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C’est l’histoire d’un Mac…

Le 24 janvier 1984, Apple présentait Macintosh, un ordinateur révolutionnaire au design spectaculaire et doté de fonctionnalités innovantes. Vingt-cinq ans plus tard, Steve Jobs, son créateur, parvient encore à surprendre en commercialisant régulièrement de nouveaux Mac tout aussi séduisants que l’original. Voici la Saga de la plus ancienne et la plus célèbre marque d’ordinateurs.

Lisa, le précurseur

Dès 1978, Steve Jobs se lance dans le développement de Lisa, un ordinateur destiné au personnel de PME ne possédant pas de connaissances en informatique. Il quitte le projet en 1981 et rejoint les développeurs du Macintosh. Lisa sort en 1983, un an avant Macintosh. Il s’agit du premier ordinateur personnel doté d’une interface graphique et d’une souris. Organisé autour d’un processeur Motorola 68 000 cadencé à 5 MHz, disposant d’un mégaoctet de mémoire vive, et équipé de deux lecteurs de disquettes 5 pouces 1/4, il coûtait à l’époque 10 000 $ HT soit 80 000 francs environ, ou 22 000 euros au cours actuel c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. Trop cher, c’est un échec commercial, accentué par la sortie, en 1984, du Macintosh. Apple tente de sauver Lisa en proposant une nouvelle version vendue moitié moins chère que l’originale. Sans succès.

A star is born

Le projet Macintosh est initié en 1979 par Jef Raskin qui souhaite développer un ordinateur destiné au grand public. En 1981, Steve Jobs s’en empare et le mène à son terme. Le lancement du Macintosh fait l’objet de la première grande campagne marketing destinée à promouvoir un ordinateur, avec comme point culminant la publicité réalisée par Ridley Scott et projetée durant le Super Bowl de 1984. Le Macintosh (renommé plus tard Macintosh 128) est lancé le 24 janvier 1984 au prix de 2 500 $ (soit 23 700 francs TTC ou 6 500 euros d’aujourd’hui). Il intègre un processeur Motorola 68 000 cadencé à 8 MHz épaulé par 128 Ko de mémoire vive. Doté d’un écran monochrome de 9 pouces (23 cm de diagonale env.) offrant une excellente définition pour l’époque (512 x 342 points), il dispose aussi du premier lecteur de disquettes 3,5 pouces et d’une souris. Un objet de curiosité pour les journalistes Antoine Jennet et Xavier de la Tullaye, qui, dans l’article consacré au Macintosh (l’Oi n° 62, septembre 1984) en font la description suivante : “ […] l’animal s’est ici transformé en un boîtier de la taille d’une lampe de poche, munie sur le dessus d’un poussoir, et rendue active par une boule de caoutchouc ”. Malgré son prix élevé, le succès est fulgurant et colossal. Une série lancée en fin d’année présentera, à l’intérieur du capot, la signature des créateurs de cette machine de légende.

Mac en kit

En 1987, Apple dévoile le Macintosh II, un ordinateur modulable dont le prix de base ne comprend que l’unité centrale, placée comme les IBM PC, pour la première fois en position horizontale. L’unité centrale dispose de cinq connecteurs d’extension. Et, comme l’indique le journaliste Jean-Louis Breton, dans l’Ordinateur individuel, en octobre 1988, “ le Mac a pris du poids, de l’encombrement et de la valeur. Un vrai prix d’homme… 43 600 francs HT, soit 11 900 euros au cours actuel, dans sa plus petite configuration de travail : unité centrale, disque dur interne de 40 Mo, clavier étendu, carte et moniteur noir et blanc. ” Le Macintosh II est le premier Mac à proposer, en option, un écran couleur (limité à 256 couleurs puis porté à 16 millions).

La montée en puissance

“ En 1985, le premier Macintosh montrait ce que voulait dire “ interface graphique ”. En 1990, Apple proposait des Macintosh bon marché. En 1991, ce fabricant se place définitivement sur le même marché que les compatibles PC sous DOS. ” Voilà l’analyse du journaliste de l’Oi, en novembre 1991. Pour la première fois, Apple propose une gamme complète d’ordinateurs de bureau (Macintosh II, Classic II, LC, Performa, Quadra, Centris, etc.) et de portables destinés aux particuliers ou aux entreprises. 1991 marque aussi l’arrivée des premiers PowerBook, des portables compacts et légers dont les prix sont inférieurs à leurs équivalents PC.

Une mobilité de 7 kg !

Le Macintosh Portable voit le jour en 1989. Il est doté d’un processeur Motorola 68 000 cadencé à 16 MHz, d’un lecteur de disquettes 3,5”, d’un trackball amovible mais, surtout, il intègre l’un des premiers écrans monochromes à matrice active, offrant une définition de 640 x 400 pts. Un luxe qui se paie au prix fort : 6 500 $, soit 58 300 francs ou 8 900 euros. Un prix qui explique en partie son relatif échec commercial.

