Envoyer une photo du Golden Gate à ses amis, écouter le dernier tube de Robbie Williams ou recevoir son courrier électronique… les fonctionnalités du téléphone portable de demain iront bien au-delà de la voix. Mais en l’état actuel des technologies, ces promesses risquent de rester vaines en raison de leur voracité en énergie électrique. Les systèmes actuels nécessitent de fastidieuses opérations de recharge, qu’il s’agisse des piles Ni-Cd (Nickel Cadmium), Ni-MH (Nickel Métal Hydrure), lithium-ion ou encore lithium-polymère. “Le Ni-Cd est obsolète, le Ni-Mh sur le déclin. Ce sont les technologies au lithium qui vont le plus progresser”, pronostique Christophe Pillot, de la société d’analyse française Avicenne Développement. Le lithium-ion a ainsi conquis la moitié du marché des batteries rechargeables pour mobiles l’année dernière (40 % en 2000). Et sa part devrait doubler d’ici à 2006, date à laquelle “les limites de la technologie seront atteintes”, précise Christophe Pillot. Dès lors, il faudra rechercher de nouveaux matériaux ou des approches inédites. Et les grands groupes se penchent très sérieusement sur la question, au regard de l’évolution du marché. Depuis une décennie, il progresse chaque année de 15 % en moyenne, avec toutefois une mauvaise passe en 2001, où il est tombé de 5,5 à 4,5 milliards de dollars (6,1 à 5 milliards d’euros).
Un carburant déjà convoité
Le salon des batteries, organisé à Paris par l’Icad (Institut des cadres dirigeants) la semaine passée, présentait une des pistes les plus prometteuses : la pile à combustible. Plus connue pour l’espoir qu’elle suscite dans l’industrie automobile, pour alimenter les moteurs de véhicules électriques, elle était jusqu’alors difficile à imaginer en format de poche. Et pourtant ! “Il faut rêver !”, proclame Sothun Hing, directeur batteries et management de l’énergie chez Cellon, développeur chinois de plateformes technologiques pour téléphones portables. “Peut-être que nous faisons fausse route, mais nous ne pouvons pas nous permettre de renouveler l’erreur de la dernière décennie”, explique le jeune homme. Souvenir cuisant, en effet. L’Europe n’a pas cru aux technologies lithium. Les Japonais, si. “Résultat : nous leur commandons l’intégralité de nos piles”, déplore Sothun Hing. L’année passée, Sanyo a ainsi fourni à lui seul la moitié des batteries équipant les mobiles. Le fournisseur nippon détient 55 % du marché des piles Ni-MH et se partage, avec son compatriote Matsushita, 64 % du marché des Ni-Cd. Ce dernier est moins présent sur les technologies au lithium, un segment plus explosé. Et quand les parts de marché des Japonais flanchent un peu, c’est au profit des Coréens et des Chinois.Grandes entreprisses et jeunes pousses se penchent sur la question, comme les Américains Motorola ou Energy Related Devices, ou encore le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dans l’Hexagone. “C’est un bon signe. La technologie ne devrait pas être remisée au fond d’un placard : les recherches se font dans l’industrie et non dans les laboratoires des universités”, se réjouit Christophe Pillot. Côté technologie, de part et d’autre de l’Atlantique, les chercheurs semblent à peu près au même point. Et leurs collègues asiatiques ? “Difficile de le savoir : ils restent très discrets puis, soudain, on les voit mettre des produits sur le marché”, note Sothun Sing. Déjà, Sanyo et Samsung ont annoncé, en début d’année, une alliance autour des systèmes de piles à combustible.
Fabriquer plutôt que stocker
Leur avantage technologique ? Au lieu de stocker l’énergie comme les batteries habituelles, la pile à combustible produit de l’électricité à partir de molécules d’hydrogène. Une opération de catalyse permet de combiner ces éléments chimiques avec de l’oxygène pour produire de l’énergie. Concrètement, cela se traduit par une performance bien supérieure. Ainsi, la pile pour ordinateurs portables mise au point par Casio est deux fois moins lourde et offre une autonomie quatre fois supérieure aux solutions actuelles. “En théorie, on pourrait en retirer cinq à dix fois plus d’énergie qu’à partir des technologies au lithium”, promet Guy Ducroux, PDG d’Hélion. Cette filiale de Technicatome est la première société à avoir produit un prototype de pile à combustible entièrement français pour le transport ou les applications industrielles. Et “miniaturiser toutes ces technologies n’est pas une chose aisée”, rappelle Guy Ducroux. Pour y parvenir, la jeune pousse américaine Energy Related Devices s’efforce de développer des techniques proches de celles utilisées pour la fabrication des semi-conducteurs.Au final, si les pistes diffèrent, tous les spécialistes s’accordent sur un point : pas de batterie miracle dans les portables avant 4 à 5 ans. Au mieux.
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