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Chirurgien au bloc et en ligne

Promoteur de la première téléopération réalisée via internet, le professeur Jacques Marescaux fait école.

Premier chirurgien à avoir opéré, depuis New York, une patiente alitée à Strasbourg (*), directeur de l’Institut européen de téléchirurgie de Strasbourg (EITS), initiateur du site Websurg (www.websurg.com /fr/index.html), le professeur Jacques Marescaux n’a pas pour autant la lubie du surf. Ce chef de service, en poste à Strasbourg depuis quinze ans, “utilise au minimum internet.” L’aveu peut sembler paradoxal pour ce chantre du télémonitoring, de la réalité virtuelle et de la robotique : “Ce qui me passionne, c’est l’application des nouvelles technologies à la chirurgie”, explique, sans feindre, le médecin.

Une intelligence amplifiée

Affable, le “quinqua” relate la visite d’une usine Mercedes à Stuttgart en 1992 comme un moment clé. Frappé par les gestes sans faille du robot, le chirurgien a alors compris que ce type de technologie pouvait lui apporter une “intelligence amplifiée “. Tout d’abord pour la précision du geste : à la relation “maître-esclave”, que le chirurgien entretient avec son bistouri, succédera l’automatisation du geste chirurgical. Laquelle aboutira à la réalisation de “la suture parfaite”, s’enthousiasme le professeur. En pouvant visualiser sur un écran l’ensemble du procédé de l’opération, il lui est également possible de répéter l’ensemble de ses gestes avant le jour J. En somme, le chirurgien opère comme “un réalisateur qui ne conserve que les meilleures prises.”

Révision pré-opératoire

C’est ainsi que certains médecins réviseraient, à la veille d’une intervention, les différentes étapes de l’opération sur le site Websurg, qui a mis en ligne plusieurs démonstrations. La durée moyenne de connexion du site ?” 27 minutes ?” atteste de cette réalité, si l’on en croit le professeur. L’université virtuelle forme dorénavant 3 000 chirurgiens chaque année, venus de trois pays : la France, le Japon et les États-unis ?” chacun pour un tiers environ.La récente accréditation des autorités américaines pour la formation continue des chirurgiens sur le site vient couronner ce succès en hissant l’EITS aux premières places d’un classement international. La formation en ligne ne peut évidemment pas se substituer à la pratique : “Les essais sur les animaux restent irremplaçables”, insiste Jacques MarescauxMais ce qui intéresse avant tout ce professeur, c’est le télécompagnonnage. Car cette possibilité de copiloter une intervention sonne “la fin de l’individualisme du chirurgien”, s’enthousiasme-t-il, en ajoutant : “Les nouvelles technologies de communication permettent à un expert d’intervenir, non seulement pour donner un conseil, mais aussi pour indiquer le meilleur geste, voire pour prendre les manettes.”

Canal Lindbergh

Ainsi, via le réseau européen Renater, l’opération Lindbergh devrait être réitérée prochainement en toute fiabilité à partir du réseau internet. Cela pourrait mettre fin, demain, à l’isolement du chirurgien dans son bloc… L’idéal, selon le chirurgien-chercheur-enseignant-entrepreneur.(*) L’opération nommée Lindbergh, en référence au premier vol transatlantique sans escale, a été effectuée le 7 septembre 2001. Lablation de la vésicule sur une patiente a été réalisée grâce à un robot télécommandé.

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Valérie Quélier