Depuis plusieurs mois sont apparues des sociétés comme Band-X, Enron Broadband Services, Global TelXchange et Trading.com, spécialisées dans l’échange de bande passante. Elles n’ont pas encore bouleversé les modèles économiques traditionnels, caractérisés par des contrats bilatéraux extrêmement rigides et par l’absence de transparence sur les tarifs. Mais d’ici trois ans, ce sera chose faite, si l’on croit une enquête réalisée par Arthur Andersen auprès de 35 sociétés européennes de télécommunications.
94 % des responsables interrogés sont ainsi convaincus qu’un véritable trading de bande passante se mettra en place d’ici là. 85 % d’entre eux ont marqué leur intention de participer à de tels échanges au cours des douze prochains mois, notamment pour les produits fibre optique et les liaisons Internet. Déjà 75 % reconnaissent avoir entamé des démarches préparatoires : réorganisation, développement de compétences, recrutements…
Il s’en suivra une baisse des tarifs, selon 95 % des personnes interrogées, la moitié estimant que celle-ci sera supérieure ou égale à 40 % par an. Cette baisse représente une menace pour les opérateurs, car, à volume de vente constant, elle aura pour conséquence de diminuer leurs revenus. Mais d’un autre côté, ces opérateurs y trouveront le moyen de mieux optimiser l’utilisation de leurs infrastructures. Ils pourront diminuer leurs risques grâce aux produits financiers (achats et ventes à terme, produits dérivés…). Quant aux ISP et autres acheteurs de capacités, ils se frottent les mains : ils sont sûrs de pouvoir réduire leurs coûts.
Le trading aura également pour effet de rendre le marché plus liquide. Les durées des contrats se réduiront et les clients deviendront très volatils. Pour la moitié des sociétés interrogées, le fait d’être propriétaire d’un réseau télécom ne sera pas un avantage essentiel pour participer à ce marché, estimé entre 200 et 1 000 milliards de dollars. Des sociétés issues de la filière énergie, comme Enron, Williams, Aquila et El Paso, pourraient également y prendre part, sans pour autant être ressenties comme une menace réelle par les opérateurs télécoms conventionnels.
La bande passante en tout cas, ajoute Arthur Andersen, se prête parfaitement au trading électronique. Du point de vue financier, elle est assimilable à une matière première. Elle constitue un produit générique : un lien 155 Mbit/s détenu par un opérateur A est ainsi techniquement équivalent à celui détenu par un opérateur B. C’est un produit, qu’il est possible de spécifier avec précision (un circuit Paris-Londres ou New York-Berlin, par exemple). Il est aussi quantifiable par des unités universellement admises, des DS-1 (1,54 Mbit/s) aux OC-192 (10 Gbit/s). On peut en mesurer la qualité à partir de critères objectifs. Il peut être fourni à partir d’une date précise pour une durée donnée…
Dans un premier temps, il semble cependant nécessaire à la société de conseil de créer des produits qui puissent être facilement échangés, comme par exemple des contrats d’échange de capacité entre deux villes, et que soient définies des normes communes de qualité de services.
Dans un second temps, comme pour les autres marchés, les produits se complexifieront. Le développement d’un marché spot devrait ainsi aboutir à la création d’indices et d’un marché de produits dérivés, tels que les Options, les Futures, les Forwards, les Produits exotiques ou même les Swaps (www.accenture.com).
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