Grâce à la pub télé du site de Bourse en ligne Fortuneo.com, on a appris que la nouvelle économie était une grande brune avec un t-shirt pistache. Va-t-elle le retirer et révéler une généreuse poitrine ? Non, car on n’est pas dans une pub Celio : la nouvelle économie est chaste et elle préfère boursicoter sur le Net plutôt que de perdre son temps à fricoter avec ses collègues. On a beaucoup glosé sur le mauvais goût de certaines publicités pour des sites Web, qui n’hésitent pas à ériger l’argent en valeur suprême (Aucland), à mépriser l’Histoire (Caramail, Self Trade) ou à traiter les téléspectateurs de con (Maximiles), mais il faut reconnaître que tout cela se passe encore au-dessus de la ceinture.La communication des sites Internet se rapproche plus de celle des sociétés informatiques que d’autres secteurs de grande consommation. On peut en effet aisément distinguer une revue spécialisée d’un magazine grand public en comptabilisant la surface de peau nue sur les pages de publicité. C’est tout à l’honneur des annonceurs de présenter leurs arguments plutôt que de racoler, même s’il faut bien avouer que ça rend la lecture un peu ennuyeuse.Pourtant, dès lors que l’on touche un public plus large, la séduction reste un atout maître de la publicité. Engagée dans un processus de sensibilisation des masses, l’informatique ne pouvait en faire l’économie. C’est pourquoi une tendance discrète émerge depuis quelques temps déjà, à la télévision ou sur les supports de communication institutionnels (sites Web, plaquettes).Avez-vous remarqué combien de jeunes et jolies asiatiques sont fascinées par le WAP, les serveurs ou les équipements réseau ? Il faut dire qu’en plus de leur charmant minois, les Asiatiques trimballent sur leurs frêles épaules une quantité impressionnante de clichés qui en font de parfaits vecteurs de communication : la jeunesse, la gentillesse, le sérieux tempéré par une certaine frivolité, l’enthousiasme pour la mode et les gadgets ? Elles représentent les forces vives du futur, la mondialisation en marche vers le bonheur technologique. De plus, un visage exotique permet d’instiller au marketing une petite dose toujours bienvenue de politiquement correct.Mais toutes ces ” valeurs ” qui fleurissent dans la communication institutionnelle de l’industrie informatique ne servent-elles pas de paravents ? Elles apparaissent en tout cas comme de très bonnes justifications pour utiliser d’autres clichés, moins avouables, également véhiculés par les belles asiatiques. D’un marketing de la persuasion, elles permettent de passer furtivement à un marketing de la tentation, sans quil y ait pour autant compromission.Prochaine chronique le jeudi 24 août
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