Il n’est même pas sorti, mais fait déjà pas mal parler de lui. Arc est un navigateur Web développé par une jeune start-up baptisée « The Browser Company » qui a pour ambition -un peu dingue- de vous faire switcher d’outil pour surfer. C’est en effet un pari très osé, tant Chrome écrase une concurrence déjà riche, que ce soit sur desktop ou mobile. Selon les derniers chiffres publiés par Statcounter, le navigateur de Google détenait en avril presque 67 % de parts de marché sur ordinateur, et 64 % sur smartphone… Ne laissant que des miettes, ou presque, à chacun de ses concurrents.
The Browser Company peut-elle réussir alors que tant d’autres (Brave, Vivaldi, Edge et tant d’autres) apparus après Chrome, ont jusqu’à présent échoué à percer ? L’entreprise y croit dur comme fer et à quelques arguments à faire valoir. Elle semble profiter d’une équipe solide, composée d’anciens ingénieurs et designers d’Amazon, Tesla, Snap ou… de Google Chrome. Et comme le rappelle Bloomberg dans un long article consacré à Arc, elle a levé 25 millions de dollars pour mener à bien son projet.
Un « OS pour le Web » ?
Arc, actuellement au stade de la bêta privée, troque ainsi la bonne vieille barre d’adresse et les onglets situés au-dessus pour un menu situé à gauche. Il propose, pêle-mêle, de créer des « espaces de navigation » réunissant vos sites préférés en fonction de vos centres d’intérêt, sans forcément présenter l’intégralité de leur URL. Il met également en avant vos applis web préférées (Gmail, Spotify, votre agenda…) afin d’éviter de multiplier les onglets ouverts et d’y accéder plus vite. Il offre aussi un outil de recherche intégré pour trouver plus rapidement un contenu. Il est également muni par défaut d’un bloqueur de publicités. Autant d’idées ergonomiques qui en feraient un « système d’exploitation pour le Web », selon les propos du fondateur de la Browser Company, Josh Miller, rapportés par Bloomberg.
Mais toutes ces idées, on les a aussi déjà croisées dans bon nombre de navigateurs précédents. Edge, par exemple, propose des onglets verticaux. Vivaldi est tellement « customisable » qu’il est possible de paramétrer son interface à sa guise. Et d’autres navigateurs exotiques, comme Stack, offrent déjà une interface radicalement revue pour accélérer vos séances de surf. Enfin, Chrome OS n’est-il-pas déjà un « OS pour le web » ? Arc semble plutôt jouer la carte du design et de « l’expérience utilisateur » … mais sera-ce suffisant ?
it's called Arc pic.twitter.com/1dl2H2Ca4e
— The Browser Company (@browsercompany) April 19, 2022
SigmaOS, un Safari survitaminé
The Browser Company n’est en tout cas pas la seule entreprise à vouloir « réinventer » le navigateur. Lancé l’année dernière, SigmaOS -qui utilise le moteur Webkit de Safari et n’est disponible que sur Mac- propose aussi une interface modernisée et des fonctions plus ou moins inédites : classement de vos onglets par « groupes de travail », possibilité de mettre des pages en « veille », navigation par raccourcis clavier… et même une fonction d’écran partagé pour faire rapidement apparaître un flux Twitter ou une playlist Apple Music. Il y a quelques jours, les créateurs de SigmaOS ont par ailleurs dévoilé « Lazy Search », une recherche universelle inspirée de Spotlight, qui permet depuis une simple boîte de dialogue d’aller fouiller sur le Web, mais aussi dans son historique, ses marque-pages…
SigmaOS ne compte qu’un faible nombre d’utilisateurs, mais s’est constitué au fil des mois une petite fanbase qui n’a de cesse de vanter ses mérites sur les réseaux sociaux. Ses concepteurs ont bien besoin de cette pub gratuite. Car tout comme Arc, SigmaOS a une autre particularité, inédite dans le petit monde des navigateurs : il est payant ! Si une version gratuite existe bel et bien, elle est limitée du point de vue des fonctionnalités, et un abonnement mensuel, pas donné (8 dollars par mois) est nécessaire pour profiter de l’expérience complète (synchronisation entre appareils, blocage des publicités…) Un sérieux frein à son adoption, sans doute… Comme l’absence de version mobile, pourtant indispensable à l’heure où le smartphone est bien souvent notre ordinateur principal. Chrome a sans doute encore de beaux jours devant lui.
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Source : Bloomberg