Le Nouvel Hebdo :
Une note de Merrill Lynch du 31 janvier 2002 relève certaines tentatives hasardeuses de diversification d’Intel. À quelle logique répond cette stratégie ? Claude Léglise : Il y a cinq ans, nous ne possédions qu’une seule ligne de produits dominante : les microprocesseurs et les circuits périphériques pour PC. Nous nous sommes engagés depuis dans une stratégie d’exploration. D’où un grand nombre d’initiatives dans des domaines qui semblaient prometteurs. Il y a deux ans, Intel développait une douzaine d’activités. Depuis 18 mois, nous élaguons pour nous concentrer sur un nombre limité de marchés. En 2000, Intel a investi 1,3 milliard de dollars (1,49 milliard d’euros) dans quelque 300 entreprises. Combien en 2001 ? L’an dernier, nous avons investi 360 millions de dollars dans 175 transactions. En 1998, nous avions moins de 5 % de nos investissements en dehors des États-Unis. Mais l’année dernière, 45 % furent réalisés hors des États-Unis. Nous menons une politique active de recherche d’idées partout dans le monde. Mais pourquoi ce brutal ralentissement de vos investissements ? Ce ralentissement est en partie lié à l’explosion de la bulle internet. Quatre éléments expliquent cette chute. Les créations d’entreprises ont diminué, réduisant ainsi les possibilités d’investir. La valorisation de ces sociétés a également beaucoup baissé. Nous avons donc atteint nos buts stratégiques en investissant moins. La troisième raison est que nous cherchons toujours à avoir un ou des coinvestisseurs qui soient des sociétés de capital-risque. Votre présence à Cannes fut remarquée lors du 3GSM World Congress. Avez-vous l’intention de recréer dans la téléphonie mobile le Wintel que vous avez formé dans la micro-informatique grand public ? Nous avons une présence importante dans le monde de la téléphonie mobile sous forme de mémoires flash. C’est 8 % de notre chiffre d’affaires [27 milliards de dollars, ndlr]. Tous les fabricants de téléphones mobiles sont nos clients. Le grand changement, c’est que les téléphones vont devenir des plateformes de calcul alors que depuis toujours, ce sont des systèmes embarqués. Si les téléphones travaillent sur des données, ils deviennent des ordinateurs et c’est notre métier ! La téléphonie mobile ne risque-t-elle pas de cannibaliser vos activités micro-informatiques ? Nous sommes convaincus que le PC a sa dynamique, différente de celle du téléphone. Les deux sont complémentaires voire parallèles. Que pensez-vous des analyses selon lesquelles le marché du PC est arrivé à maturité ? Cela ne nous inquiète pas. Aux États-Unis, 90 % des enfants de moins de 17 ans ont accès à un PC. Le marché est proche de la saturation. Nous en avons conscience : c’est un marché de remplacement. Mais en Chine, seuls 5 % des gens qui peuvent acheter un PC ont franchi le pas. Est-ce que ça va monter à 90 % ? Je le crois. Dans des villes comme Shanghaï, la pénétration des foyers atteint 30 %. D’ici à 5 ans, on pourrait voir les marchés émergents ?” la Chine, l’Inde, la Russie, le Mexique, le Brésil ?” représenter la moitié des affaires de l’informatique.
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