ ppp ‘ : le ‘ pixel par pouce ‘ des réglages de votre logiciel de traitement d’image, réglage dont dépend la qualité de l’impression. Pour une
imprimante à jet d’encre, une valeur entre 150 et 200 pixels par pouce doit offrir de bons résultats. Un magazine comme Micro Photo Vidéo est imprimé à une valeur de 300 pixels par pouce.La valeur de ‘ pixel par pouce ‘ lors de l’impression définit le nombre des pixels de l’image imprimés sur une distance d’un pouce (un pouce est équivalent à 2,54 cm). Plus le nombre
de ‘ pixels par pouce ‘ est élevé, plus l’image est petite, et vice-versa.Pour reprendre l’exemple du D70, l’image contient 3 008 pixels de large. Si on en imprime 300 sur une distance de 2,54 cm, l’image imprimée va mesurer 25,4 cm (3 008/300 =
10 pouces, soit 10 x 2,54 = 25,4 cm). Si vous décidez de l’imprimer à 200 pixels par pouce, l’image imprimée va mesurer 38,2 cm de large. Au-delà du petit exercice d’arithmétique, ce qu’il
convient de retenir, c’est que le nombre de ‘ pixels par pouce ‘, à l’impression, sert à définir la manière dont va être réparti le nombre de pixels fixes que contient une image. Plus la densité de pixels
imprimés sur le papier, par unité de distance, est élevée, plus l’image va être petite, et inversement, le tout en tenant compte de la valeur nécessaire pour obtenir une qualité d’image (autour de 200 pixels par pouce).
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