Si changer d’opérateur téléphonique est une opération assez simple, l’enjeu est tout autre lorsqu’il s’agit de basculer un réseau de données vers un nouveau prestataire. “Il faut de sérieuses garanties, ne serait-ce que pour rassurer sa hiérarchie “, confirme Frédéric Jugé, directeur informatique d’IPS, une imprimerie de 450 personnes, sise à Avignon (Vaucluse). Confrontée à des besoins croissants de sécurité et de bande passante – 80 Go de données transitent chaque mois entre ses douze filiales -, IPS songe, dès 1996, à abandonner son réseau Numéris : “La technologie à relais de trame était moins coûteuse qu’une ligne spécialisée pour un réseau maillé tel que le nôtre, précise Frédéric Jugé. Après avoir étudié les propositions de France Télécom et de Cegetel, nous avons choisi l’offre de Siris, qui présentait les meilleurs temps de commutation pour un coût nettement inférieur. L’architecte réseau Interway s’est chargé de l’intégration.”
Pour Perfect Technologies, société de services et d’ingénierie de l’image (120 personnes), dont le siège est situé à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, le choix d’un opérateur IP alternatif s’inscrivait dans une stratégie plus globale. Succédant à Oléane, KPNQwest l’a emporté haut la main : l’implication particulière de l’opérateur dans le domaine de l’image et sa capacité européenne ont joué en sa faveur. “Le siège et nos deux filiales sont aujourd’hui dotés d’une ligne spécialisée à 2 Mbit/s et d’un réseau privé virtuel, souligne Jean-Luc Liaud, directeur technique de Perfect Technologies. Nous avons réalisé conjointement avec KPNQwest un cahier des charges précisant nos besoins en débit, les paramètres d’accès ou encore les priorités de bande passante pour le RPV.” KPNQwest a également remis à l’entreprise un synopsis détaillant toutes les étapes du basculement sur son infrastructure.
Prévoir un réseau secondaire
Bien qu’un changement d’opérateur dans le cadre d’un réseau IP n’implique pas de réel bouleversement, Perfect Technologies a dû assurer ses arrières pour éviter tout risque d’interruption de son flux de messagerie électronique, le tout, en suivant un programme précis : “KPNQwest a mis en place une route secondaire de secours. Ils ont ensuite demandé à Oléane de modifier nos DNS [Domain Name Service, Ndlr] pour les pointer vers KPNQwest, et contacté l’Afnic [Association française pour le nommage Internet en coopération, Ndlr] pour la délégation des noms de domaines. Au jour j, la route primaire a été réactivée vers le nouvel opérateur, mais la route secondaire n’a été coupée que quelques heures plus tard, pour permettre la propagation des DNS “, détaille Jean-Luc Liaud.
Selon Frédéric Jugé, toute cette logistique doit être laissée aux bons soins du nouvel opérateur, qui sera d’ailleurs plus à même de négocier avec le précédent. Il faut néanmoins rester vigilant sur le contrat : “Tous les aspects techniques doivent y être spécifiés, comme les engagements en matière de temps de commutation, reprend-il. Mieux vaut également souscrire un premier contrat de courte durée, même si c’est plus cher, et profiter de cette période pour tester le réseau en le sollicitant au maximum. Très logiquement, un opérateur soigne encore plus sa qualité de service s’il n’est pas sûr de garder son client… “
Outre les raccordements physiques nécessaires et le paramétrage de son serveur Exchange, facturés environ 25 000 F ht (3 800 ?), Perfect Technologies n’a eu qu’un routeur à remplacer, suite au passage aux 2 Mbit/s. Celui-ci est loué à l’opérateur “pour pouvoir évoluer rapidement et sans surcoût “, souligne Jean-Luc Liaud. Coût total de la ligne : 27 000 F ht mensuels (4 115 ?), location du routeur comprise.
Chez Turbo’s Hoet, un distributeur belge de pièces détachées de poids lourds, les modifications matérielles ont été d’une toute autre envergure. Souhaitant faire converger données, voix et Internet sur une même ligne spécialisée, Turbo’s Hoet France a abandonné les 9 600 bits/s de son réseau Cegetel au profit du réseau à 64 kbit/s de Belgacom. Celui-ci relie son siège près de Lille et le siège du groupe en Belgique.
Dans le cadre d’un service à guichet unique, l’opérateur gère également les raccordements indirects des deux filiales françaises, qui utilisent toujours les services de France Télécom. C’est finalement le passage de la téléphonie sur le réseau qui a induit la plupart des changements matériels au sein de l’entreprise. “Il a fallu ajouter un logiciel multi-opérateur [Auto Routing System, Ndlr] au PABX du siège de Roncq, reprogrammer celui d’une de nos filiales et installer un bo”tier de dérivation sur la deuxième “, explique Koen Keirsschieter, responsable de la téléphonie chez Turbo’s Hoet. Des cartes de gestion de lignes T2 ont aussi été intégrées à l’autocommutateur du siège français.
Déployer le réseau étape par étape
Après deux jours de tests effectués par Belgacom, le basculement a été pratiqué d’un bloc, sur l’ensemble des filiales. Chez IPS, la prudence était plutôt de mise. Le réseau a été testé en point à point sur deux sites pilotes. Des tests de montée en charge, de temps de commutation ou de sécurité ont été effectués pendant deux mois, non seulement par Siris mais aussi par IPS. L’entreprise a ainsi pu vérifier les engagements contractuels pris par l’opérateur. Le déploiement sur les douze sites d’IPS s’est passé en douceur, à raison d’une filiale tous les quinze jours. “Nous avons conservé notre réseau Numéris en sauvegarde jusqu’à la fin du déploiement “, ajoute Frédéric Jugé. Il y a plus d’un an, l’entreprise a également opté pour le passage de la voix sur son réseau et teste actuellement une boucle locale radio Siris pour évincer définitivement France Télécom.
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