Après la chute des valeurs télécoms, le pire reste encore à venir pour les équipementiers du secteur, si l’on en croit Gartner Group qui livre chaque année le classement des huit géants mondiaux. “Qu’il y ait récession ou non, il y aura un ralentissement en 2001“, pronostique Dean Eyers, vice-président de l’institut de recherche américain en charge des télécoms. Selon lui, il ne fait aucun doute que les équipementiers devront gérer un taux de croissance inférieur aux 10 % à 20 % auxquels ils étaient habitués jusque-là, surtout depuis la dérégulation du marché des télécommunications en Europe et la poussée du haut débit.
Redistribution des rôles
“Nous nous attendons à une diminution de la demande pour les services, à une réduction et un report des investissements dans les réseaux et les applications, à des réparations plutôt que des remplacements de réseaux d’entreprises et à la disparition de certains clients“. Le tableau ne pourrait être plus noir. Le diagnostic de Dean Eyers exprime, en creux, les difficultés des opérateurs qui ont plongé corps et âme dans la téléphonie mobile de troisième génération, émoustillés par les équipementiers. Nokia, Ericsson, Alcatel, Siemens et Nortel, les plus présents sur les réseaux mobiles, sont solidaires de leurs clients. La grande majorité d’entre eux ont accordé des crédits aux fournisseurs, au-delà du raisonnable : certains de ces équipementiers ont avancé jusqu’à 100 % du montant du contrat. Les estimations de Merrill Lynch donnent l’ampleur du risque. Selon la banque d’affaires, le marché européen des infrastructures de réseaux mobiles pourrait atteindre les 200 milliards d’euros (1 312 milliards de francs) sur les quatre prochaines années. Cette hypothèse ne prend pas en compte la dernière idée à la mode : la mutualisation des réseaux entre plusieurs opérateurs. Ce qui, bien entendu, ne sert pas les intérêts des équipementiers.En 2000, en tout cas, Ericsson a su tirer son épingle du jeu puisque le Suédois devient en termes de chiffre d’affaires le leader mondial, détrônant ainsi Lucent. Suivent Nortel, Nokia, Lucent, Cisco, Siemens, Motorola et enfin le Français Alcatel. Ce classement porte déjà les stigmates des nouvelles stratégies qui se mettent en place, sous la contrainte des marchés financiers, notamment. Ainsi, le recul de Lucent s’explique en particulier par la scission de la branche réseaux d’entreprises. Et le périmètre d’Alcatel retenu par Gartner Group exclut la division composants. S’agissant d’Ericsson, rien ne dit qu’à la fin de l’année l’équipementier conservera ses terminaux mobiles. Il se contente de sous-traiter la fabrication de ses téléphones pour tenter de redresser ses marges. Le maintien sur le marché des terminaux mobiles se pose aussi pour tous les acteurs de taille moyenne comme Alcatel ou Siemens.
Ericsson devient leader mondial des équipements
Les huits premiers équipementiers télécoms en 2000 (chiffres d’affaires en milliards de dollars)
COMPAGNIES | Chiffres d’affaires 2000 | Chiffres d’affaires 1999 | Progression (%) | |||
Ericsson | 31,3 | 25,7 | 21,5 | |||
Nortel | 30,3 | 21,3 | 42,2 | |||
Nokia | 27,2 | 20,1 | 35,4 | |||
Lucent | 25,8 | 33,8 | -23,5 | |||
Cisco | 23,9 | 15,0 | 59,3 | |||
Siemens | 22,8 | 20,0 | 14,5 | |||
Motorola | 22,8 | 19,7 | 15,3 | |||
Alcatel | 21,6 | 17,1 | 26,6 | |||
Total | 205,7 | 172,7 | 19,1 | |||
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