Des musiques chaudes, vibrantes, inattendues et exotiques, ça vous dit au c?”ur de l’hiver ? Du blues pour entretenir de douces mélancolies, du reggae pour flotter, de la techno indienne pour danser, de la country pour rigoler, et du free-jazz pour divaguer : un cocktail de notes vivifiantes, au programme de la onzième édition du festival Sons d’hiver. Les réjouissances s’ouvrent sur un hymne à la musique improvisée… et aux nouvelles technologies. Avec The Continuator Project, Gyorgy Kurtag confronte son talent et son imaginaire musical à celui de l’ordinateur. Le compositeur hongrois joue en duo avec une machine surdouée du calcul informatique instantané et de l’analyse musicologique, qui prend la suite du musicien dès que ses mains quittent le clavier, pour livrer, tel le meilleur des improvisateurs, des notes en harmonie avec celles précédemment interprétées.Même soir, le 17 janvier, Dr Chadbourne, guitariste et banjoïste américain, revisite l’univers de la country, lui associant rock, jazz et folk, avec le souci d’être à la musique ce que le western spaghetti est au cinéma : débridé et iconoclaste ! Pas le temps de souffler, le 18 janvier, le programme est tout aussi alléchant, avec, en vedette, le New Archie Shepp Quartet, mené par le saxophoniste éponyme, Archie Shepp, ex-acolyte de Cecil Taylor, John Coltrane ou Yusef Lateef, légende du saxophone et chantre de la “negro music“. Plaidant pour un perpétuel renouveau de l’esthétique musicale afro-américaine, cet instrumentiste engagé n’a pas pour autant renoncé au blues et à la soul, racines de la musique noire, creuset d’une Amérique métissée, “ lien entre Noirs et Blancs bien plus forts que les lois et la politique“, exprime-t-il sur son site, www.archieshepp.com. Autre grand moment de jazz venu d’outre-Atlantique, la soirée festival vision de New York à Sons d’hiver, le 19 janvier, remake hexagonal du festival de free-jazz de la Big Apple, créé par le contrebassiste William Parker ( www.visionfestival.org), encore un ancien camarade de jeu de Cecil Taylor…Saut dans le calendrier, et saut géographique : le 25 janvier, les instruments traditionnels indiens font un pied de nez aux mixages des pros de la techno : le khamak, une percussion ancestrale, produit des ondulations sonores très proches de celles de la musique électronique, et tout aussi planantes (extraits musicaux à écouter sur http://senses.free.fr). Planante aussi, la soirée reggae du 2 février, qui nous fait découvrir Patrice, un Allemand qui oscille entre ragga festif et reggae militant, ajoutant des arrangements jazz et des bruitages électro aux rythmes hérités de Bob Marley. Voyage encore, avec la “ transe musique” d’Akosh, le saxophoniste préféré du groupe Noir Désir. Le 5 février, cette star hongroise des bars musicaux de l’Est parisien mixera free-jazz et sons d’Europe centrale, tout en continuant à marteler qu’il “évite les endroits qui sont destinés au jazz et au public soi-disant connaisseur de jazz ” (lire l’interview sur http://www.akosh-s-unit.fr.st/). À l’image du Festival, qui, tout en revendiquant un métissage musical, certes évident, fait la part belle au jazz, indémodable et indispensable. Festival Sons d’hiver, en Val-de-Marne, du 17 janvier au 16 février.
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