Cinq chiffres suffisent à comprendre que l’américain Cisco Systems s’en sort mieux que les autres. Depuis 1993, le Californien a racheté 73 sociétés pour 371 milliards de dollars (376,5 milliards d’euros). Sa capitalisation boursière pointe encore à 88 milliards, sa trésorerie à 21,5 milliards et sa dette à zéro.Certes, la croissance externe du numéro 1 mondial a subi une sévère baisse de régime. Cisco a racheté 40 entreprises en 2000, 2 en 2001 et 4 depuis le début de l’année. Comme tout le monde, l’entreprise souffre. Selon le formulaire 10-K, déposé par le groupe auprès de la SEC (gendarme de la Bourse américaine), le carnet de commandes de Cisco est passé de 2 milliards de dollars au 14 septembre 2001 à 1,4 un an plus tard, soit une belle chute de 30 %.Les salariés du groupe ont réglé la note. Le nombre total d’employés est passé à 35 600, après que 8 500 autres ont été invités à prendre la porte. C’est le président de l’équipementier, John Chambers, qui expliquait dans les colonnes du Nouvel Hebdo comment ses compteurs lui permettaient d’opérer une gestion en temps réel de son entreprise. Il y a seulement deux ans, Cisco, qui recrutait plusieurs centaines de nouveaux salariés par mois, pouvait encore se vanter d’un ratio de 600 000 dollars de chiffre d’affaires par collaborateur !Malgré les aléas de la croissance mondiale, sur un marché global en chute de 27 % au 2e trimestre, Cisco continue de rester leader en parts de marché, du moins selon les mesures du Synergy Research Group. La recette de Cisco, c’est de ne pas s’éparpiller. Son métier, ce sont les réseaux, la transmission de données. Toutes ses acquisitions technologiques tournent autour de ce métier.De façon, semble-t-il, concentrique, elles élargissent son savoir-faire et ses perspectives de croissance, comme le prouve le rachat en septembre de la société Andiamo Systems. Voisine de Cisco à San Jose, Andiamo est un spécialiste du stockage de données. Pour John Chambers, cette nouvelle opération de croissance externe “va dans le sens de la stratégie de Cisco, qui souhaite entrer sur de nouveaux pôles de croissance, comme le stockage en réseaux “. Pas démoralisé, John Chambers espère devenir rapidement le “deuxième ou troisième acteur” d’un marché de la sauvegarde extériorisée des données, le Storage Area Network ou SAN.John Chambers ne vise pas ce marché pour le plaisir, puisque cette activité spécifique de réseau est attendue, selon le cabinet Gartner, à 4,3 milliards de dollars en 2006. Si la recette de Cisco fonctionne, c’est aussi que les 500 millions d’internautes n’ont pas disparu du réseau internet, pas plus que les entreprises. Crise ou pas crise, ce sont de gigantesques volumes de données qui transitent toujours à travers le monde, et qui réclament, pour une circulation fluide, des routeurs et de l’intelligence artificielle.Aujourd’hui, non seulement le trafic de données ne patine pas, mais il pourrait même s’accélérer avec la démocratisation de l’internet rapide et les besoins des entreprises non télécoms. Personne n’achemine lui-même ses données, pas plus que son électricité. Et la transmission assistée, c’est le métier de Cisco.
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