Internet a radicalement changé les métiers du développement. Les équipes doivent se former à de nouveaux langages de programmation, tout en produisant avec des délais plus courts sur des systèmes informatiques qui ne sont plus architecturées selon les classiques rapports client-serveur des années 1995. Mais la révolution internet concerne aussi la façon de conduire les projets dans leur globalité. Le Net a donné aux développeurs un accès à l’information en temps réel, ce qui s’est traduit par un accroissement de leur productivité.
Les nouveaux langages n’ont rien de nouveau !
HTML, Java et XML sont à la base des nouvelles technologies liées à internet. Encore que, pour Philippe Mougin, architecte logiciel chez Orchestral Networks, la nouveauté de ces langages ne tient que dans leur syntaxe et non dans leurs concepts. “Il y a une prolifération de nouvelles normes autour de XML qui provoque l’apparition de technologies et d’outils inédits. En fait, beaucoup de ces annonces reprennent des principes qui ont été abordés il y a 20 ans et qui sont réadaptés aux besoins actuels.” À l’époque, l’informatique ne connaissait pas les environnements graphiques. Les ordinateurs géraient du texte en affichant des caractères verts ou blancs sur des écrans noirs. “Aujourd’hui, qu’est-ce que XML, s’interroge Philippe Mougin. Ce n’est ni plus ni moins qu’un outil extrêmement sophistiqué de gestion de flux de texte.” En pratique, force est de constater que bien peu d’entreprises empruntent ce raccourci audacieux. Le renouvellement incessant des normes et des langages fait qu’un appel à des prestataires extérieurs est une pratique très répandue.Au ministère de l’Emploi et de la Solidarité, Marc Nuisière, conseiller technique, reconnaît “sous-traiter tous les développements et focaliser les ressources internes sur le contenu du site. De fait, en ne faisant que l’éditorial, le ministère fait l’économie d’une formation Java ou XML.”
Les anciennes méthodes ne sont plus adaptées à Internet
“Les cycles de vie ont changé : avant, nous développions des projets sur 10 ans ; aujourd’hui, nous avons besoin de 3 ans. Hier, le travail s’effectuait au bit près parce que les mémoires coûtaient cher. Actuellement, on s’en moque !”, déclare Didier Lieven, Webservices Manager chez La Redoute. C’est sûr, la durée des projets internet est plus courte que la durée des projets classiques. Mener de front la qualité et la rapidité des développements, avec un retour sur investissement plus rapide, a imposé des méthodes de travail différentes.“Le chef de projet internet a tendance à raisonner sur du très court terme, analyse Philippe Mougin. Il y a une vraie réflexion méthodologique que l’on désigne sous l’appellation Méthodologies Agile, ou l’Extreme Programing XP, complètement différente des méthodes Merise, totalement inadaptées aux projets internet.” Philippe Mougin prône “la compréhension par essai/erreur au c?”ur des développements” comme pierre angulaire de ces nouvelles méthodes. “On voit au fur et à mesure ce que doit faire un logiciel, et cela correspond bien à la nouvelle culture de management. D’une certaine manière, cela pourrait réconcilier les développeurs avec la qualité”, conclut-il.
L’ergonomie, une nouvelle compétence
Les chefs de projet ont donc besoin de nouvelles compétences au sein de leurs équipes, comme les graphistes et les ergonomes. “Ce qui est nouveau, résume Jean-Luc Chevalier, responsable des systèmes d’information de Generali Immobilier, c’est la position centrale qu’a prise le client final dans les développements.” Tout est pensé en fonction de lui. Une application internet doit veiller à ce que le serveur affiche les pages en un temps limité, inférieur à 7 ou 12 secondes, à ce que l’accès à une information se fasse en trois clics au maximum… Les développements internet imposent le respect de ces nouvelles règles.
Les services web poussent sur les ruines de Corba
Côté technologies, le développement par objet, lancé au début des années 1990, est remplacé depuis 3 ou 4 ans par le développement par composants. Les objets de base en C++ souffraient de certaines limitations (absence d’accès distant ou de sécurité en natif). Les composants ont assimilé ces fonctions et sont devenus des sortes de super-objets. Hélas, un certain manque de maturité ne leur a pas fait tenir leurs promesses et ces technologies sont parfois jugées en difficulté. Le modèle EJB rencontre des problèmes théoriques et techniques. Corba, qui n’est toujours pas finalisé, n’a été mis en ?”uvre que dans des projets onéreux et extrêmement verticaux, tandis que DCom est définitivement abandonné.Mais ces échecs ont toutefois fait évoluer les technologies. Les composants distribués restent un concept d’actualité auquel les services web entendent répondre. L’idée des services web est encore assez neuve et des disparités énormes existent entre les outils, notamment en ce qui concerne le respect des normes et des standards. Cependant, ces services web représentent assurément le gros des développements pour les années à venir. L’enjeu est stratégique : la possibilité de faire dialoguer deux serveurs comme un humain le fait avec un serveur. Mixant leurs données, les entreprises seront plus libres de développer des alliances pour proposer des offres complètes ou externaliser des services en toute transparence.
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