Dorénavant, les disques CD-R originaires de Taïwan seront lourdement taxés (de 17,7 % à 38,5 %) avant leur vente sur le sol communautaire. Cette décision fait suite à une enquête de la Commission des Communautés européennes et vise à enrayer le dumping pratiqué par les fabricants taïwanais sur le Vieux Continent.Aujourd’hui, environ 6 milliards de CD-R sont produits chaque année dans le monde, l’Europe absorbant environ un tiers de cette production. Les fabricants taïwanais captent à eux seuls environ 70 % de ce marché. Les trois plus gros producteurs de CD-R sont d’ailleurs tous taïwanais : Ritek, CMC et Prodisc.Soupçonneux à l’égard des pratiques commerciales de leurs concurrents asiatiques, les industriels européens ?” regroupés au sein de l’association CECMA (Comité des fabricants européens de CD-R) ?” engagent en 2000 une procédure antidumping auprès du Conseil de l’Union européenne.” Dans leur volonté d’acheter des parts de marché, les fabricants taïwanais ont pratiqué le dumping. Leur concurrence était déloyale : certains d’entre eux ne payaient pas les royalties dues à Philips [l’inventeur du CD-R, NDLR], par exemple “, explique Jérôme Keller, directeur marketing et commercial de MPO Media, fabricant français de CD-R et membre de l’association CECMA.
Une procédure antidumping contre les fabricants asiatiques
La Commission a conclu en effet que les fabricants taiwanais pratiquaient le dumping sur ces produits. Sur l’année 2000, les CD-R en provenance de Taïwan s’avèrent en moyenne 29 % moins cher que ceux produits en Europe. Grâce à cela, la part de marché des fabricants taïwanais en Europe est passée de 6,3 % à 60,1 %, entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2001.Une progression qui s’est, bien sûr, faite au dépens des fabricants européens, qui ont perdu des parts de marché et parfois fermé des usines de production.” Le fabricant français MediaDisc a fermé une usine Kodak en Irlande et une autre en Espagne… En 2001, nous avons dû restructurer l’entreprise et licencier 60 % du personnel pour faire face à la baisse des prix, alors qu’entre 1997 et 2001, le marché des CD-R était en pleine croissance “, observe Jérôme Keller.
Une guerre commerciale sans fin
Les taxes antidumping, annoncées par le Conseil européen et valables pour une durée de cinq ans, devraient donc mettre un terme à la concurrence déloyale des fabricants taïwanais. Pour autant, les fabricants européens ont le triomphe modeste : “Nous venons d’engager une nouvelle procédure antidumping contre un fabricant de CD-R indien. Nous observons de près ce qui se passe en Chine, aussi. Le problème se déplace, mais ne disparaît pas”, analyse Jérôme Keller.Malgré ces taxes, les prix des CD-R ne devraient pas augmenter chez les commerçants. Anticipant la décision de l’Union européenne, les fabricants taïwanais ont installé des usines sur le sol européen afin d’éviter de payer les taxes.” Maintenant, ils devront faire face à une structure de coûts similaire à la nôtre. La concurrence ne se fera plus sur le prix, mais sur les services “, conclut Jérôme Keller.
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