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Cinq majors se font un film

A l’exemple de ce qu’ils ont fait pour la musique en ligne, les grands studios américains s’attaquent désormais à la distribution de films en ligne. Effet d’annonce ou tournant industriel ?

Cinq grands studios hollywoodiens annoncent la création d’une coentreprise de distribution de films à la carte, le premier service à offrir une grande sélection de films de cinéma sur un support numérique.Ce service, destiné aux utilisateurs de l’Internet à haut débit aux Etats-Unis, est mis sur pied par Metro-Goldwin-Mayer, Paramount Pictures (groupe Viacom), Sony Pictures Entertainment, Universal Studios (groupe Vivendi Universal) et Warner Bros, filiale de AOL Time Warner.Le nom et la date de lancement du service seront dévoilés ultérieurement, précisent les cinq ” majors ” dans un communiqué commun. Il sera dans un premier temps basé sur un système de libre accès IP, d’autres moyens de distribution seront par la suite étudiés. Les films seront fournis, au service, sur une base de non-exclusivité.

Un taux d’équipement critique

Si les studios expliquent leur décision par le fait que le nombre d’utilisateurs haut débit, aux Etats-Unis, a désormais atteint une masse suffisante (35 millions dont 10 millions de foyers et 25 millions en entreprise et à l’université), c’est aussi pour contrecarrer l’annonce d’ AOL TW.Le géant de la communication, quoique présent via Warner Bros dans cette nouvelle coentreprise, a créé de son côté une nouvelle division destiné à développer la télévision interactive dont, notamment, la vidéo à la demande sur IP.Diffuser de la vidéo à la demande est un fantasme pour les studios et les grands réseaux de télévision américains depuis plusieurs années. Cependant, ce sont les indépendants, à l’instar de LiberaFilms ou Atomfilms, qui se sont lancés les premiers.Le passage à l’acte des grands studios traduit donc leur souci de ne pas se laisser dépasser par les initiatives des indépendants ou des pirates, comme cela a été le cas pour la musique en ligne.” Nous pensons que la nature humaine n’est pas prédisposée au piratage “, affirme dans un communiqué Barry Meyer, président directeur général de Warner Bros qui poursuit : ” En offrant activement une source de films pratique, abordable et de haute qualité, l’industrie cinématographique rencontre les besoins du public tout en protégeant avec succès notre propriété intellectuelle. “

Beaucoup d’interrogation sur la qualité

On ne s’étonnera donc pas que cette initiative reste encore floue dans ses modalités pratiques. Les films en streaming devraient, selon les analystes, être facturés au prix d’une location de vidéo (environ 4 dollars, soit environ 4,5 euros). La qualité, on le sait, risque de ne pas être au rendez-vous.Quant au téléchargement, on ne sait qu’une chose : il sera protégé par le logiciel DRM (Digital Rights Management). Il est à craindre que les temps de chargement restent élevés pour une qualité qui, là encore, sera moindre que celle offerte par un DVD.Cette annonce préfigure davantage le début des grandes manoeuvres entre studios et distributeurs (opérateurs câbles ou DSL) que la naissance d’un nouveau canal de diffusion audiovisuel.

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David Prud'homme (avec Reuters)