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Chiffrement et informatique quantique: les mystères qui entourent les choix de la NSA

L’agence américaine met au placard certains algorithmes de chiffrement pour, soi disant, préparer l’arrivée des ordinateurs quantiques. Mais un célèbre cryptographe ne croit pas à cette version de l’histoire.

A l’occasion de la conférence RSA, Adi Shamir, co-inventeur du célèbre algorithme RSA, a exprimé à voix haute son incompréhension vis-à-vis du changement de cap stratégique de la NSA en matière de chiffrement. Depuis quelques mois, l’agence américaine a publié une mise à jour des standards cryptographiques à respecter pour les données sensibles de l’Etat, y compris les données “Top Secret”. Au menu: une augmentation considérable de la taille des clés et la mise au placard de certains algorithmes au profit d’autres.

Pourquoi ? Car la NSA craint l’arrivée prochaine des ordinateurs quantiques. « Il y a de plus en plus de recherches dans le domaine de l’informatique quantique, et suffisamment de progrès pour que la NSA soit contrainte d’agir maintenant », peut-on lire dans un document officiel. Il faut savoir, en effet, que les ordinateurs quantiques devraient pouvoir casser aisément tous les algorithmes de chiffrement asymétrique.

GK – Adi Shamir
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Mais pour Adi Shamir, il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire. En fouillant dans les documents d’Edward Snowden, il remarque que la NSA avait alloué pour 2013 un budget de 80 millions de dollars pour la recherche en informatique quantique. « L’objectif qu’ils s’étaient fixé était de démontrer, d’ici à fin 2013, le contrôle de deux qbits basés sur semi-conducteur. C’est un objectif extrêmement modeste et ce que j’en déduis, c’est que la NSA est encore très loin de disposer d’un ordinateur quantique », explique le cryptographe.

Un écran de fumée?

Un autre élément qui a mis la puce à l’oreille d’Adi Shamir, c’est que la NSA recommande désormais de continuer à utiliser l’algorithme RSA. Elle poussait pourtant ces dernières années à l’adoption des algorithmes de chiffrement asymétrique basés sur les courbes elliptiques, réputés plus solides. « C’est très étrange, tout cela ne colle pas. A mon avis, la NSA a fait une grande découverte dans le domaine des courbes elliptiques. Elle veut donc éviter que son usage se développe, mais sans dire la vérité », poursuit M. Shamir. L’argument de l’ordinateur quantique serait donc un écran de fumée. Malheureusement, cette hypothèse est impossible à vérifier. A moins qu’un nouveau lanceur d’alerte de la NSA ne publie des documents compromettants…

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Gilbert KALLENBORN