Next, le futur d’Apple

À la suite de mésententes avec John Sculley – alors PDG d’Apple -, Steve Jobs quitte la société et fonde NeXT Inc. en 1985, pour développer une station de travail destinée uniquement aux universitaires. En effet, Jobs aurait signé un accord de non-concurrence avec Apple au moment de son départ (Source, l’Oi, novembre 1988). Le NeXT Computer System est lancé en 1989. Trop cher (6 500 $ HT, 4 630 euros env.), il ne rencontrera pas le succès escompté. En 1996, Apple rachète la société dans le but de récupérer le système d’exploitation NeXTSTEP, dont les briques seront utilisées pour le développement de Mac OS X. Pour mémoire, c’est sur un NeXT que Tim Berners-Lee a créé le Web et que John Carmack a développé les jeux Doom et Quake.

Le temps des errances

À partir de 1993, Apple s’enfonce dans une terrible crise qui manquera de l’emporter. Alors que la marque lance les Power Macintosh, des machines équipées de processeurs RISC PowerPC développés en partenariat avec IBM et Motorola, Microsoft dévoile Windows 95, dont l’interface graphique s’apparente à celle du système Mac OS et qui rendra enfin accessible l’informatique au plus grand nombre. Parallèlement, Intel lance le processeur Pentium, beaucoup plus puissant que le PowerPC. Afin de préserver ses parts de marché, Apple rogne sur ses marges et autorise la commercialisation de clones à base de processeurs PowerPC et fonctionnant sous Mac OS. La société tente aussi de se diversifier, d’abord en lançant le PDA Newton, puis la console de jeu Pippin, mais sans succès. Quand Steve Jobs revient chez Apple en 1997, la firme est au bord du gouffre.

La renaissance

Lancé fin 1997, après le retour de Steve Jobs, le Power Macintosh G3, de couleur beige, connaît un énorme succès. Il s’en vend plus de 500 000 exemplaires en six mois. Mais c’est en mai 1998 qu’Apple dévoile l’iMac, un ordinateur tout-en-un (comme le premier Macintosh), vendu seulement 1 000 $ (1 500 euros en France) et destiné aussi bien à l’utilisateur averti qu’au néophyte. Propulsé par un processeur PowerPC G3, l’iMac intègre un lecteur de CD-Rom, mais – et c’est une nouveauté – pas de lecteur de disquettes. Autre surprise, l’iMac est le premier Macintosh à disposer de connecteurs USB. Le succès est colossal, tout comme l’est, en 1999, celui de l’iBook, le portable aux couleurs vives, surnommé la Palourde, destiné lui aussi au grand public. Plus anecdotique, l’iMac est le premier Macintosh à adopter le diminutif Mac. C’est également celui qui présente le nouveau logo d’Apple, qui abandonne définitivement les couleurs pour le monochrome. Mai 2001 marquera un tournant dans l’histoire d’Apple. La première version grand public de Mac OS X (Guépard) est commercialisée. Elle reprend de nombreuses bonnes idées de NeXTSTEP (le Dock, la navigation dans les dossiers, etc. ) et des briques standards comme son noyau Unix (BSD). Ce sont les fondations qui permettront à Apple de redevenir compétitif face à Windows.

Inimitable

Le retour de Steve Jobs marque un tournant dans la politique commerciale d’Apple. À partir de l’iMac, tous les ordinateurs Apple vont se distinguer par leur design novateur, audacieux ou époustouflant. Et parfois même au détriment de l’efficacité, comme le démontre le Power Mac G4 “ Cube ”, une magnifique machine silencieuse mais qui chauffait, en l’absence de ventilateurs. Processeur trop lent, mémoire limitée à 64 Mo. Surtout, son prix était excessif : 2 360 euros, sans écran. Le Cube disparut un an après son lancement. Tout aussi fugace en raison d’un manque flagrant de puissance, l’iMac G4 est sans doute l’un des plus beaux Macintosh jamais créé par Apple. Commercialisé de 2003 à 2004, il fut proposé en trois tailles d’écran LCD, 15, 17 et 20 pouces (38, 43, 51 cm env. de diagonale) accrochés à un bras articulé relié à l’unité centrale, d’une stupéfiante douceur de déplacement.

Le Mac Intel

La dernière révolution d’Apple a lieu le 10 janvier 2006 lorsque Steve Jobs présente les premiers iMac et MacBook Pro équipés du nouveau processeur Core Duo d’Intel. Le Macintosh devient un PC comme les autres… au moins d’un point de vue matériel. Il est même possible d’y installer Windows, en plus de Mac OS X.

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Philippe Fontaine