E n Israël, attirer des fonds est un défi et faire déplacer un partenaire étranger relève presque de l’acte de bravoure. Alors les sociétés high-tech locales exploitent à fond ce qui est, après tout, leur fond de commerce : les échanges dématérialisés.
Fantine Bio.
L’intelligence voyage bien
Fantine Biomédicale est le fruit de la rencontre de deux expériences aujourd’hui complémentaires. Celle de Gilles Darmon, d’abord, spécialiste du conseil en management pour les sociétés high-tech, bien intégré dans la société israélienne puisqu’il est le fondateur de Lateg (“donner” en hébreu), une ONG d’aide médicale d’urgence pour les 17 % d’Israéliens vivant avec à peine 2 800 shekels (environ 500 euros) par mois, et celle d’Eric Messika, docteur en immunologie, qui a déjà créé une start-up aux États-Unis. Fantine Biomédicale cumule donc deux activités : le conseil en stratégie et en investissement auprès des sociétés israéliennes qui cherchent des débouchés en Europe et le développement de plateaux techniques, d’appareils chirurgicaux, d’imagerie médicale et de méthodes pour sélectionner et trier les molécules susceptibles devenir de futurs médicaments.Si les associés restent discrets sur les résultats de l’entreprise, ils précisent que la mise au point d’une molécule nécessite quelque 100 000 dollars (101 750 euros) par chercheur et par an en moyenne, soit 4 à 5 millions de dollars pour un projet. Le ticket d’entrée pour une telle entreprise se monte au minimum à 1 million de dollars. La méthodologie mise au point par Fantine Biomédicale a déjà séduit : “En mars 2000, à l’apogée de l’Intifada, nous avons fait venir l’une des plus grosses sociétés pharmaceutiques mondiales afin qu’elle puisse trouver en Israël de nouveaux protocoles et de nouvelles technologies qui permettront d’obtenir de futures molécules d’une part, d’acquérir une méthodologie expérimentale de triage d’autre part”, indique Eric Messika. Merck compte ainsi parmi ses partenaires, et d’autres contrats sont en cours de signature, mais là aussi, les fondateurs de Fantine Biomédicale reste discrets… La molécule est une denrée précieuse.
Jetsite
Des synergies locales
Jetsite est la société virtuelle par excellence qui gère l’ensemble de sa production et de ses relations commerciales via internet. Créée en mars 1999 par trois jeunes ingénieurs français, Jetsite se spécialise d’emblée dans la création de sites, la gestion de bases de données, de contenus et la gestion de la relation client. Tout naturellement, Daniel Razasinjito, Laurent Chicheportchiche et Joe Cohen vont chercher une partie de leur clientèle en France. C’est ainsi qu’ils travaillent pour TF1 Publicité Production, Bouygues Telecom et Accor Concorde. Aujourd’hui, la France ne génère que 15 % de leur activité. Mais les trois associés comptent monter la part hexagonale à 35 % d’ici à 2003.Après un peu plus de trois ans d’existence, Jetsite se tourne vers un marché porteur, la biotechnologie, en passant par une étape intermédiaire, la télémédecine. Un glissement favorisé par la législation israélienne qui permet d’adapter son pôle de compétences et ses ressources en fonction des fluctuations du marché. Mais également par l’environnement immédiat : “Nous bénéficions de la synergie et de la proximité de pôles de R & D comme ceux d’Intel et Microsoft. Ceci est vécu comme un eldorado”, explique le responsable communication.Grâce à la dématérialisation des échanges avec ses partenaires, Jetsite limite l’impact du conflit israélo-palestinien sur son activité. “Le fait de travailler uniquement via le réseau sécurise grandement nos partenaires et limite les déplacements”, souligne encore le responsable. En outre, les trois associés s’efforcent de signer des contrats sur le long terme. Pourtant, Jetsite fait les frais de la crise locale. Il est en effet difficile de maintenir l’activité d’une start-up dans un marché aussi chaotique, et Jetsite reconnaît à demi-mot que le recul des investissements est perceptible et persistant.
Visionix
Une technologie universelle
Visionix ressent chaque jour directement les effets de l’Intifada. Récemment encore, 10 de ses 50 salariés ont rejoint pour deux mois le flot des réservistes. Ce ne peut être sans conséquence pour une société de trois ans d’âge qui a réalisé l’an passé 3 millions de dollars de chiffre d’affaires et vise les 5 millions cette année. Mais Visionix a des ressources, à l’image de ces projets d’entreprise nés au fond d’un garage, en l’occurrence dans une caravane près de Jérusalem. Sa spécialité ? Le développement de produits basés sur la technologie électroptique en trois dimensions. Son premier produit ?” une cartographie en trois dimensions des verres optiques ?” a pu être lancé grâce à un soutien de l’État, qui a joué l’incubateur à hauteur de 200 000 dollars sur deux ans. Actuellement cette même technologie s’applique aux verres de contact.Autre projet développé et qui se rapproche de la télémédecine, Stridi Visionix qui permet à toutes personnes d’essayer et de concevoir ses lunettes depuis son domicile par internet, et ceci vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les références de Visionix sont prestigieuses : parmi elles l’opticien Essilor, qui est son principal distributeur, ainsi que Zeiss ou encore Rodenstock. Ariel Blum, vice-président exécutif, reconnaît bien volontiers que “disposer d’une niche technologique sur un produit fini favorise vraiment les affaires dans la conjoncture actuelle “.Cependant, Visionix doit redoubler de volontarisme pour pallier aux craintes de ses partenaires : “Il nous a fallu quasiment doubler les budgets marketing et déplacement. Les acteurs du marché nous conservent leur confiance, mais ils redoutent actuellement de venir en Israël.” Une petite note d’optimisme toutefois : le patron d’Essilor est venu en personne visiter la jeune pousse. Aujourd’hui, Visionix tente de diversifier ses marchés géographiques et lorgne sur l’Asie, plus particulièrement sur le Japon et la Chine.
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