Les nuages s’assombrissent dans le secteur des télécommunications. Pour certains, l’heure est aux règlements de comptes. Henry Schacht en sait quelque chose. Le patron de Lucent vient de se faire taper sur les doigts par ses actionnaires lors de l’assemblée générale. Il lui est reproché, entre autres, son manque de clairvoyance dans le domaine des équipements optiques, alors que ce marché est l’un des rares à échapper au marasme économique actuel.Pendant ce temps-là, une poignée d’irréductibles – Ciena, Sycamore Networks, Corvis ou Oni Systems – s’est spécialisée dans les équipements de réseaux exploitant la technologie optique. Créée il y a tout juste cinq ans, Ciena constitue l’archétype de ces entreprises qui ont su se positionner sur un marché à fort potentiel, puisqu’il permet aux fournisseurs de services d’accroître la capacité de leurs réseaux à mesure qu’augmente le trafic de données. Un must, au moment où les échanges sur internet enregistrent une croissance de 35 % par an.
Une dépendance risquée
Les investisseurs ne s’y sont pas trompés. Depuis février 2000, le cours de l’action, cotée au Nasdaq, a fait un bond de près de 107 % ! Sur la même période, l’indice américain des valeurs technologiques a chuté de 44 %. Il est vrai que le marché du transport et de la commutation optique devrait peser, en 2003, la bagatelle de 24 milliards de dollars (26 milliards d’euros), soit une croissance de 63 % par rapport à son niveau actuel, selon les instituts de recherche Pioneer Consulting et RHK.Avec un certain aplomb, eu égard à cette conjoncture favorable, les dirigeants de Ciena viennent d’annoncer un chiffre d’affaires 2001 de 1,76 milliard de dollars, soit environ le double de celui réalisé l’an dernier. En décembre 2000, Ciena tablait, pour l’exercice en cours, sur une progression de 80 %. Excusez du peu…Comme l’explique un analyste de la banque américaine d’investissement WR Hambrecht, il existe une divergence entre des acteurs de taille modeste, mais exploitant les dernières technologies, et ceux disposant d’un plus large catalogue de produits et de clients. Or, les clients de Ciena, Oni Systems, ou Corvis – des opérateurs télécoms comme Level 3, Qwest ou Sprint – préfèrent investir dans des produits qui leur offrent à la fois des réductions de coûts et un accroissement de capacité.Il faut cependant nuancer : ces jeunes équipementiers sont bien sûr très dépendants de leurs acheteurs. Au premier trimestre 2001, les trois plus gros clients de Ciena représentaient 62 % de son chiffre daffaires. Que la clientèle décide de réduire ses commandes et ces fabricants pourraient re-joindre rapidement la cohorte des valeurs déprimées.
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