Clémence Pène : "Anne Hidalgo veut la convergence entre le web et le terrain"

01net : Comment avez- vous connu Anne Hidalgo ?

Clémence Pène : J’ai rencontré Anne en 2010 lors des élections régionales. J’avais fait une année de césure dans mes études pour m’occuper du web pour Jean-Paul Huchon. On avait bien accroché donc on a commencé à réfléchir à quoi pourrait ressembler sa campagne web dès l’été 2012. Il y a presque deux ans. Mais je ne suis embauchée à temps plein que depuis le mois de mars.

Vous avez travaillé sur la campagne d’Obama. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je suis doctorante en sciences politiques à Paris 8 et à l’Université de Columbia, donc je fais des aller-retours entre les Etats-Unis et la France pour des séjours de recherche. C’est dans ce cadre et pour les besoins de ma thèse que j’ai travaillé chez Blue State Digital, la plateforme logicielle utilisée par Obama lors de sa dernière campagne présidentielle, mais j’ai aussi étudié le local de campagne d’Obama à Chicago.

Quels enseignements en avez-vous tirés ?

Les Américains apportent une importance considérable aux analytics. Rien n’est lancé sans être testé. En France, on conserve encore des habitudes et des traditions partisanes. On commence heureusement à se professionnaliser et à utiliser des outils logiciels pour rationaliser l’activité militante et électorale. En ce qui concerne la campagne d’Anne Hidalgo, nous fonctionnons avec Blue State Digital pour le mailing et Cinquante plus un pour cibler des immeubles dans le carte du porte à porte. Nous savons très précisément toutes les semaines si nos mails ont été lus et par qui, quelles portes ont été frappées, quel arrondissement l’on doit cibler. Nous avons 25 000 contacts dans la base Blue State Digital mais 10 000 seulement qu’on décide de mobiliser pour l’action en ligne et qui sont fédérés autour de la communauté “Avec Anne”.

Comment l’équipe web d’Anne Hidalgo est-elle organisée ?

Nous sommes une grosse dizaine sans compter les responsables web d’arrondissement. Mais la vraie nouveauté de cette campagne, qui tient peut-être à son caractère local, c’est la convergence entre le terrain et le web.

Quelle est votre stratégie sur les réseaux sociaux ?

On essaye de faire vivre aux gens l’aspect coulisses, ce qui se passe au local, par exemple. Même si on a un vidéaste qui réalise notamment une web série pour la campagne, j’utilise l’appli Vine pour mettre en ligne immédiatement des petites vidéos. On a pas beaucoup d’argent et ça nous évite, par exemple, de filmer tout un meeting. C’est plus marrant mais on fait aussi attention à ne pas ridiculiser les candidats.

Sinon, Anne tweete elle-même. Mais elle ne va pas s’amuser à écrire « Je suis au salon de l’agriculture » donc ça on le fait pour elle. Et l’équipe de campagne peut adopter un ton plus libre sur son compte « Avec Anne ». https://twitter.com/AvecAnne

On tâche aussi de garder un équilibre entre Anne Hidalgo et ses colistiers : il faut relayer leur parole sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs pour cela que le site de campagne a été conçu dès le début avec la carte des arrondissements en plein milieu.

Enfin, on a essayé de créer des événements capables d’élargir la base de sympathisants comme le hackathon où l’on a réuni des développeurs pour innover dans les outils de campagne. [l’application AnneStagram a été lancée grâce à cela depuis]. On a également multiplié les Pop up [prises de parole avec happening]. Et d’une manière générale, on s’interdit d’envoyer des messages négatifs ou de faire de la désintox.

Voir notre dossier spécial Municipales 2014