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Chaînes et sites, une coopération à rentabiliser

Pour fidéliser leur public et étoffer leur audience, les télévisions généralistes utilisent de plus en plus l’interactivité du web. L’arrivée du haut débit permettra d’imaginer de vrais modèles économiques.

“Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer qu’il n’y ait rien après une émission de télévision”, s’exclame Sylvie Faiderbe, directrice des programmes interactifs chez France Télévisions Interactive. Aujourd’hui, les grandes chaînes généralistes du PAF déclinent quasi systématiquement leurs programmes télévisés sur le net et mettent en place de nombreux services interactifs autour des émissions phares. Une démarche qui, certes, s’inscrit dans une logique de rentabilité. Mais l’intérêt premier pour les chaînes est d’obtenir une voie de retour et de fidéliser l’audience grâce à la qualité et à l’interactivité des programmes.Relais, synergie et complémentarité sont les maîtres mots de cette tendance. La priorité des chaînes est de répondre aux besoins des “téléspec-interactifs”, cette nouvelle race de téléspectateurs qui se branchent sur le web pour en savoir plus sur leurs programmes préférés. “Au départ, les sites ressemblaient à des fourre-tout. Désormais, ils complètent l’antenne et créent de la valeur ajoutée autour des programmes. Les internautes sont ainsi incités à regarder leur petit écran et à s’abonner à la chaîne”, explique un porte-parole de Canal Plus. “Ils permettent aussi de prolonger l’émission entre deux diffusions et ainsi de créer un lien particulier entre l’antenne et son public”, confirme Philippe Carillon, directeur général de M6 Web.“La télévision et internet ont trouvé la manière de fonctionner ensemble. Ils se nourrissent l’un l’autre sans aucune rivalité”, estime pour sa part Jacqueline Rajeot, directrice de promotion chez Comédie. En effet, lorsque Thierry Ardisson invite les téléspectateurs à se rendre sur le site de son émission du samedi soir, la version en ligne de “Tout le monde en parle” enregistre des pics d’audience notables. “Mais il nous est encore difficile de mesurer les taux de transformation, c’est-à-dire l’impact de l’annonce faite à l’antenne sur l’audience du site”, explique Sylvie Faiderbe.Du côté d’e-TF1, Frank Abihssira, directeur adjoint, évalue le taux de conversion à 30 % en moyenne, quelle que soit l’émission de la Une. “Quand il atteindra 60 %, internet s’imposera en interface et en outil interactif. Mais cela ne sera possible qu’avec l’arrivée du haut débit”, pense-t-il. Pour l’heure, “les spécificités de ces deux médias se complètent pour répondre à une demande”, explique Jean-François Mulliez, directeur adjoint de LCI.fr.Avec internet, il est possible de “toucher une autre cible”, assure de son côté Marie-Laure Barrau, responsable Communication et promotion chez Téléshopping (TF1). Et aussi “d’affiner ses services pour satisfaire un public déterminé”, ajoute Jean-François Mulliez. C’est dans cette optique que la rubrique LCI Live est née sur le site de la chaîne, le 10 septembre dernier. L’équipe de LCI va plus loin dans l’opération et mettra en place d’ici à la fin de l’année “Le Journal à la carte “. Où qu’il se trouve dans le monde, l’internaute pourra voir le dernier journal diffusé à l’antenne. Une démarche qui n’est possible que sur internet et qui enrichit le capital sympathie pour la marque.

Le public en demande

“Notre public en demande toujours plus, nous recevons tous les jours de nombreux messages qui en témoignent. Nous devons donc, grâce à la souplesse d’utilisation de cet outil, suivre cette tendance et innover”, explique Frank Abihssira, d’e-TF1. “Il faut évidemment justifier l’apport d’une valeur éditoriale pour une déclinaison sur la toile”, précise Sylvie Faiderbe pour France Télévisions Interactive. Ce prolongement n’est pas fonction de l’audience estimée, mais du service délivré. “Une grande fiction comme “Napoléon” ne pouvait être conçue sans site et, pourtant, nous ne pensons pas que le nombre de visites soit important”, précise-t-elle.Tous s’accordent à dire qu’internet, avec l’arrivée du haut débit, va proposer une autre manière de consommer de la télévision en proposant des programmes en streaming sur le PC du téléspectateur… notamment au bureau. L’occasion d’imaginer un vrai business model internet. Car, au-delà du souci de la relation avec le téléspectateur, l’objectif reste de créer une nouvelle source de revenus à côté de la publicité. Les sites de télé-achat (notamment Teleshopping.fr de TF1) ou la vente de vidéos en ligne (Arte.fr) ne sont qu’un début.

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Sandra Salcioli