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Chercher Sénèque sur le net…

La Fondation du 2 mars a réuni, autour d’internet, Paul Soriano et Alain Finkielkraut. Fruit de la discussion, un court mais dense ouvrage intitulé Internet, l’inquiétante…

La Fondation du 2 mars a réuni, autour d’internet, Paul Soriano et Alain Finkielkraut. Fruit de la discussion, un court mais dense ouvrage intitulé Internet, l’inquiétante extase. Comme toutes les innovations, internet a suscité, ici ou là, des enthousiasmes excessifs qu’il est bon de doucher. Néanmoins, les auteurs ne se limitent pas à un registre de sages blasés par le progrès. Ils pointent intelligemment les faiblesses qui entourent l’émergence du net.L’erreur des analyses habituelles est de multiplier les considérations sur les conséquences du formidable accroissement du volume d’informations susceptible d’être échangé. Sans s’interroger sur la qualité de l’information disponible. Ce que mettent en valeur les deux auteurs, par-delà leurs divergences sur, par exemple, les rapports que la nouvelle économie entretient avec la mondialisation, c’est que cette qualité est fonction essentiellement du niveau culturel de la population. Or, la démagogie irresponsable, qui a présidé à la volonté de démocratisation de l’enseignement, a conduit, au travers de la massification universitaire, à un appauvrissement général, qui rend souvent inutile l’accumulation de savoir disponible.Pour chercher un texte de Sénèque, ou même une loi de probabilité utile dans des prises de position sur un marché spéculatif, il faut connaître leur existence. Les moteurs de recherche ne remplaceront jamais la transmission du savoir du maître à l’élève, ni la mémoire entretenue par l’effort d’apprendre. Le danger dénoncé à juste titre par les deux auteurs est celui du nivellement par le bas, dont le net ne serait pas la cause mais un auxiliaire involontaire.
*Professeur à l’ESCP

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Jean-Marc Daniel*