Le gouvernement a mis en ligne, vendredi 4 décembre, une carte des loyers en France. « L’objectif du projet […] c’est de disposer d’indicateurs de loyers pour toutes les communes de France », a résumé pendant la présentation en ligne l’ingénieur Basile Pfeiffer, l’un des créateurs de ce site lancé par le ministère du Logement.
9 millions d’annonces reconstituées
En association avec des acteurs privés comme Leboncoin, SeLoger et PAP, une équipe de recherche en économie d’Agrosup Dijon et de l’Institut national de la recherche en agronomique (INRAE), ce partenariat a permis de reconstituer une base de données avec plus de 9 millions d’annonces locatives (période de 2015 à 2019). « À partir de ces données, l’équipe de recherche a développé une méthodologie d’estimation d’indicateurs, à l’échelle communale, du loyer (charges comprises) par m² pour les appartements et maisons », explicite le site officiel. Ces informations sont désormais à la disposition de tous.
Concrètement, sur cette carte interactive (voir ci-dessus), l’internaute peut cliquer sur la commune de son choix pour connaître le prix d’un loyer au mètre carré selon le type de logements (appartement ou maison). Sans surprise : les villes et les littoraux sont les zones les plus tendues. L’intérêt de la carte résiderait en fait l’étude du reste des territoires.
Des indicateurs de loyers « expérimentaux »
Mais, les ingénieurs de data.gouv.fr préviennent sur leur présentation en ligne : il s’agit d’indicateurs « expérimentaux » qui complètent l’information offerte par les Observatoires Locaux des Loyers (OLL), déployés depuis 2013 et renforcés depuis 2018 par la loi Elan.
Ainsi, dans sa présentation en ligne, l’équipe en charge du projet a identifié quatre « précautions d’emploi » :
- « Les données ont été dédoublonnées mais sans pouvoir s’appuyer sur des photos et des caractéristiques très discriminantes ;
- Pour les communes n’ayant aucun logement mis en location via une annonce sur au moins un des 3 sites sur la période considérée, l’indicateur de loyer est celui estimé pour une maille plus grande comprenant des communes voisines présentant des caractéristiques similaires ;
- Les utilisateurs sont invités à considérer avec prudence les indicateurs de loyer pour les communes où le coefficient de détermination (R2) est inférieur à 0,5, le nombre d’observations dans la commune est inférieur à 30 ou l’intervalle de prédiction est très large ;
- Par ailleurs, les données ne permettant pas de distinguer avec certitude les locations meublées et touristiques, des biais dans les indicateurs de loyers peuvent être observés localement. »
« Ce n’est pas assez rigoureux »
Ces lacunes sont néanmoins conséquentes dans un contexte immobilier tendu. il y a « une marge d’imprécision puisque ce ne sont que des annonces et non des baux signés qui sont ici observées », remarque auprès de l’AFP l’agent immobilier Fabrice Abraham, ancien dirigeant du réseau Guy Hocquet, qui se félicite toutefois d’un « pas » vers plus de transparence.
Peut-on tout de même s’y fier ? « Sur le principe, c’est bien d’avoir un dispositif qui donne une idée de la valeur du marché », reconnaît toujours auprès de l’AFP David Rodriguez, juriste auprès de l’association de consommateurs CLCV. Mais « ce n’est pas assez rigoureux » pour qu’un propriétaire ou un locataire fasse son choix, tranche-t-il, regrettant notamment que la carte fasse le choix de donner les loyers avec les charges comprises alors que celles-ci varient.
Sources : Carte des loyers, Data.gouv.fr et AFP
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