L’opportunité d’un marché tout neuf ne se présente pas tous les quatre matins. Celui de l’accès à internet en France est quasiment vierge, avec une pénétration qui n’atteint pas 20 %. Un vaste panorama de chalands et de chalandises s’ouvre aux fournisseurs d’accès. Ils ne sont plus qu’une dizaine aujourd’hui. Pour certains la consolidation finit par payer. Aujourd’hui, un Wanadoo capitalise plus cher (8,5 milliards d’euros) qu’une solide vieille dame comme TF1 (7,2). Mais il n’est pas certain que la poignée de pure-players actuelle se partage à elle seule l’appétissant gâteau.En effet, il y a seulement deux mois que le Crédit agricole, surprenant son monde, a décidé de se lancer dans la fourniture d’accès à internet. Ce faisant, le groupe français marchait dans les traces de la Bradesco. La numéro 1 des banques brésiliennes a été l’une des premières au monde a s’apercevoir qu’elle dormait sur un tas d’or et qu’elle n’avait qu’à se baisser pour s’enrichir. Toute entreprise détenant aujourd’hui quelques millions de clients peut faire le même calcul. Avec ses 16 millions de détenteurs de comptes, le Crédit agricole peut légitimement se dire que seuls 13 % d’entre eux (le taux de pénétration hexagonal, donc) ont souscrit à une offre d’accès. Plutôt que d’avoir à se battre avec un Wanadoo ou un Free pour que ses services financiers apparaissent en bonne place sur un portail tiers, le mieux est d’opérer soi-même. En l’occurrence, le Crédit agricole n’a pas fait les choses à moitié avant de se lancer, puisqu’il s’est allié pour ce faire avec TF1, un intervenant au savoir-faire majeur sur le marché de l’audience.Alors c’est vrai que 80 % du terrain reste à conquérir. Mais, si la démarche du Crédit agricole fait florès, les terres vierges ne devraient pas le rester longtemps. On peut notamment penser à La Poste qui ne cache pas sa volonté ?” et ses ambitions ?” dans ce domaine, et qui dispose d’une extraordinaire machine de guerre via sa notoriété et un maillage d’agences inégalable. Si les vieux de la vieille se rebiffent, la confiscation du marché de l’accès internet va donc intervenir très tôt. C’est à la dizaine de pure-players actuels de leur faire des offres de services. C’est ce qui s’appelle mesurer le danger.
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