Face à des marchés boursiers soumis à la tyrannie des profits warning (alertes sur résultats), les investisseurs s’en remettent aux banques centrales. Le phénomène n’est pas nouveau. Pour relancer la machine économique, il faut abaisser le coût de l’argent. Une baisse des taux directeurs aurait un triple effet positif. D’abord, elle soulagerait les frais financiers des entreprises endettées qui peuvent, le cas échéant, renégocier leur dette. Ensuite, elle faciliterait le crédit, et donc l’investissement et la consommation. Enfin, elle inciterait les épargnants à investir sur le marché des actions plutôt que sur celui des obligations dont la rentabilité globale baisse systématiquement après une baisse des taux. Ces trois effets bénéfiques sont généralement anticipés par les marchés boursiers dès l’annonce d’une quelconque détente monétaire.
L’éternelle concurrence entre actions et obligations
Une étude de la société de Bourse Exane montre ainsi la corrélation mécanique entre l’assouplissement du loyer de l’argent et la tenue des marchés financiers : la baisse d’un point du taux de base entraînait à court terme une hausse de 8,8 % de l’indice Wilshire 5 000, le plus large indice de Wall Street. Cela, c’est la théorie. “Sur un plan concret : on observe qu’il faut quatre ou cinq baisses consécutives des taux pour observer un effet sensible sur les marchés. Nous y sommes presque”, constate un analyste.Historiquement, on constate que plus le rendement des taux d’intérêt à long terme (10 ou 30 ans) est bas, plus les actions se portent bien. Il y a une éternelle concurrence entre les placements en actions et les placements en obligations. Si les premiers sont les plus performants à moyen et long termes, les seconds offrent une relative sécurité. Quels que soient les aléas de la conjoncture, les investisseurs ont la garantie de percevoir un rendement annuel dont le taux (hors inflation) est fixé lors de l’émission et, à terme, de retrouver leur mise initiale.
Réaction instantanée des valeurs sensibles
Expérience in vivo. La première semaine d’avril, lorsque la Banque d’Angleterre baisse son taux directeur d’un quart de point, à 5,5 %, la réaction des valeurs technologiques et télécoms a été instantanée. Les groupes endettés ont enregistré les gains les plus sensibles : Colt Telecom a pris 3 %, Telewest Communications, câblo-opérateur présent dans l’accès internet et les services en téléphonie, a bondi de 11 %.” Ce sont avant tout les mastodontes les plus endettés qui en profiteront “, constate Nathalie Pelras, de la société de gestion Richelieu Finance. Et de citer une société comme Bull dont la dette a doublé de 146 à 302 millions d’euros en un an. Autres valeurs considérées comme sensibles aux variations monétaires, la quasi-totalité des opérateurs de télécoms historiques européens, qui ont lourdement investi dans la téléphonie du futur, au détriment de leur bilan.Par contagion, l’embellie pourrait toucher également les équipementiers, dont certains ont, depuis quelques mois, soulagé l’endettement de leurs clients opérateurs en prenant une part active aux développements de l’UMTS. Nokia, Alcatel et la cohorte de leurs propres sous-traitants devraient tirer parti d’une baisse des taux en Europe. Les autres valeurs de croissance ? “Elles ne profiteront que de l’embellie globale des marchés, mais elles resteront sous le joug des critères classiques de l’analyse financière, c’est-à-dire la rentabilité”, estime un professionnel. Même si, au cas par cas, on relève des valeurs pouvant bénéficier d’un allégement de leur dette. Neopost, Trader.com, Oberthur et Ipsos en font partie. Ces deux derniers titres n’affichent certes pas un endettement sur capitalisation spectaculaire mais, si l’on rapporte leur endettement à leurs fonds propres, ce ratio oscille entre 42 %, pour la société de marketing, à 100 % pour le concepteur de cartes à puces.Enfin, un autre type de valeurs TMT profitera par ricochet d’une baisse des taux d’intérêt : celles dont l’activité présente une exposition forte aux marchés anémiés de la zone euro. Ainsi des grandes SSII présentes en Allemagne ?” de Cap Gemini à Unilog ?”, marché qui devrait profiter à plein d’un dopant monétaire.
Sélection de 10 valeurs TMT endettées | ||||||||
Valeurs | Dette financière (en millions d’euros) | Ratio endettement / capitalisation | Cours au 05/04/01 (en euros) | Variation depuis le 01/01/01 | ||||
France Telecom | 61000 | 73% | 71,8 | -18% | ||||
Telefonica | 24000 | 39% | 18,4 | 6% | ||||
Alcatel | 4650 | 12% | 32,4 | -44% | ||||
Bull | 301 | 65% | 2,73 | -41% | ||||
Neopost | 299 | 40% | 25 | 2% | ||||
Trader.com | 200 | 75% | 6,6 | -2,2% | ||||
GFI Informatique | 97 | 10% | 25 | 1,3% | ||||
Oberthur Card Systems | 50 | 6,4% | 10,5 | -39% | ||||
Ipsos | 30 | 6,2% | 78 | -32% | ||||
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