Comment réagir quand on est confronté à une cyberattaque ? Cette question taraude bon nombre de pays depuis des années. Israël vient de marquer les esprits en apportant une réponse assez radicale. Ciblées par une cyberattaque du Hamas, les forces de défense israéliennes ont répliqué avec des missiles pour détruire le site à partir duquel les hackers lançaient leurs opérations. D’après l’armée israélienne, cette contre-attaque fut un succès. « A partir de maintenant, le Hamas n’a plus de capacités cyber opérationnelles », a expliqué le général Ronen Manlis, dans les colonnes de ZDNet.
CLEARED FOR RELEASE: We thwarted an attempted Hamas cyber offensive against Israeli targets. Following our successful cyber defensive operation, we targeted a building where the Hamas cyber operatives work.
HamasCyberHQ.exe has been removed. pic.twitter.com/AhgKjiOqS7
— Israel Defense Forces (@IDF) May 5, 2019
C’est, semble-t-il, la première fois qu’un pays répond de manière physique et immédiate à une cyberattaque. L’acte est d’autant plus étonnant que le piratage, dont on ne connaît pas les détails, a visiblement pu être stoppé par voie informatique. Fallait-il dès lors répliquer avec des missiles ?
Un acte « inutilement disproportionné »
Interrogé par ZDNet, Dr Lukasz Olejnik, chercheur en sécurité à l’université d’Oxford, estime que les armées doivent toujours prendre en compte le principe de proportionnalité, pour éviter une escalade de la violence. Toutefois, cette contre-attaque particulière serait difficile à juger dans la mesure où elle est intervenue au sein d’un conflit armé qui était déjà en cours.
Pour sa part, Timo Steffens a un avis plus tranché. Dans un tweet, le chercheur en sécurité et directeur adjoint du Cert-Bund, le centre de réponses aux cyberattaques du gouvernement allemand, a estimé que cette réplique était « inutilement disproportionnée ».
Time will tell if and which of the GazaCybergang subgroups MoleRats/DesertFalcons/Operation Parliament will become inactive.
Unless new information will be available,in my personal opinion this attack against cyber operators was needlessly disproportionate https://t.co/Qx3kADOQgS https://t.co/61nqaisYnw— Timo Steffens (@Timo_Steffens) May 5, 2019
Drone contre hacker
En tous les cas, ce n’est pas la première fois que des hackers sont la cible de missiles dans le cadre d’un conflit armé. En août 2015, le citoyen britannique Junaid Hussain, l’un des piliers du groupe de pirates Cyber Caliphate de l’État islamique, a été tué par une frappe de drone américaine. Il figurait sur la liste des assassinats ciblés des Etats-Unis en raison de son niveau d’influence au sein du groupe terroriste.
A noter qu’en France, ce sujet de la rétorsion n’est pas tabou non plus. Ainsi, la Revue stratégique de cyberdéfense de 2018 (p162-163) n’exclut pas l’usage de la force physique en réponse à une attaque informatique, mais il faut que celle-ci soit majeure et constitue une « agression armée » au sens de l’article 51 de la Charte des Nations Unies.
Source : ZDnet
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