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C’est officiel : l’Europe s’attaque à X (ex-Twitter) pour lutter contre la désinformation

X, anciennement Twitter, fait l’objet de la toute première enquête de l’Union européenne dans le cadre du DSA, le Digital Services Act. La plateforme de micro-blogging d’Elon Musk est soupçonnée de ne pas respecter ses obligations en matière de désinformation et de transparence : un tout premier cas d’école pour la Commission européenne, qui est loin d’être une surprise.

Après les soupçons et les échanges musclés sur X entre Elon Musk et Thierry Breton, voici l’ouverture d’une procédure officielle. X, la plateforme du fantasque milliardaire, fait l’objet d’une enquête formelle de la part de la Commission européenne, a annoncé Thierry Breton, le commissaire en charge du Marché intérieur, sur le même réseau social ce lundi 18 décembre. La société est soupçonnée de ne pas respecter ses obligations en matière de transparence et de lutte contre les contenus illicites et contre la désinformation. Et ce n’est pas tout : le réseau social est aussi suspecté d’avoir mis en place une conception « trompeuse » de l’interface utilisateur, notamment avec ses coches bleues, ces badges bleus certifiés devenus payants.

La nouvelle de cette enquête formelle est loin d’être une surprise. Depuis des mois, elle était même attendue, notamment parce que le DSA, le nouveau règlement sur les services numériques, a commencé à s’appliquer aux 19 plus grandes plateformes – dont fait partie X – depuis le 25 août dernier. Parmi les nouvelles obligations à la charge de ces sociétés, figure désormais la mise en place de procédures pour réduire la haine en ligne et la désinformation, parmi une flopée d’autres obligations comme l’analyse des « risques systémiques » provoqués par leur service ou la fin du recours aux « dark patterns ».

À lire aussi : DSA : l’heure de vérité a sonné pour les géants du numérique… mais aussi pour l’Union européenne

Une société dans le collimateur de l’UE depuis des mois

Ces objectifs nécessitent la mise en place, au sein de ces entreprises, de nouvelles procédures, ainsi que des moyens humains, comme des équipes de modérateurs : des objectifs difficilement atteignables pour X, qui a perdu plus de la moitié de ses effectifs depuis l’arrivée d’Elon Musk aux rênes de l’entreprise. Selon le rapport sur la transparence publié par X début novembre, la plateforme n’emploierait par exemple que 52 modérateurs pour la langue française, ce qui semble bien peu pour les millions d’utilisateurs francophones que compterait la plateforme.

Mais ce qui a conduit la Commission européenne à initier une procédure, et à faire une demande formelle d’information, ce sont les nombreuses diffusions de fausses vidéos et de messages de désinformation liés aux attaques terroristes du Hamas contre Israël. Le mois dernier, la Commission européenne avait ouvert une enquête préliminaire, avant l’enquête formelle annoncée ce lundi, rapporte le communiqué de la Commission européenne de ce jour.

Il s’agit de la toute première enquête de ce type, en vertu de ce nouveau règlement européen, le DSA. En réponse à une demande de commentaire de CNBC, X a répondu : « Occupé pour l’instant, veuillez revenir plus tard ». Le communiqué de la Commission européenne ne donne aucune future échéance ou point d’étape sur cette procédure, qui pourrait aboutir à une amende salée pour Elon Musk, à savoir 6 % du chiffre d’affaires annuel mondial de l’entreprise. Mais il est précisé que l’exécutif européen pourrait accepter une proposition de X pour « remédier aux questions faisant l’objet de la procédure ». Difficile de voir quelle mesure pourrait sortir X de ce mauvais pas… à moins de totalement réinvestir dans la modération de ses contenus.

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Source : Communiqué de la Commission européenne du 18 décembre 2023


Stéphanie Bascou
Votre opinion
  1. Tout cela ne serait pas arrivé si l’Europe avait une vraie vision numérique. Au lieu de cela son leitmotiv est le “grand marché économique” avec pour corolaire le lobbying. Résultats des courses, on a raté l’Internet et on a des X et de Tiktok qui font la loi. Et les meilleurs cerveaux partent à l’étranger faute d’un dynamisme local et de manque d’investissements.

    Et en parlant de Tiktok il serait bon de purement et simplement l’interdire car il participe à l’abêtissement général des populations, voulu dans une certaine mesure, car la version de Tiktok chinoise n’est pas la même. Il n’y a qu’à regarder les classements Pisa pour constater la chute drastique, pas la peine d’en rajouter en terme de choses qui titrent vers le bas.

    Et autre exemple, au delà de légiférer sur l’IA, il serait bon que l’Europe investisse aussi massivement dans ce domaine si elle veut se protéger de l’avenir.

    Sinon on va encore être la 3e roue du carrosse et on aura beau jeu de se plaindre que les américains et les chinois ils ne sont rien que des méchants, tout en se laissant lobotomiser et plumer.

  2. L’UE ne semble pas faire la différence entre censure et désinformation. C’est problématique dans les démocraties.

    Tous les lecteurs ici présents ont conscience (j’espère sinon, c’est grave.) des mensonges répétés depuis ces 3 dernières années par l’UE ou les médias.

    L’UE souhaite prendre le contrôle de la soit disante “désinformation” (le désinformateur gérerait donc ce qui est vrai ou non. Gros problème).

    Elon Musk a demandé à Thierry Breton de faire les demandes de censure publiquement. En effet, si une information est de la désinformation alors il n’y a aucune raison pour que le grand public n’est pas connaissance de cette soit disant désinformation.

    Or, cette demande est rejetée. C’est pourtant la transparence minimale que des pays démocratiques DOIVENT demander. Que leurs citoyens SACHENT les informations qui ne pourront pas voir.

    L’UE, ce comporte donc ici bien comme un censeur et non comme une autorité luttant contre la désinformation. Si l’Europe est dans l’incapacité de dire quelle information est a censurer car fausse, c’est un grave manquement a la liberté d’expression. Pire, cela démontre simplement que l’Europe veut censurer SANS prendre le risque que ce qu’elle demande soit en faite de sensurer ce qui pourrait s’avérer être une vérité.

    Il y a donc de gros problèmes de transparence dans l’UE.

    Devons nous demander à l’UE d’être transparentes ou a un réseau social de masquer des informations à la demande de l’UE sans en avoir connaissance ?

    Souhaitez vous avoir une pensée unique sans contrôle de la source ou une diversité d’opinions dont seule votre intelligence pourra faire le discernement du vrai du faux. C’est une vraie question.

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