Passer au contenu

Ces start-up qui ouvrent la voie aux grands labos

Entre les géants pharmaceutiques et la noria de petites sociétés de biotechnologies, la complémentarité joue à plein. Avec un objectif prioritaire : réduire le temps de fabrication d’un médicament pour l’amortir au plus vite.

Chaussé de lunettes 3D, le visiteur s’immerge dans l’univers de l’infiniment petit. Sous ses yeux, une molécule complexe prend forme et traverse une membrane pour atteindre le c?”ur de sa cible, une cellule. Comme une clé entre dans une serrure… Quelques manipulations sur le clavier, et le visiteur est plongé au c?”ur de cette protéine. Fascinant. La technologie mise en ?”uvre dans ce laboratoire de recherche montpelliérain de Sanofi Synthelabo va au-delà de la visualisation de molécules : elle touche au design. Car comprendre la structure de la protéine cible permet aussi, et peut-être surtout, de dessiner la molécule idéale. Il n’empêche. Les conjectures des chimistes doivent être encore testées in vitro. Et sur les 1 000 salariés du centre, beaucoup portent encore la blouse blanche.Reste que “la maîtrise de la bio-informatique est vitale pour les laboratoires”, assure Bruno Lacroix, responsable bio-informatique de Bio Mérieux-Pierre Fabre. Elle permet notamment d’accélérer certains cycles de la conception du médicament. “Même si, finalement, la durée totale ne diminue pas vraiment, car les exigences augmentent considérablement”, nuance Jean-François Thiercelin, directeur scientifique du centre de recherche de Montpellier de Sanofi Synthelabo. L’avantage réside dans une sélection affinée des molécules à tester pour mettre sur le marché des médicaments mieux adaptés à chaque catégorie de malade. “Grâce aux biotechs, nous avons fabriqué des protéines cibles sur lesquelles nous testons toutes les molécules que nous avons en stock pour voir lesquelles ont des chances de provoquer des réactions”, explique Jean-François Thiercelin.

Les géants font leur marché

L’enjeu est énorme pour les acteurs de cette industrie : “Le médicament le plus vendu dans le monde réalise un chiffre d’affaires annuel de 7,7 milliards d’euros”, précise Bernard Pau, directeur de l’institut de biotechnologie pharmaceutique et médicale de l’université de Montpellier. Pour des profits qui, selon lui, sont rarement inférieurs à 50 %. Toutes les technologies de pointe sont donc scrutées à la loupe par les industriels. “Peu de grandes firmes pharmaceutiques ont des laboratoires de génomique”, constate ainsi Bruno Lacroix. Mais les petites sociétés de biotechnologie possèdent, elles, les structures ad hoc. Pour autant, et contrairement aux grandes, elles ont rarement les épaules assez larges pour supporter les différentes phases de tests nécessaires à la mise sur le marché d’un produit. Là, se trouvent les complémentarités entre les deux mondes. Ainsi, Innodia, créée par le laboratoire de Bernard Pau et spécialisé dans les nouvelles voies thérapeutiques de traitement du diabète, compte bien revendre clé-en-main à un géant ses découvertes au moment de la phase de tests sur les animaux. “Il est intéressant de voir l’évolution des rapports entre ces deux acteurs”, observe Joël de Rosnay, de la Cité des Sciences et de l’Industrie. En effet, les grands labos ont commencé par investir dans le capital de petites sociétés dans un but capitalistique. Mais après avoir évalué leur intérêt technologique, ils les ont entraînées dans leurs grands mouvements de fusion, n’hésitant pas à les avaler à loccasion. Désormais, la tendance est plutôt à la collaboration industrielle, aux “échanges de savoir”, note Jean-François Thiercelin. Car, “si on fait notre marché parmi les petites biotechs, elles ne font pas pour autant la cuisine.” Chacun sa place…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Gilles Musi et Agathe Remoué