La crise sanitaire de la COVID-19 a facilité l’essor du télétravail dans certaines entreprises. Chez Dell, l’adhésion au travail à distance n’avait toutefois pas attendu la dernière pandémie pour se généraliser. C’est une culture qui imprègne la société depuis plus d’une décennie. Cette politique flexible avait d’ailleurs permis à Dell d’intégrer le Best Place to Work for Disability Equality Index dès 2018. Les dirigeants ont toutefois décidé de modérer brutalement cette pratique.
Un changement dans la gestion de ressources humaines
C’est ce que rapporte un article de Business Insider. Il indique que l’entreprise américaine va appliquer une nouvelle politique mettant davantage l’accent sur le présentiel. Chaque employé sera catégorisé comme un travailleur hybride ou distanciel. Les premiers auront pour contrainte de se rendre au moins 39 jours par trimestre, soit environ 3 jours par semaine, au bureau. Ceux qui souhaitent rester exclusivement en télétravail auront toujours cette opportunité ; au prix d’une évolution de carrière gelée.
Les termes du document sont sans équivoques : « Pour les travailleurs 100 % à distance, il est important de considérer les contreparties : l’avancement de carrière, y compris la candidature à de nouvelles fonctions au sein de l’entreprise, nécessitera d’être reclassé en tant que travailleur hybride sur site ». Forcément, ce revirement n’est pas du goût de beaucoup d’employés, heureux de la liberté qui leur était accordée jusqu’ici.
Pourtant, en 2021, Michael Dell, PDG et fondateur du groupe, clamait chez CRN que cette culture d’entreprise basée sur la flexibilité était faite pour perdurer. Par la suite – dans un texte publié en septembre 2022 sur LinkedIn – il s’insurgeait contre les stratégies de retour au bureau mises en place par bon nombre de ses confrères PDG. Michael Dell écrivait que d’après son expérience, « si vous comptez sur les heures forcées passées dans un bureau traditionnel pour créer une collaboration et un sentiment d’appartenance au sein de votre organisation, vous faites fausse route ». Il ajoutait : « La capacité de la technologie à créer un monde où l’on peut faire n’importe quoi de n’importe où, où le travail est un résultat plutôt qu’un lieu ou un moment, vous permet également de créer une culture d’entreprise forte n’importe où, n’importe quand ».
Sur la base de ces propos, la nouvelle stratégie a de quoi surprendre. Pourtant, une première amorce de ce revirement remonte à mars 2023. L’entreprise avait déjà intimé à tout employé résidant à moins d’une heure de son bureau de venir au moins trois jours par semaine.
Dell n’a pas souhaité commenter l’article de BI. La société s’est contentée de la justification suivante : « Les échanges entre personnes au sein d’une équipe couplées à une approche flexible sont essentiels pour stimuler l’innovation et la différenciation ».
Un moyen d’inciter les gens à partir ?
Nos confrères ont interrogé Cary Cooper, professeur de psychologie. Ce dernier estime que la décision de Dell relève d’une « réaction de panique face à une économie mondiale qui n’est pas très florissante. Les cadres supérieurs pensent en quelque sorte que les gens au bureau sont plus productifs qu’à la maison, même s’il n’y a aucune preuve à l’appui ». Effectivement, des études ont pointé un « présentéisme numérique » finalement néfaste pour la productivité.
Quoi qu’il en soit, Dell Technologies a effectivement souffert de la baisse de demande des PC grand public en 2023. Néanmoins, sa branche ISG (infrastructure solutions group) a le vent en poupe. Certes, Dell profite moins de l’engouement pour les centres de données IA que NVIDIA. Mais ses revenus nets ont tout de même progressé de 32 % entre 2022 et 2023 ; ils s’élèvent à 3,2 milliards de dollars.
Des employés de Dell ont témoigné anonymement auprès de BI. Une salariée a déclaré : « Nous sommes contraints de nous retrouver dans une position où soit nous restons au bas de l’échelle – les premiers sur le billot en cas de réduction des effectifs – soit nous devons être hybrides et travailler plusieurs jours par semaine au bureau, ce qui affecte beaucoup d’entre nous ».
L’employée précise que bon nombre de ses collègues ont été embauchés pour des contrats à distance pendant la pandémie. En outre, le nombre de sites « approuvés » par Dell pour valider les jours de présence est de 26 dans le monde (dont 17 aux États-Unis). Naturellement, la politique de recrutement menée jusqu’ici, qui faisait donc la part belle au distanciel, ne tenait pas compte des considérations géographiques ; autrement dit, certains employés sont très éloignés d’un bureau.
De fait, une récente promotion, adressée à un employé de longue date en distanciel, et qu’a pu consulter BI, stipule expressément que pour l’obtenir, ce dernier devra se rendre quelques jours par semaine sur son lieu de travail, mais aussi déménager pour s’en rapprocher.
Cet éclatement géographique affaiblit d’ailleurs l’argument avancé par Dell sur la nécessité d’avoir des échanges et de nouer des liens personnels entre membres d’une même équipe. Un salarié déclare ainsi : « Chaque équipe a des employés dans au moins deux États, certains dans trois ou quatre. Je ne vois pas une équipe où tout le monde se trouve au même endroit ».
Pour finir, l’article de nos confrères voit surtout dans cette nouvelle politique une stratégie de licenciements dissimulés ; un moyen de pousser certains employés vers la sortie. Des dizaines d’entre eux auraient fait part de leur volonté de démissionner. Rappelons qu’en février 2023, Dell avait déjà procédé à un peu plus de 6 660 licenciements. Or, comme le met en évidence Cary Cooper, « si les gens partent d’eux-mêmes, il n’y pas d’indemnités de départ à payer ».
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Source : Business Insider
On ira donc juste pas travailler pour Dell 🙂
Quand on voit la qualité médiocre de leur produits …. Pas étonnant qu’ils fasse du management au chantage