Le clan DVD-RAM a commencé par une démonstration de force en réunissant une quinzaine de constructeurs et d’intégrateurs autour d’un pavillon dévolu à sa technologie. Sur les étals, on retrouvait pêle-mêle des lecteurs, des enregistreurs, des juke-box, un caméscope ou encore toute une série de médias d’une capacité de stockage allant de 2,6 à 9,4 Go.Les prix ont largement baissé. Un enregistreur de 4,7 Go se négocie maintenant autour de 4 000 F et une galette vierge moins de 200 F. Sept fabricants proposent désormais des enregistreurs DVD-RAM, et douze fabriquent des supports réinscriptibles. C’est ainsi que le format défini par Hitachi, Panasonic et Toshiba s’est autoproclamé standard. Reste qu’il est toujours impossible de lire un DVD-RAM avec les lecteurs de salon actuels.A quelques encablures de là, Pioneer a créé la surprise en présentant le premier lecteur enregistreur DVD-R/RW, un appareil présenté comme la panacée en matière de disque réinscriptible. A la différence du DVD-RAM, son lecteur CD/DVD est capable d’enregistrer des CD-R, des DVD-R, des CD-RW, mais aussi le tout nouveau format DVD-RW de 4,7 Go.Mieux encore, là où les galettes DVD-RAM ne sont lisibles que par quelques lecteurs DVD-ROM pour micros, les DVD-RW sont lisibles par ” un grand nombre ” de lecteurs DVD de salon ainsi que par ” une majorité ” de DVD-ROM pour micro.
Le DVD-RW joue la carte de la compatibilité
Pourquoi de telles nuances ? ” Certains lecteurs actuels ne reconnaissent pas le numéro d’identification des DVD-RW. Ils refusent donc bêtement de lire le disque alors qu’ils le pourraient. Une simple modification du logiciel système suffirait à les rendre compatibles “, assure Andy Parson, responsable technologique chez Pioneer.Le DVD-RW évite ainsi les problèmes de compatibilité du DVD-RAM, car il utilise le même format d’enregistrement séquentiel que le DVD-R ?” un peu comme le CD-RW reprend le format du CD-R. Le DVD-RAM, de son côté, a été optimisé pour le stockage de fichiers informatiques. L’enregistrement s’y fait donc de façon aléatoire comme sur un disque dur. Les accès sont plus rapides, il y a moins d’espace perdu, mais seuls les futurs lecteurs de salon seront compatibles.Pour éviter de se laisser distancer, le DVD-RAM mise maintenant sur la puissance de ses promoteurs et essaie de marginaliser le DVD-RW. ” Cela fait deux ans que nous livrons du DVD-RAM, les plus grands constructeurs sont derrière nous, et c’est aujourd’hui la technologie la plus versatile. Le DVD-RW, quant à lui, est limité à la création de masters pour la vidéo. Son enregistrement séquentiel n’est pas du tout adapté au stockage informatique “, martèle Andy Marken, porte-parole de Panasonic.Bien entendu, Pioneer récuse ces arguments. Il mise tout sur sa compatibilité avec un maximum d’appareils existants. ” Regardez le CD-RW : il n’a décollé qu’à partir du moment où les disques ont été lisibles un peu partout. Ce sera la même chose avec le DVD-RW “, estime Andy Parson.Grand absent de cette lutte : le format DVD+RW de Sony et de Philips. Depuis plus d’un an, les frères ennemis promettent un disque qui offrirait la même compatibilité avec les lecteurs existants que le DVD-RW. Mais après de multiples retards de développement, Sony aurait jeté l’éponge laissant Philips faire cavalier seul. On murmure maintenant que le japonais aurait choisi de se ranger du côté de Pioneer et de soutenir le DVD-RW.DVD-RAM et DVD-RW saisiront désormais toutes les occasions pour rameuter de nouveaux partisans. La prochaine bataille est déjà fixée : ce sera au début de l’année prochaine lors du salon Consumer Electronics Show (CES). Chaque belligérant prétend y arriver avec de nouveaux partenaires ou un soutient d’envergure. Pioneer a gagné la bataille de compatibilité et Panasonic celle de la performance. Reste maintenant à savoir qui prendra l’ascendant commercial.
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